La jeunesse africaine serait-elle masochiste ?
« If you chercham, you trouvam. You trouvam and you supportam« . Lapiro de Mbanga. Artiste Musicien Camerounais
Le masochisme est la recherche du plaisir dans la douleur. De même l’Africain recherche l’Ailleurs (plaisir) dans la douleur. Cette douleur peut être psychologique ou physique. Elle est psychologique à travers les récits (mensonges) que les anciens bengistes nous déversent quand nous vivons paisiblement au Mboa (pays). Ils nous font ainsi fantasmer, rever et envier leur vie alors qu’en réalité, ils ne « voient pas clair » et jouent chaque jour au « Toméjerrysme ». On se met ainsi à voyager sans décoller, imaginant le jour où nous aussi on pourra mener cette vie de luxe faite de cigares, champagnes et caviar comme la Jet7.
La deuxième douleur masochiste est physique : celle-ci survient quand nous avons laissé le mythe nous emporter et nous transporter. On se met dès lors à la quête des moyens nécessaires pour réaliser notre rêve. On commence alors par gratter de tous les cotés, à épargner pour le fatidique jour de départ. La douleur physique là nous touche vraiment quand débute le voyage. Vous savez que le froid n’a pas de sentiment (nor), ne gère pas les émotions, il te met à l’aise quand tu le testes. Sans oublier les « marchands de la mort », moi je les appelle les démarcheurs puisque c’est eux qui jouent dix pour que tu puisses réaliser ton souhait : fouler le sol de Mbeng. Et comme tout bon démarcheur, il y’a les frais de démarche et de marche qui se paient avant le service. On se connait entre africain et nous connaissons tous très bien l’adage : « payez avant d’être servi » qu’on affiche dans tous les bars et lieu de vente au pays. Car après le service… Oh oh !!! Man don know !!! Prévenir vaut mieux que guérir…
Vous savez aussi que quand tu paies ton dix, cela ne constitue pas pour autant une garantie de la réussite de ton « dossier ». De même, il ne faut pas t’attendre à ce que ton démarcheur réussisse à te faire parvenir à destination ! Il peut njoum dans les cissongos (disparaitre) sans laisser de trace (comme Bimbip!) tout comme il peut t’envoyer au champ en te mettant dans un bateau de fortune où la plupart du temps lui-même n’entre pas. Si tu arrives bien à destination c’est bien ! Sinon tant pis ! Chacun gère son couloir !!!
L’Afrique a la peste?
Il y’a des gens ici dehors qui ternissent l’image de notre continent l’Afrique. Wèh Afrika ! Tu as la peste ou la lèpre avant que tes enfants te fuient comme ça ! Certains ont tellement honte de toi qu’en voulant s’éloigner de toi, ils réalisent des exploits inhumains. Certains réussissent à rentrer sous des trains d’avions. D’autres, plus cruels demandent gentiment à leur enfant de se contorsionner pour s’imbriquer dans une mini-valise de voyage ! Et dire qu’avec tout cette gymnastique, nous n’arrivons pas à faire de même aux J.O. Mais le médaillé d’or de ces contorsionnistes et mon préféré est cet africain (dont je préfère taire la nationalité) qui a été surpris sous un pare-choc à la frontière italienne alors qu’il tentait de rejoindre … l’Europe! Incroyable mais vrai, les gars sont forts ici dehors ! Les ivoiriens mokobéiserai cela en disant : Yes papa, jeu de jambes ça c’est Kdo » Heureusement que le type est un né avant la honte comme la Mama Gabonnaise Patience Dabany les désignent affectueusement.
Dans tous les cas, continuons avec les chanceux qui sont parvenus à bon port. Maasaah c’est la galère que tu veux voir !!! Les gars misèrent comme des hères, errent comme des vers MAIS persévèrent comme des lièvres. Ma soeur, mon frère, quand tu n’as pas ta personne là-bas, tu vas souffrir jusqu’à tu vas dire « si je savais ». Mais on sait bien qu’on ne conjugue le verbe à l’imparfait que parce qu’on n’a pas été parfait au présent.C’est ainsi que l’on y retrouve des femmes mariées et respectables dans leur pays qui arrive là bas et deviennent nothing, zéro. Celle qui est zéro au pays est même mieux qu’elle. Elles s’inscrivent ainsi dans: De l’Excellence à la médiocrité … Faute de logement, tu vas en voir caler dans les cabines téléphoniques en faisant semblant d’appeler alors qu’elle veut seulement en profiter pour y passer la nuit. Certaines vont jusqu’à « sortir » njoh avec des hommes simplement parce qu’elle est fatiguée de squatter la rue sous le froid le soir et veulent rester dans une demeure. Et comme les hommes n’ont pas de sentiment là, les gars vont chauffer les betises là jusqu’aah se fatiguer. Et après quand après deux ou trois mois, ils sont lassés, ils te jettent comme une vulgaire éponge ! En tout cas, c’est le lait qu’il te donne ! c’est pas lui qui t’avait envoyé ! Lapiro de Mbanga disait « You chercham you trouvam, you trouvame you suportame ». Autrement dit, qui cherches trouve.
D’autres femmes par contre sont moins chanceuses. Surtout les « eyenga » qui rêvaient de trouver leur « blanc ». Elles confirment seulement le code parce que non seulement leur rêve est déchu mais devient un cauchemar puisqu’elles sont parfois forcées à avoir des relations sexuelles filmées avec des animaux (cheval, chiens, serpents…) à longueur de journée. Quelle tragédie ! Celles qui tombent sur des proxénètes deviennent des prostituées ou des machines sexuelles au profit de leur bourreau qui au préalable leur confisque toute pièce d’identités. Retenues prisonnières elles sont contraintes aux pires scénarios….
Des hommes qui jouissaient d’une position sociale respectable dans leur pays, se retrouvent balayeur de rue, hommes de main ou des gardiens d’immeubles, des gigolos qui n’espèrent la fortune qu’à travers la mort précoce de leur compagne, qui font des mariages à durée déterminée car leur seul véritable intérêt dans tout ça, c’est davantage l’obtention de la carte de séjour ou de la nationalité française pour les élus qui y réussiraient à avoir des progénitures. L’avenir de ces derniers est fortement compromis dans ces sociétés où la différence est perçue comme une menace..
Au quotidien, ces « immigrés » (je préfère expatriés) sont humiliés, insultés et rabaissés au banc de la société. Si au début ils font preuves d’une rhétorique oratoire pour clamer leur droit ou rappeler leur rôle historique dans la construction du pays, celle ci rencontre le silence éloquent des Autorités. Passivement et silencieusement, ils subissent leur sort, se laissant ronger par la mélancolie du bercail, envisageant parfois un retour au pays Natal, où Celles qui attendent se larmoient et s’abstinent pour leur éventuel retour. Ce retour est sévèrement conditionné et contusionné par le R-E-G-A-R-D.
Eh oui ! Malgré les situations insupportables que nos frères et sœurs vivent à l’étranger, ils s’y résignent car ils ne veulent point affronter le regard de leurs familles restées en Afrique et qui continuent à déifier l’enfant prodige qui évolue en Europe. Ce dernier devient l’espoir de toute une famille et parfois de toute une communauté comme c’est le plus souvent le cas au Mali. C’est cette crainte de la déchéance n’est qu’une des raisons qui les encourage à rester souffrir et à se plaire dans la douleur: d’où leur caractère masochiste. Quoi qu’il en soit: You chercham, you trouvam. You trouvam, you supportam »
Plus on demande aux jeunes de rester plus ils ressentent le besoin de partir. Plus on interdit plus ils s’aventurent ! Plus il y’a des sanctions autant il y’a d’infractions ! Mes frères et sœurs sont tous conscients de cette réalité, des différentes difficultés de la vie à l’Etranger. Mais comme ce sont des masochistes, ils continuent à se bousculer pour aller souffrir la-bas alors que l’Afrique a besoin de nous pour se relever et revendiquer sa place dans le concert de la mondialisation.
Mais je pense que cet attrait pour l’Ailleurs qui se traduit par une attitude masochiste a des racines dans les mentalités africaines qu’il faut déconstruire et reconstruire. L’Education est l’arme fatale pour limiter les flux migratoires mais pour qu’elle puisse être efficace et efficiente, elle doit au préalable être repensée.
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