Pourquoi je veux être un forgeron en 2018 ? #Mondochallenge
Dans trois jours, l’année 2017 se clôturera. Alors, il est grand temps de faire le bilan. Pour faciliter la lecture, je vais aborder les grandes lignes sous trois gros plans : académique, personnel et professionnel. Qu’ai-je mis en place cette année ? De quoi suis-je fier ? Qu’ai-je encore à travailler ? Cet article me permet de le faire « freestyle ». Il est produit dans le cadre du #MondoChallenge #Bonjour2018. Sa rédaction m’a permis d’écrire à voix haute et d’effectuer un retour réflexif sur mon parcours académique, celui professionnel viendra dans le prochain billet. J’espère qu’il vous incitera vous aussi à faire un point sur cette année écoulée. J’espère qu’après lecture, vous saurez pourquoi je désire être un forgeron en 2018.
Bonne lecture !
Brèves Rétrospectives sur l’année académique 2017
En Janvier 2017, j’entamais la deuxième mi-temps de mon master à l’Université Senghor d’Alexandrie. Une mi-temps plus serrée, intense comparée à la première année. En effet, je devais me concentrer sur la rédaction de mon mémoire sur la littérature d’enfance et de jeunesse camerounaise. Après plusieurs mois d’inspiration et de transpiration dans la rédaction, mon bébé est finalement né par Césarienne (les senghoriens du département Culture me comprennent… 😊). Il a obtenu son acte de naissance le 11 avril 2017, date de ma soutenance. La frustration de cet exercice a laissé place à une onde éphémère de satisfaction lorsque j’ai reçu la distinction symbolique de Major de la Spécialité Gestion des industries Culturelles.
En parallèle, j’ai également suivi un Master en Ingénierie Pédagogique Multimédia de l’Université de Lille afin d’être capable de contribuer à la conception des MOOCs, à la production des contenus pédagogiques multimédias et à la démocratisation de l’éducation à distance en Afrique et au Cameroun. Au cours de cette année, j’ai achevé 41 Cours Certifiés à distance dans les domaines de l’économie, innovation, management, marketing, entrepreneuriat, sciences politiques… Ce qui me classe officiellement comme le Mooqueur le plus certifié en Afrique francophone.
De 2010 à Juillet 2017, j’ai travaillé grâce à cette passion effrénée pour toute forme de connaissance. Curieux, je m’intéressais à tout, essayant de dévorer tout livre qui me tombait sous la main. Avide de savoir, je me suis engouffré avec frénésie dans le suivi des MOOCs, car cette nouvelle forme de diffusion du savoir me permettait d’apprendre sur n’importe quel sujet. Pour moi, il n’y avait rien de plus important que d’avoir une solide culture générale, de ne point me sentir « perdu » dans une conversation lorsqu’on aborde un sujet nouveau. Cette culture générale, je l’ai exposée, parfois avec fierté, lors des joutes verbales et compétitions d’art oratoires auxquelles j’ai participé.
L’art oratoire pour moi est une nàá ɓùà (figure de la femme inatteignable dans les contes Gbaya en Centrafrique), cette femme séduisante mais inaccessible avec laquelle l’on flirte à volonté mais sans jamais parvenir à la conquérir. En effet, bien que les débats oratoires soient une tribune d’expression et d’éloquence, on y est toujours confronté à la divergence d’opinions, au choc des idées contradictoires. Et c’est en cela qu’elle devient inatteignable au sens fellinien de l’expression.
Au cours de cette démarche itinérante sur les sentiers de la connaissance, j’ai compris de nombreuses choses en 2017.
1) On peut apprendre sur tout mais on n’apprendra jamais tout.
J’ai appris que l’apprentissage est une (dé) marche qui dure toute une vie. On aura beau lire tous les livres qui nous passe sous la main, on ne pourra jamais tout lire. Suivre tous les MOOCs du monde ne fera jamais de moi un Einstein. Posséder de nombreux certificats et diplômes ne fera jamais de vous un savant. J’ai compris que la certification ou le diplôme ne sont que de simples papiers délivrés pour attester l’acquisition d’une connaissance ou d’une compétence. Mais que seule votre attitude et votre résilience font la différence. La preuve, le fait d’être diplômé en Agronomie ne fait pas de vous un bon agriculteur. J’ai un diplôme en Ingénierie Culturelle mais mon gagne-pain provient de la communication digitale…
2) Apprendre c’est bien mais apprendre à apprendre c’est encore mieux.
Peut-on apprendre si on ne sait pas comment apprendre ?
Apprendre est l’une des dynamiques les plus essentielles de la vie. On apprend tous les jours de manière consciente ou non. Nos actions d’aujourd’hui sont façonnées et modelées par ce qu’on a appris hier. Tout le monde, veut apprendre mais très peu savent apprendre. Oui ! C’est peut-être surprenant pour certains, mais on peut et doit apprendre à apprendre. Parce qu’apprendre ne s’arrête pas aux portes de l’école, du lycée ou de l’Université. Avec l’omniprésence du numérique dans nos pratiques quotidiennes, le temps disponible pour se concentrer volontairement et apprendre devient de plus en plus rare. Entre les obligations professionnelles, personnelles ou académiques, se « poser » pour apprendre devient un exploit que très peu parviennent à réaliser. Mais, savoir apprendre est essentiel pour comprendre. Ce fut d’ailleurs l’un des objectifs de mon centre de formation APC- « Apprendre pour Comprendre » à l’Université de Dschang. Mais là n’est point l’objet de ce billet ! Poursuivons…
Apprendre à apprendre c’est apprendre avec méthode, car aujourd’hui nous vivons à l’ère de la société de la connaissance, avec ses exigences d’autonomie et de réflexivité. Si la capacité à apprendre est innée, le « savoir apprendre » est une compétence complexe qui nécessite d’acquérir une méthodologie d’apprentissage, et d’accepter de modifier ses représentations sur l’apprentissage, et parfois même ses représentations de soi. Tout apprentissage est une transformation profonde, aussi faut-il changer pour apprendre – d’ailleurs, on change en apprenant.
Au cours de l’année 2017, j’ai donc appris à apprendre et je puis vous assurer que c’est génial. J’ai d’abord suivi un MOOC « Apprendre et Faire Apprendre » de l’Université de Mons consacré aux modèles d’apprentissage et d’enseignement. Puis j’ai complété avec mes cours en ingénierie pédagogique et la lecture de cet article sur comment apprendre à apprendre ? Enfin, je vous recommande vivement cette recherche d’une universitaire américain et TED Fellow John Kaufman dont les résultats indiquent qu’il possible pour tout individu d’acquérir n’importe quelle compétence seulement après 20 heures d’apprentissage et de pratique bien structurée.
Ma 1ère résolution 2018 : Acquérir les compétences avant les connaissances.
Au regard des deux précédentes et principales leçons tirées de ma brève expérience académique en 2017, j’ai pris une nouvelle résolution pour 2018 : prioriser les compétences sur les connaissances. En effet, nous savons tous que les compétences priment sur les connaissances. De nombreux adages consacrent cette primauté : « c’est en forgeant qu’on devient forgeron », « c’est au pied du mur qu’on reconnait le maçon », « les œuvres sont plus éloquentes qu’un discours »…
Bien que nous le sachions, nous continuons à suivre le sentier de la connaissance plutôt que celui des compétences. Les raisons sont multiples : l’approche basée sur les compétences, bien qu’adoptée officiellement par le système éducatif camerounais, n’est pas véritablement mise en œuvre sur le terrain. La majorité des enseignants ont toujours une approche verticale de l’apprentissage où ils dispensent ou abreuvent l’étudiant en connaissance. Alors que nous sommes désormais dans une co-construction des savoirs avec une approche horizontale de l’apprentissage.
Une autre raison, est liée au financement d’une formation axée sur l’acquisition des compétences. Les parents se plaignent parfois du coût d’une formation professionnelle comparée à celle universitaire. Mais ce qu’ils ignorent, c’est que le prix du chômage est parfois plus lourd. On retrouve ainsi une masse critique de la jeunesse qui se retrouve avec des diplômes de Master ou parfois même Doctorat mais sont incapables de rédiger un bon CV ou une bonne Lettre de Motivation, compétences préalables pour la recherche d’un emploi…
Quand vous comprenez ainsi que vous avez passé plus de la moitié de votre vie à n’acquérir que des savoirs théoriques qui n’ont presqu’aucune valeur sur le marché de l’emploi, vous ne pouvez qu’être frustré et désillusionné. Petit à petit, vous comprenez que votre diplôme de Licence, Master ou Doctorat ne vous achètera jamais une voiture, ne vous accorde qu’une gratification sociale symbolique et parfois personnelle. Mais que seules vos œuvres, expression d’une compétence, vous permettent de laisser une trace dans votre vie. Parce que l’essence même de notre existence c’est de laisser des traces.
Parfois, on se dit « si j’avais su… » ! On aurait presque envie de tout recommencer ! De tout reprendre à zéro ! De réécrire son histoire et de prendre le bon chemin ! Mais si ce retour sur soi est important, il ne doit jamais se faire avec regret car toute expérience est enrichissante et permet de mieux bâtir le futur. Ce futur immédiat que je peins en 2018, je viens de vous en présenter un pan, celui de l’acquisition des compétences. C’est vrai que j’ai annoncé en amont que je présenterai non seulement mon bilan académique mais aussi professionnel et personnel, mais je n’ai plus respecté ce plan. En écriture, de même que dans la création artistique, la raison propose mais l’imagination dispose.
N’hésite pas également à partager, en commentaire, l’expérience académique acquise au cours de l’année 2017 ! Nous sommes tous des apprenants !
Commentaires