Christian ELONGUE

Quelle est la place de l’intelligence émotionnelle pour un leader ?

Saviez-vous que l’intelligence émotionnelle prédit mieux la réussite professionnelle que d’autres facteurs comme les compétences techniques, l’éducation ou l’origine sociale ? Différente des qualités intellectuelles et des compétences techniques, l’intelligence émotionnelle désigne la capacité à analyser et à gérer notre comportement et nos relations efficacement. Cette intelligence comprend des composantes fondamentales comme la conscience de soi, la maîtrise de soi, la conscience des autres et l’aptitude sociale.

1. La conscience de soi

C’est la capacité à reconnaître et comprendre ses états d’âme, ses émotions et ses pulsions ainsi que leurs effets sur les autres. A quoi reconnait-on la conscience de soi ? Elle se manifeste par la confiance en soi, l’évaluation réaliste de soi et l’aptitude à l’humour envers soi-même. En effet, les personnes douées d’une forte conscience d’elles-mêmes sont capables de parler précisément et ouvertement de leurs sentiments.

2. La maîtrise de soi

C’est la capacité à contrôler ou réorienter pulsions perturbantes, à suspendre son jugement et à réfléchir avant d’agir. Loyauté et intégrité, sang-froid face à l’incertitude et l’ouverture au changement caractérisent les individus possédant ce trait. En maîtrisant leurs émotions et leurs impulsions, ils créent un climat de confiance et de justice. L’intelligence émotionnelle va de pair avec la maîtrise de soi. Vous évitez d’agir sur un coup de tête. Des recherches menées à l’Université de Californie, à San Francisco, ont montré que les personnes qui ont du mal à dire non ont plus de risques d’être stressées, en proie au burn-out ou à la dépression.

3. La motivation

Si votre entreprise est en quête de leaders, comment identifier ceux qui sont mus par un désir profond d’accomplissement plutôt que par les signes extérieurs de réussite ? Le premier indice, c’est la passion pour le travail, pour des raisons autres que l’argent ou le statut. Cette propension à suivre des objectifs avec énergie et ténacité se manifeste par de l’optimisme, même face aux échecs, un profond engagement et un fort désir de réussite.

Intelligence Emotionelle @Psychologie
Intelligence Emotionelle @Psychologie

4. L’empathie

De toutes les composantes de l’intelligence émotionnelle, c’est la plus facile à reconnaître. Tous, nous avons déjà ressenti l’empathie d’un ami attentif ou d’un professeur, ou avons été frappés par son absence. C’est cette capacité à comprendre le tempérament d’autrui et à traiter les gens en fonction de leurs réactions. Attention, pour un leader, il ne s’agit pas d’adopter les sentiments d’autrui et d’essayer de faire plaisir à tout le monde. Ce serait un cauchemar qui rendrait toute action impossible. Il s’agit plutôt de considérer les sentiments de son équipe de manière réfléchie afin de prendre les bonnes décisions. Ce trait joue un rôle important pour former et retenir des talents.

5. L’aptitude sociale

C’est la quintessence de l’intelligence émotionnelle, la compétence qui met en jeu toutes les autres. Les gens capables de comprendre et de maîtriser leurs émotions, tout en étant sensibles aux sentiments d’autrui, gèrent très efficacement les relations. La capacité à conduire des changements, le don de persuasion et l’expertise à former et diriger des équipes en sont les manifestations.

L’intelligence émotionnelle ne se limite pas à savoir maîtriser sa colère ou à entretenir de bonnes relations, il s’agit plutôt de bien comprendre son propre tempérament émotionnel et celui des autres de manière à orienter les énergies vers la réalisation des objectifs communs.

Dans son article, « L’étoffe d’un leader », le psychologue Daniel Goleman arrive à la conclusion selon laquelle les leaders les plus efficaces possèdent tous un quotient émotionnel élevé. Plus le rang d’un dirigeant performant est élevé, plus son quotient émotionnel intervient dans son efficacité.  Bien que les qualités intellectuelles et les compétences techniques soient nécessaires à tout leader, la recette n’est point complète sans l’intelligence émotionnelle. Un ingrédient indispensable pour être un leader performant et efficace.

Cependant, un «usage stratégique de l’intelligence émotionnelle dans les organisations» peut en faire une arme redoutable. D’une part, maîtriser ses émotions permet de masquer ses véritables intentions, et savoir reconnaître les émotions des autres peut aider à les manipuler dans un sens contraire à leurs intérêts. Adolf Hitler était très doué voire machiavélique dans cette pratique. En 2011, une étude menée par Stéphane Côté de l’université de Toronto et intitulée «Le Jekyll et Hyde de l’intelligence émotionnelle» montre par exemple que les employés les plus machiavéliques dans leurs relations de travail sont aussi ceux qui disposent d’un haut niveau d’intelligence émotionnelle. Il est évident que ces traits ne se retrouvent pas chez tous. Alors, est-il possible d’accroître son quotient émotionnel ou de développer son intelligence émotionnelle ?

Peut-on acquérir l’intelligence émotionnelle ?

« Bien sûr, l’intelligence émotionnelle est plus rare que l’intelligence classique mais, selon mon expérience, elle est en fait plus importante pour façonner un leader. On ne peut pas se contenter de l’ignorer. » – Jack Welch

Cette question rejoint l’éternel débat de savoir si l’on naît leader ou si on le devient. Nait-on avec un certain degré d’empathie, par exemple, ou l’acquiert-on au contact des expériences de la vie ? Les deux ! Les recherches scientifiques suggèrent fortement qu’il existe une prédisposition génétique à l’intelligence émotionnelle. Les recherches en psychologie et en développement indiquent que l’environnement a également son rôle à jouer. Une chose est sure : l’intelligence émotionnelle croit avec l’âge, c’est-à-dire avec la maturité. Ici, vous pouvez évaluer votre quotient d’intelligence émotionnelle.

Suis-je émotionnellement intelligent ?

Avant de répondre, je dois déjà avouer que j’ignorais que l’expression « intelligence émotionnelle » existait. Je connaissais l’empathie, la maîtrise de soi, la conscience de soi, la motivation et l’aptitude sociale comme étant des traits de la personnalité individuelle qui facilitent ou entravent la sociabilisation. Au regard des critères évoqués ci-dessus, je pense que mon quotient émotionnel pourrait s’évaluer autour de 60 %.

S’agissant de la première composante, la « conscience de soi », qui rejoint le fameux « Connais toi toi-même » prononcé il y a des siècles par l’oracle de Delphes. Il est assez difficile de l’affirmer puisque la connaissance est un processus perpétuel, un chemin qu’on parcourt durant toute notre vie jusqu’à la mort. Connaitre c’est chercher. Chercher c’est se mettre en route. J’ai cependant une compréhension profonde de mes sentiments, de mes forces et faiblesses. Mais je me fourvoie parfois sur l’analyse et la structuration de mes besoins, en mêlant parfois mes priorités. Ce qui ne peut que limiter mon efficacité.

La maîtrise de soi : j’y travaille. Assez affectif, je me laisse parfois emporter par mes émotions. Je me souviens d’un jour où un ami m’annonçait qu’il avait par inadvertance formaté mon disque dur d’un téraoctet qui contenait des données que j’avais pris des années à collecter et surtout à classer. Sous le coup de la colère, de méchantes paroles fusèrent et la réconciliation fut difficile par la suite. Sachez-le, c’est sous le coup de la colère ou dans les blagues que vos amis ou proches vous diront ce qu’ils pensent vraiment de vous… C’est l’un des rares moments où l’inconscient prend le contrôle du « moi » (conscience) et révèle le fond de la pensée…

L’empathie : Oui oui et oui ! J’aime me mettre à l’écoute et au service des autres… C’est justement ce fort degré d’empathie qui me conduit à dire difficilement « non ». J’acceptais toujours « toutes » les requêtes ou demandes de service. Mais je me suis rendu compte qu’on ne pouvait « bien » satisfaire tout le monde. Tu t’es déjà surement retrouvé dans une situation où tu as dit oui à plusieurs demandes au point d’en oublier certaines. Dire « non » est pour beaucoup de personnes un défi, un mot difficile à prononcer. Au contraire, quand ils disent « non », les intelligents émotionnels évitent les phrases comme « Je crois que je ne peux pas… » ou « Je ne suis pas sûr que… » Dire « non » à une proposition de plus honore les engagements déjà pris et vous permet de vous y consacrer pleinement. J’apprends donc maintenant à pouvoir dire « NON ! » pour accroître mon efficacité et mieux gérer les priorités.

La motivation : Hyper même ! Mon carburant est cette conscience panafricaine et ma sensibilité vis-à-vis des maux qui mènent l’Afrique et le monde. Je pense que nous ne travaillons pas suffisamment bien sur les maillons essentiels pour notre émergence. Ma vision, être un moteur de changement en Afrique et dans le monde, m’anime chaque jour et chaque… nuit !

Enfin, s’agissant de l’aptitude sociale, j’ai d’assez bonnes compétences relationnelles qui facilitent mon insertion dans différents milieux socioculturels. Ce trait mérite cependant que je le développe davantage pour accroître mon réseau, mon influence et mon impact.

Voilà, j’ai ouvertement partagé avec toi ma compréhension et mon évaluation de l’intelligence émotionnelle. Et toi ? Es-tu émotionnellement intelligent ? Veux-tu te prêter au jeu en évaluant ton quotient émotionnel ? Si oui, n’hésite pas à le partager avec nous ! On apprend mieux ensemble ! A +


Les Essais et les romans de Mongo Beti

   

Auguste Owono-Kouma Ndzié spécialiste la littérature négro- africaine, a commis un ouvrage majeur chez L’Harmattan à Paris sur l’œuvre intellectuelle et littéraire de Mongo Beti. Les Essais et les romans de Mongo Beti en est le titre. Il se propose en 287 pages de trouver des liens entre ses écrits, produits à partir de 1972 par l’essayiste d’abord, et ensuite par le romancier. Il se sert globalement de l’analyse des contenus et de l’intertextualité comme grilles d’étude. Dans le premier chapitre, il présente les thèmes majeurs développés dans les essais de l’écrivain : néocolonialisme, incompétence des élites africaines, déliquescence des mœurs et bien d’autres.  Main basse sur le Cameroun, Lettre ouverte aux Camerounais et La France contre l’Afrique; y compris les articles publiés dans la revue Peuples noirs/Peuples africains sont ainsi passés au peigne fin de l’analyse.

   L’étude au chapitre deux consiste à mettre en regard les thèmes relevés dans les essais et qui apparaissent sous forme de réécriture dans les passages de romans. Les personnages politiques comme Amadou Ahidjo, Hervé Bourges, Jacques Foccart dont Mongo Beti se fait écho dans les essais se retrouvent dans les œuvres sous d’autres appellations. Aucune ligne des romans n’échappe à la sentinelle du chercheur. Il présente ces ressemblances (intertextes) à l’aide des tableaux qu’il interprète. Dans le troisième chapitre, des correspondances sont établies mot pour mot entre les extraits des essais et ceux des romans, à la suite de l’exercice, il en fait une analyse lexicale et sémantique pour montrer le dénominateur commun. Il ressort de cette étude que la pensée de Mongo Beti est une, celle de la révolution. On dira donc que dans les essais comme dans les romans, il n’y a qu’une seule pensée qui l’anime. Bien que l’étude soit d’une haute facture, on aurait voulu qu’elle soit aussi génétique ; donc qu’elle s’attache à questionner les autres aspects -discours, anecdotes, avis des proches, itinéraire éditorial complexe, etc.- de la vie de l’écrivain en vue de les mettre en parallèle avec ses écrits et de les analyser.

Par: Gaétan GUETCHUECHI, Chercheur en littérature et civilisations Africaines, Université de Yaoundé I guetch2@gmail.com, gaetanguetchuechi@yahoo.fr


C’est quoi être afropolitain?

Je découvre le concept d’Afropolitanisme en 2013 lors de mes études sur l’Afrique contemporaine au Département d’Etudes Africaines de l’Université de Dschang. C’est l’une des clés pour comprendre la pensée de l’éminent historien camerounais Achille Mbembè, un des grands théoriciens du Postcolonialisme ; un mouvement qui a aujourd’hui le vent en poupe, bien que certains les considèrent juste comme un carnaval académique. Le concept me fascine par sa richesse sémantique et je décide d’en découvrir davantage à travers des recherches supplémentaires. A la fin, je découvre ce qu’est l’afropolitanisme et ce qu’être afropolitain signifie.

L’Afropolitanisme là même c’est quoi ?

D’après Achille Mbembè, l’Afropolitanisme est « la conscience de cette imbrication de l’ici et de l’ailleurs, la présence de l’ailleurs dans l’ici et vice-versa, cette relativisation des racines et des appartenances primaires et cette manière d’embrasser, en toute connaissance de cause, l’étrange, l’étranger et le lointain, cette capacité de reconnaître sa face dans le visage de l’étranger et de valoriser les traces du lointain dans le proche, de domestiquer l’in-familier, de travailler avec ce qui a tout l’air des contraires ». Pause ! Tout comme toi, je n’avais capté que 54% du sens de ce qu’il voulait dire. Pas que je suis bête mais lire Achille Mbembè nécessite d’être « bien calé » avec un ventre satisfait, sinon on passe facilement à côté de ce qu’il veut dire. C’est grâce à des lectures supplémentaires que j’ai finalement saisi que l’Afropolitanisme était bien plus qu’un concept mais aussi une attitude requérant des aptitudes et un savoir être.

L’Afropolitanisme est donc la prise de conscience du métissage identitaire et culturel. C’est une marche vers autrui et une démarche envers l’Autre que l’on entame avec l’esprit d’ouverture et de fraternité. C’est comprendre que le monde n’est point homogène ni pure et qu’il ne le sera jamais. Nous avons une part de nous dans l’autre tout comme l’Autre se retrouve en nous. Effectuer ce dépassement des identités racines permet de définir une « politique de partage des singularités et des différences dû au passé ». L’Afrique est aujourd’hui le laboratoire de profondes reconfigurations sociales et culturelles et l’Afropolitanisme permet d’appréhender certaines d’entre elles.

Qui est africain et qui ne l’est pas ?

A l’orée du siècle, nombreux sont ceux aux yeux desquels est « Africain » celui qui est « noir » et donc « pas blanc », le dégré d’authenticité se mesurant, dès lors, sur l’échelle de la différence raciale brute. Or donc, il se trouve que toutes sortes de gens ont quelque lien ou, simplement, quelque chose à voir avec l’Afrique – quelque chose qui les autorise ipso facto à prétendre à la « citoyenneté africaine ». Il y a, naturellement, ceux que l’on désigne les Nègres. Ils sont nés et vivent à l’intérieur des Etats africains dont ils constituent les nationaux. Mais si les Négro-Africains forment la majorité de la population du continent, ils n’en sont, ni les uniques habitants, ni les producteurs uniques de l’art et de la culture. Venus d’Asie, d’Arabie ou d’Europe, d’autres groupes de populations se sont en effet implantés dans diverses parties du continent à diverses périodes de l’histoire et pour diverses raisons. Certains sont arrivés en conquérants, marchands ou zélotes, à l’exemple des Arabes et des Européens.

Fuyant toutes sortes de misères, cherchant à échapper à la persécution, simplement habités par l’espoir d’une vie paisible ou encore mus par la soif des richesses, d’autres se sont installés à la faveur de circonstances historiques plus ou moins tragiques, à l’exemple des Afrikaners et des Juifs. Main-d’oeuvre pour l’essentiel servile, d’autres encore ont fait souche dans le contexte des migrations de travail, à l’exemple des Malais, des Indiens et des Chinois en Afrique australe. Plus récemment, Libanais, Syriens, Indo-Pakistanais et, ici ou là, quelques centaines ou milliers de Chinois ont fait leur apparition. Tout ce monde est arrivé avec ses langues, ses coutumes, ses habitudes alimentaires, ses modes vestimentaires, ses manières de prier, bref, ses arts d’être et de faire. Aujourd’hui, les rapports qu’entretiennent ces diverses diasporas avec leurs sociétés d’origine sont des plus complexes. Beaucoup de leurs membres se considèrent comme des Africains à part entière, même si, par ailleurs, ils appartiennent également à un ailleurs. C’est cette imbrication de l’ailleurs dans l’ici que Mbembè appelle « l’immersion ». Elle toucha, à des degrés divers, les minorités qui, venant de loin, finirent par faire souche sur le continent. Le temps s’écoulant, les liens avec leurs origines (européennes ou asiatiques) se compliquèrent singulièrement. Au contact de la géographie, du climat et des hommes, ils devinrent des bâtards culturels.

Par contre, l’Afrique a aussi été le point de départ en direction de plusieurs autres régions dans le monde. Cette circulation de l’ici vers l’ailleurs s’est essentiellement déroulée durant les Temps Modernes à travers les trois couloirs que sont le Sahara, l’Atlantique et l’Océan Indien. Ces Africains sont prêts à tout pour parvenir là bas, endurant les pires atrocités durant leur périple vers un Paradis perdu. Mais ces mouvements migratoires contemporains des africains vers l’Ailleurs ont débuté il y a longtemps avec l’esclavage. La principale différence c’est qu’il s’agissait de migrations forcées alors que celles d’aujourd’hui sont volontaires, motivées ou inspirées par la Colonisation.

Au finish, l’on retrouve des millions de personnes d’origine africaine qui sont des citoyens-monde, membre de la diaspora africaine élargie. Des traces de l’Afrique sont ainsi présente ailleurs tout comme les traces de l’Ailleurs sont visibles ici. L’Afrique n’est donc pas un monde à part mais une part du monde. Il y’a une partie essentielle de l’histoire africaine qui se trouve ailleurs tout comme il y’a une histoire du reste du monde dont nous sommes les acteurs et dépositaires. Ainsi notre manière d’être au monde, notre façon « d’être monde », d’habiter le monde, s’est toujours effectué sous le signe du métissage culturel ou du moins, de l’imbrication des mondes dans une lente et parfois incohérente danse avec des signes que nous n’avons guère eu le loisir de choisir librement, mais que nous sommes parvenus, tant bien que mal, à domestiquer et à mettre à notre service. Je ne viens ici que de vous donner une des trois dimensions de l’identité afropolitaine : la prise de conscience du métissage culturel du monde car aucune race quelconque n’est pure. Toutes les cultures, traditions et identités sont hybrides ou métisses.

Voici la première raison pour laquelle je me considère comme étant « Afropolitain » et pas seulement « Africain » car cela est à mon gout, un peu réducteur. Et toi, es-tu africain.e ou afropolitain.e ?

 

 

 


Pour un équitable accès des femmes à l’arène politique

         La question de l’intégration du genre dans tous les domaines de la vie, notamment le domaine politique, est à prendre avec beaucoup de considération car la réalité montre que, dans toutes les actions qu’on mène socialement, il y a une répartition inéquitable entre les êtres humains. Pourtant la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme dit clairement que les êtres humains sont nés égaux en droit et  en devoir. Mais dans la répartition des taches ou des ressources, dans la prise de décision ou l’occupation des postes à pouvoir, il y en a qui sont réservées à une catégorie de personnes.  Bref il y a dans tous les cas marginalisation. Cette marginalisation se manifeste par une sous-représentativité au niveau des postes décisionnels.

Les femmes demeurent sous-représentées à tous les niveaux du pouvoir. En particulier dans la plupart des ordres de gouvernement.  Les femmes sont fortement moins représentées parmi les adhérents dans beaucoup de partis politiques et donc parmi les élus. Les lois tentent de rétablir un certain équilibre, parfois maladroitement, parfois malhonnêtement. La parité en politique est une parfaite illustration d’une utilisation malhonnête de cette lutte contre la sous-représentation des femmes en politique. À l’échelle mondiale, les femmes ne comptent que pour 17% des responsables élus dans les parlements et les ministères nationaux. Encore moins de femmes ont réussi à atteindre les plus hauts échelons gouvernementaux. En 2010, sur les 150 chefs d’État élus dans le monde, seulement 7 étaient des femmes ; sur les 192 chefs d’État, seuls 11 étaient des femmes. S’agissant du Cameroun en Afrique centrale on constate que seules 10 femmes existent parmi les 180 parlementaires soit 5,5% de femmes pour 94,5% d’hommes ; parmi les 626 conseillers municipaux, on ne compte que 114 femmes, soit 18,21%. Au sein du gouvernement, il n’y a que 2 femmes sur les 45 membres du Cabinet. En outre, des 37 ministères que compte le Cameroun, il n’y a que 04 qui sont gérés par les femmes. Si nous nous limitons seulement à ces quelques exemples, on comprend que la question d’intégration du genre dans le domaine politique, reste à revoir.

D’après les statistiques présentées par l’ONU au sujet de l’intégration du genre dans la politique, il ressort que de 1995 à 2015, le pourcentage des parlementaires femmes dans le monde a doublé parce qu’on est parti de 11.3 % en 1995 à 22% en 2015. Mais il est nécessaire de dire en même temps que ce pourcentage est très faible et insignifiant si on se focalise sur le nombre des femmes qu’on peut retrouver dans le monde entier. De nos jours, 10 Chefs d’Etat et 14 Chefs de gouvernement dans le monde sont des femmes. La répartition des femmes au pouvoir et par région, donne les résultats suivants : pour les pays Nordiques, nous avons  41.5%; Amérique 26.3%; Europe sans les pays nordiques  23.8%; Afrique sub-saharienne 22.2%; Asie 18.5%; Moyen-Orient, Afrique du nord 16.1% et Pacifique 15.7%.

En Afrique, seul le Rwanda reste actuellement le pays qui a le plus grand nombre des femmes parlementaires à savoir 56% et de 36% au sein du gouvernement. Le Cameroun brille par la faible sinon l’invisibilité des femmes dans les postes à responsabilité politique. La gente masculine se rassurant qu’elles s’attellent toujours à occuper des postes dont les attributions les cantonnent dans le domaine de la famille, de l’éducation et à quelques postes dont les portées n’ont pas d’effets directs et immédiats sur le cours de l’action politique. L’aporie des femmes dans ces postes stratégiques trahit un manque de confiance ou une mésestimation (discriminatoire ?) des valeurs et compétences de la Femme qui n’est perçue que sous le prisme de la douceur et partant de la faiblesse dans ses prises de positions.  Or l’arène politique étant une scène de combat pour titans, « on » considère donc les femmes comme inaptes à y avoir accès. Cela est d’ailleurs visible à travers les partis politiques car les femmes qui en dirigent n’atteignent pas les doigts d’une main. Cependant l’expérience a montré que certaines femmes lorsqu’elles occupent certains postes administratifs, sont plus adaptées que certains hommes et jouent correctement leur rôle.

Pour mettre fin à cette marginalisation des femmes, ou du moins pour améliorer cette condition, plusieurs organisations (surtout des femmes), ont défini  des stratégies d’intégration du genre dans ce domaine pour qu’il y ait au moins équité : il s’agit des ONG comme  le Centre des Femmes pour la Promotion et le Développement(CFPD), une ONG basée dans la province du littoral, l’Organisation Camerounaise des Femmes et des Droits de la Personne (OCFDP), Organisation Camerounaise des Femmes  pour la Défense des Droits Humains (OCFDDH), l’Association Camerounaise  des Femmes Juristes, dirigée par Mme Félicité Moutomé  etc. Ces associations constituées de femmes et d’hommes ont mis sur pied des moyens et des techniques pour collecter les informations et organiser des séminaires de portée générale ou spécifique pour guider  l’analyse entre les genres  afin de permettre leur intégration dans la politique camerounaise. Plusieurs formations sur le genre ont été organisées  pour  attirer l’attention sur les multiples rôles sociopolitiques  que peuvent  jouer la femme dans la société et l’influence de leur intégration dans la politique. Grace à l’UNIFEM[1], une étude sur l’intégration de la dimension du genre  dans la constitution du code électoral a été  réalisée par l’association des femmes juristes. Ainsi nous nous rendons que ces ONG de même que la société civile, veulent accroître la capacité de décision et d’action individuelle et collective des femmes afin d’améliorer les résultats, les institutions et les choix publics.

Femme leader en Inde_Afropolitanis
Femme leader en Inde

Quel  que  soit  le  pays  ou  la  culture considérée,  il  existe  des  différences  dans  la  capacité qu’ont  les  hommes  et  les  femmes  à  effectuer  des  choix, généralement  au  détriment  des  femmes.  Ces  différences liées au genre ont un impact sur le bien-être des femmes mais  aussi  sur  toute  une  série  de  situations  concernant leur  famille  et  la  société  en  général.  Donner  aux  femmes  les  moyens  d’agir  sur la  scène  politique  et  dans  la  société  peut  se  traduire par  une  modification  des  choix  publics  et  amener les  institutions  à  mieux  représenter  une  plus  grande diversité  d’intervenants.  A titre d’illustration, le  suffrage  des  femmes  aux États-Unis   a   conduit   les   responsables   de   l’action publique  à  porter  leur  attention  sur  la  santé  juvénile et  la  santé  maternelle  et  a  contribué  à  réduire  de  8  à 15  %  la  mortalité  infantile.  En  Inde,  la  participation des femmes aux décisions publiques locales s’est  traduite  par une  augmentation  de  la  fourniture  de  biens  publics et un recul de la corruption. Dans  de  nombreux  pays riches,  l’augmentation  du  taux  d’activité  des  femmes et  leur  présence  en  plus  grand  nombre  à  des  postes  de responsabilité  politique  ont  contribué,  conjointement, à refondre la manière dont la société conçoit l’allocation du temps entre le travail et la vie de famille en général et à l’adoption d’une législation du travail plus favorable à la famille.

Bref, pour éliminer les obstacles qui empêchent les femmes d’accéder au pouvoir et à la prospérité, il faut une approche de partenariat à tous les niveaux. Il faut une collaboration étroite avec les gouvernements, les institutions, les collectivités et les familles. En outre, si les femmes sont présentes en nombre et à des postes importants de gouvernement pendant ces dernières années, c’est justement grâce aux multiples ONG que les femmes créent pour se trouver une place au soleil. La véritable équité de traitement en matière de représentation politique se trouve dans la proportionnalité et non dans la parité : s’il y a 35 % de femmes parmi les adhérents d’un parti politique, ce parti doit placer 35 % de femmes sur ses listes électorales. Cette vision politique ne supporte aucun choix basé sur un critère identitaire. Ce sont la compétence, l’implication et la volonté qui doivent être prises en compte.

 

[1] Le Fonds de développement des Nations unies pour la femme (UNIFEM) est une agence spécialisée de l’Organisation des Nations unies (ONU) et est associé au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Son rôle est de promouvoir la participation des femmes à la vie économique et politique des pays en voie de développement et d’améliorer la condition des femmes à travers le monde.


Accessing market by smallholder farmers in Ghana

Agriculture plays a significant role in the Ghanaian economy and Africa as a whole.  However, there are challenges facing the agriculture value chain which hinder the potential growth of the sector. In this article, we present the most common challenge facing smallholder farmers in “accessing market” for their farm products.

 

  1. Challenges facing farmers in accessing markets

Generally, the following challenges were revealed:

  • Selling of farm produce to markets which are less demanding
  • Selling through third parties (Intermediary) due to the small scale of production
  • Due to High transaction cost involved in reaching far distant markets
  • Lack the capacity relating to volume, quality, and time bond delivery demand by modern agriculture value chain. 

 Sharing Knowledge

The knowledge needed to improve global agriculture already exists, including within remote indigenous communities, it often does not reach those farmers that could benefit most.

  • Increase the level of education on crop and farm management for farmers and agricultural workers, including women.
  • Promote the development of village-based knowledge centers.
  • Provide access to scalable information technologies for farmers, including women and young farmers, to receive weather, crop and market alerts, as well as other early warning systems to help them make the right decisions for sustainability and productivity.
  • Establish open and transparent two-way exchanges that capture the ‘voice of the farmer’ in the process of policy formulation and implementation.
  • 3. Create Local Market

Fundamental resources should be available to farmers, including women and young farmers, to help them manage their production process more reliably and at less cost.

  • Secure access to land and other resources, especially for women farmers.
  • Provide rural access to microfinance services, especially to microcredit.
  • Build infrastructure – particularly road to make supplies available to farmers.
  • Establish training programs in infrastructure management, operations and maintenance for local and regional settings
  • Improve access to agricultural inputs and services, including mechanical tools, seeds, fertilizers, and crop protection materials.
  • Encourage and co-ordinate multiple local actors to ensure information and supplies get into farmers’ hands.
  • Invest in bioenergy where it contributes to energy security and to rural development.
  • Protect Harvest

In many of the poorest countries, 20-60% of crop yields are lost because of inadequate pre- and post-harvest support.  Likewise, vast quantities of food are squandered during production and consumption phases of the food chain.

  • Build local storage facilities and transportation mechanisms, including cold chain storage for food preservation.
  • Localize the application of agronomic knowledge, pest-identification and meteorological information.
  • Educate the public on sustainable consumption and production needs and behaviours, including on the need to reduce food waste.
  • Provide risk management tools to support farmers in managing weather and market variations.
  1. Access to Market

Farmers need to be able to get their products to market and receive equitable price treatment when they do.

  • Provide remote access to up-to-date market pricing information
  • Develop well-functioning markets through transparent information, fair prices, sound infrastructure and reduced speculation
  • Encourage co-operative approaches to marketing for smallholders
  • Improve smallholder farmers’ marketing skills through entrepreneurship training
  • Reduce market distortions to improve opportunities for all strata of agriculture nationwide.
  • When necessary and possible use preservation techniques on the harvest. These can include drying, frying, smoking, or salting part or all of the harvest
  • When weather, soil conditions, market demand favour it, farmers can consider growing crops or strains of crops that are more hardy and take longer to spoil

Kartavaya Ghana Limited- Our solutions to market access

TECHNOLOGY  

  • FarmPlace (FP)-  The KGL team will create a media market platform to connect potentials buyers and sellers of farm produce across the country and beyond.
  • Consideration for an operational website and a mobile application, and text message portal.
  • Sellers will be connected to the platform at a cost.
  • Share of percentage will be apportion to KGL Ghana for sales made on products

DOMESTIC CONSUMERS

  • Creating linkage between smallholder farmers and large-scale consumers (Poultry farmers, exporters, hotels, restaurants, etc)
  • Connecting smallholder farmers to direct large-scale customer for better prices

POST-HARVEST SALES

  • Farm produce can be stored at the ware-house during harvest to be sold at the peak season for high return

TECHNICAL ASSISTANCE  

  • The team will assist in providing farmers with technical expertise in farming the right commodities, procedures, harvest and storage with the sole aim of leading high yields
  • Provision of farm tools and machinery to farmers at SLA.

SPECIAL FARM COMMODITIES

  • With the recommendations of KGL Ghana farmers will be given a particular farm produce to cultivate which has a well-defined market


Rôle et importance des personnages auxiliaires dans l’oeuvre de Mongo Béti

 

Owono-Kouma, auteur de Mongo Béti et la Confrontation
Owono-Kouma, auteur de Mongo Béti et la Confrontation

Owono-Kouma est chef traditionnel, enseignant et universitaire de haut vol, il est surtout un homme de science spécialiste du romancier camerounais Mongo Beti. Mongo Beti et la confrontation. Rôle et importance des personnages auxiliaires, paru à Paris chez L’Harmattan, dans la collection ‘Études africaines’ en 2008. 

Le constat qui préside au choix du sujet tient de ce que les romans de Mongo Béti mettent en scène la confrontation avec « permanence » : « la famille, la société, l’économie, la politique et l’idéologie. »p. 9. Le travail ambitionne d’étudier la part que les Adjuvants jouent dans la réussite ou l’échec des héros romanesques, mais surtout de contester la conception ‘affabulatrice’ qu’avait donnée Méloné Thomas à propos des héros de Mongo Béti. À partir de ces présupposés, Owono-Kouma, pose en guise de problème qu’« Il s’agira de déterminer si ce faire (celui des récits) est réflexif, en recherchant ce que l’implication ou non de l’Adjuvant dans le faire entraine dans la quête du Sujet, enjeu de la confrontation. » p. 11, le chercheur ouvre une brèche en vue de l’innovation dans la compréhension de Mongo Béti, laquelle prend sa source dans le fait de décentrer le pôle de l’interprétation globale du récit du héros vers son aide.

Sujets et virtualisation, titre de la première partie, vise à démontrer la disjonction entre l’Objet et le Sujet de la quête. Le chapitre premier est La structure actancielle de la confrontation. Le chercheur s’évertue à présenter les récits sur la base de la segmentation en épisodes et en séquences. À propos des séquences narratives, il est question d’analyser les unités narratives en œuvre dans les récits en lien avec le paradigme de la confrontation. Le chapitre II ,intitulé Sujets et anti-sujets face à la confrontation analyse les transformations auxquelles aboutissent les énoncés d’état préalablement établis, ce qui requiert de recourir à la notion de Programme narratif (PN) qui ; par ailleurs l’exégète explore les éléments constitutifs du récit comme les syntagmes contractuels, disjonctionnels et performanciels ; lesquels, appliqués au corpus démontrent que les Sujets (héros) sont incapables de mettre à exécution le projet de leurs quêtes.

Adjuvants et réalisation est le titre consacré par l’auteur pour la deuxième partie. Son chapitre III s’intitule Les Adjuvants et la confrontation. L’analyse recourt une fois encore aux syntagmes contractuels, disjonctionnels et performanciels pour voir que l’influence des Adjuvants s’avère capitale pour la réalisation des Objets de quête. Pour cela, l’universitaire précise que « ces transformations conjonctives sont transitives étant donné que les réalisations obtenues ont nécessité l’intervention des Adjuvants. » p.138.

En vue de rendre intelligible la significativité de l’action des Adjuvants dans les œuvres de Mongo Béti, le Chapitre IV intitulé La compétence des Adjuvants s’en charge. Il y est davantage question de sortir du carcan du récit pour considérer la part du discours identifiable chez le narrateur. Le chercheur de haut vol conclue « que le choix des Adjuvants par les Sujets et les anti-Sujets n’est pas gratuit. Il vise la complémentarité, les Adjuvants étant appelés à palier l’impéritie des Sujets et des anti-Sujets. » p.175 La partie III du chef d’œuvre s’intitule Importance des Adjuvants. L’ambition y est d’élucider la part des actions de ceux-ci dans la confrontation.

Le chapitre V s’intitule Des rôles de premier plan. Afin de ne pas fouler au pied le principe qui veut que les circonstants/adjuvants soient secondaires dans l’ordre de la syntaxe du récit, Owono-Kouma précise qu’« il ne s’agira pas de prendre le contre-pied de la thèse du sémioticien français.» p. 208 mais il relativise en démontrant à la lumière de la geste romanesque de Mongo Beti qu’il y a aussi une part importante, sinon très importante que les Adjuvants joue dans les récits.

Au dernier chapitre, Procédés de mise en évidence, est-il donné de constater que l’actant Adjuvant se démultiplie en Mama et Zambo à l’épisode II. Medza à l’épisode II est la symbiose des actants Sujets-Adjuvants-Destinataire. Des trois catégories, l’on se rend compte que l’actant Adjuvant vibre au même diapason d’avec l’actant Sujet.

Les applications de cette recherche peuvent être perceptibles dans la science car la théorie sémiotique en matière narrative est amenée à revoir sa copie quant à loger l’Adjuvant à une enseigne de supprimable, de révocable sujet à un discrédit ; en politique la vision du groupe trahit le bord politique de Mongo Beti, défenseur du socialisme, idéologie qui pourrait être expérimentée dans une Afrique en mal de développement ; en pédagogie, les enseignants de français ont là une aubaine pour mieux utiliser la sémiotique incontournable dans les pratiques de classe.

La recherche de pointe côtoie, dans ce magnum opus, la méthode d’analyse poussée à son ultime expression de rigueur. Sa maitrise de la théorie sémiotique le dispute à un langage clair, beau qui rappelle les exégètes gréco-latins, deux caractéristiques qui confèrent à l’ouvrage une place de choix dans la sphère de la critique littéraire au Cameroun.

 

Compte rendu de Gaétan GUETCHUECHI, étudiant à l’École Normale Supérieure de Yaoundé, communicateur du bureau des étudiants et chercheur en littératures et Civilisations négro-africaines.  guetch2@gmail.com


Pourquoi les startups africaines doivent s’intéresser au développement rural?

Introduction

Le développement rural est plus qu’un simple développement agricole car il englobe un espace, l’espace rural, où l’agriculture est au centre du système socio-économique mais au sein duquel existent des activités différentes, avec des fonctions et des objectifs diversifiés, qui sont tous à intégrer et coordonner dans une optique de développement cohérent, durable et solidaire.

Depuis des décennies, l’Afrique rurale enregistre de profondes mutations sociodémographiques, économiques et environnementales (Losch et al., 2013), dont l’étude doit être un préalable pour les politiques de développement rural sur le continent. Au milieu de ces transformations multiformes, les populations rurales tentent de s’affranchir des barrières de la pauvreté, à travers un ensemble d’activités, dans leurs modes traditionnels d’organisation de la vie économique rurale.

Par ailleurs, au-delà des solutions à trouver aux problèmes propres aux sociétés rurales, la satisfaction de certains besoins des villes dans une Afrique en urbanisation rapide exige des approches nouvelles du développement rural de l’Afrique (Loshc, 2014). C’est à juste titre que Mwanza et Kabamba (2002) affirment que le défi de développement en Afrique est indissociable du devenir des espaces ruraux.

Selon la Banque Mondiale, les opportunités économiques liées aux PME sont également loin d’être négligeables : dans les pays en développement, les technologies de l’information et de la communication (TIC) et les technologies mobiles affichent une forte expansion, tandis que, dans le secteur des technologies propres, les PME peuvent mettre à profit un marché qui se chiffrera à 1 600 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie[1]. Selon la Doing Business 2017 récemment publiée par la Banque mondiale, l’Afrique subsaharienne est la région du monde qui a enregistré le plus grand nombre de réformes visant à améliorer le climat des affaires en 2013-2014. Ses chiffres sont des résultats encourageant même si des reformes doivent être poursuivies pour l’amélioration de l’écosystème des Startups et des PME Africaines.

Face à ces enjeux multiples de développement d’une part, et, d’autre part, considérant les opportunités qu’offrent le développement des TIC et des technologies mobiles en Afrique, quel modèle d’entrepreneuriat rural promouvoir pour le développement rural durable et sa participation au développement global de l’Afrique ? Quels acteurs de développement pour donner cette dynamique nouvelle au développement rural de l’Afrique ?

Dans cet environnement, le développement rural doit intégrer les stratégies de Startupers Africains, en vue de contribuer à briser le cercle vicieux de la pauvreté et du sous-développement persistant dans les milieux ruraux africains. C’est cette problématique qu’aborde la présente publication, dont l’objectif est de mettre en relief quelques canaux et mécanismes par lesquels le développement rural et agricole est un sous-secteur porteur pour les Startups africaines.

Quand le développement rural coïncide quasi totalement avec l’agriculture en Afrique

Dans les pays en développement partout dans le monde, l’agriculture joue un rôle moteur dans le développement rural. En Afrique subsaharienne rurale en particulier, où vivent entre 65 à 70% de la population totale (World Bank, 2015), l’activité économique est dominée par l’agriculture qui est de type familiale.

En Côte d’Ivoire, sur la période de 1958 à 2015, le PIB agricole représente, en moyenne, 28,40% du PIB global (FAO[2], 2015). L’agriculture familiale y produit plus de 80% de la nourriture consommée dans le pays, et emploie plus de 60% de la population active. En 2014, les prélèvements effectués sur les exportations du cacao (dont la production est essentiellement issue des exploitations familiales) représentent 40% des recettes d’exportations et 30% des recettes fiscales (PANAFCI[3], 2014, p.7). Ce mode d’organisation de l’activité agricole mérite donc une attention particulière, non exclusive. Car, par-dessus tout ce qui précède, l’agriculture familiale intègre aux objectifs économiques de production de biens et services agricoles les autres composantes du développement durable : le social et l’environnement.

Suivant la théorie de la transformation structurelle des économies[4] (Lewis, 1954), cette structure agricole des économies africaines devrait se transformer, à l’image d’autres pays, aujourd’hui émergents, comme la Chine. Analysant l’économie de la Chine sur une longue période, Shapiro Howard,  montre qu’il est possible de capitaliser les « transformations structurelles » intervenues dans une économie et qui la font passer d’une économie essentiellement agricole à une économie industrielle.

De 1952 à 2004, le poids de l’agriculture dans le PIB de Chine est passé de 50% à 14%[5]. Ces résultats ont été possibles grâce au volontarisme du gouvernement chinois, qui envoya des ingénieurs et des scientifiques dans les campagnes pour transférer les connaissances et la technologie aux agriculteurs et encourager la croissance des entreprises non agricoles (Shapiro, 2017). Le partage des connaissances, combiné à de meilleures liaisons d’infrastructures entre les petits agriculteurs, les usines de transformation et les entreprises de vente au détail, est au cœur du succès de la Chine.

Dans le contexte des pays Africains, il est indéniable que compter seulement sur les ressources de l’Etat et les structures publiques d’appui au développement rural de l’Etat limiterait ce processus. Dans ce contexte, nous pensons que les Startups ont aussi leur rôle à jouer.

Pourquoi les enjeux du développement rural et l’agriculture sont une opportunité pour les Startups ?

La dynamique de transformation et de croissance en cours dans l’ensemble des pays Africains est une opportunité à saisir pour les jeunes Startups. S’il est vrai que la croissance est beaucoup plus perceptible en zone urbaine, elle crée aussi des opportunités dans l’ensemble des zones rurales, avec la hausse des prix globaux des matières premières agricoles ses dernières décennies. La démographie galopante dans ces zones est aussi une opportunité à saisir. Nous pensons que les Startups Africaines doivent se les approprier, pour saisir les opportunités suivantes :

  • Améliorer l’accès aux intrants et aux systèmes agricoles améliorés aux producteurs:

Le Challenge pour les Startups de l’agribusiness est de trouver les meilleures stratégies possibles afin d’assurer la disponibilité en semences et en intrants de qualité aux petits producteurs. En effet avec les défis du changement climatique, les challenges sont l’agriculture intelligente, les semences améliorées et tolérantes, les engrais, et les kits de petite irrigation. Dans ce sens, certains besoins des Startups sont en train d’être résolu par la recherche.

Certains projets d’appui au secteur agricole procèdent à la domestication et à l’amélioration génétique de certains aliments traditionnels ou cultures orphelines. A tire d’exemple, le Consortium africain des cultures orphelines (AOCC) va procéder au séquençage des génomes de 101 cultures africaines sous-utilisées et mettre ces informations à disposition du public. Selon Tony Simons, Directeur Général de ICRAF, « ces nouvelles données permettront aux spécialistes de la reproduction végétale d’utiliser les mêmes techniques que celles utilisées dans les cultures en Europe, à l’image du maïs par exemple et de faire rapidement
progresser les cultures africaines » [6].

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Production de céréales selon l’espace_World Resource Institute
  • Organiser le marché local des produits agricoles

Comme le souligne Bruno Losch dans son article au titre évocateur, « L’Afrique des villes a encore besoin de l’Afrique des champs » (Losch, 2014), un des canaux de libération de l’Afrique rurale est de permettre aux paysans de bénéficier du juste prix de leur labeur. En effet, depuis les indépendances les initiatives publiques en termes d’organisation de la commercialisation des produits agricoles n’ont jamais eu de succès réel. Parallèlement, les intermédiaires informelles entre les pauvres paysans et les villes ont toujours payé aux paysans leurs produits à des prix de misère.

C’est cette fracture entre la demande et l’offre que tente d’améliorer l’Ivoirien Khan Jean Delmas Ehui avec son Projet Lôr Bouôr. D’après les prévisions des Nations Unies[7], plus de la moitié de la croissance de la population mondiale d’ici 2050 devrait se produire en Afrique. La population de ce continent pourrait ainsi plus que doubler d’ici 2050, passant de 1,1 milliard aujourd’hui à 2,4 milliards en 2050, pour atteindre 4,2 milliards d’ici 2100. Et il faudra nourrir ces populations dont la majorité vivra en villes. Il faudra, non seulement, produire en quantité suffisante et en qualité, mais aussi et surtout trouver des acteurs et des canaux équitables pour « envoyer » les produits des champs vers les villes.

  • Appuyer la mécanisation et la transformation des produits agricoles en milieu rural

Les besoins de mécanisation et de transformation des produits agricoles sont tous les bienvenus en vue d’accompagner les dynamiques de créations de pôles agroindustriels au sein de nos pays. Les Startups doivent inonder cette niche en vue de créer de la valeur ajoutée au niveau local. Comme l’a dit Bakayoko Lamine CEO du Groupe AVVA, il existe autant de spéculations agropastorales qui n’attendent qu’un tout petit peu de valeur ajoutée, combiné avec une micro ou mini industrialisation pour favoriser la création de nombreux emplois et la sédentarisation des milliers de candidats à l’immigration.

  • Faciliter l’accès à l’éducation et à la santé

La santé et l’éducation sont une préoccupation pour l’ensemble des pays d’Afrique subsaharienne. En milieu rural, elles sont très importantes car elles agissent sur la productivité et l’autonomisation économique desdites populations. Toutefois, des investissements sont consentis et des réformes opérées dans le secteur par les gouvernements dans l’objectif d’améliorer la qualité et l’accessibilité des soins et de l’éducation pour tous. Avec la libéralisation des secteurs de la santé et de l’éducation, des initiatives de jeunes dans ce secteur peuvent améliorer les indicateurs de santé et d’éducation en milieu rural et aussi réduire la fracture entre les zones urbaines et rurales.

Ces initiatives peuvent aller de la création d’écoles adressant des nouvelles thématiques comme proposées par l’African Leadership Academy du Ghanéen Fred Swaniker et de cliniques en milieu rural à l’introduction d’innovations technologiques. Dans cet ordre d’idée, nous pourrons parler au niveau de la santé de CardioPad du Camerounais Arthur Zang dont l’objectif est de combler le déficit de Médecin spécialiste des Maladies du cœur et au niveau de l’Education, du sac solaire SolarPak qui veut faciliter l’apprentissage aux élèves vivant dans les zones rurales (selon la BAD 700 Millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité).

Conclusion

L’une des contraintes pour la lutte contre la pauvreté a été résolue en partie sur certains continents. Les études de cas en cours d’expérimentation en Afrique démontrent que les gouvernements, les entreprises et les associations de la société civile peuvent offrir des services agricoles aux agriculteurs. De jeunes inventeurs et chercheurs Africains ont mis au point des outils, des procédés peu couteux et efficaces dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’agriculture et de l’énergie. Nous devons simplement imaginer des stratégies indigènes qui nous permettent de faciliter l’accès à ces solutions aux populations Africaines, vivant dans ses localités dites reculées. Le véritable défi aujourd’hui pour endiguer la pauvreté en Afrique reste donc la bataille de la stabilité et de la « logistique ».

Pour réussir ce challenge, nous avons besoin de volonté, de plus de personnes, dirigeants d’initiatives de développement humain au sein de leur Startups. Pour voir croître ces initiatives, nous pensons qu’il faut plus de personnes qualifiées dans les domaines du développement humain, des spécialistes de la santé, de l’éducation, de la formation des agriculteurs et des commerciaux. Des personnes qui dédient leur carrière pour améliorer les conditions de vie des autres.

La rentabilité des entreprises sociales Africaines n’est plus à prouver. Le principal combat reste maintenant celui de la synergie de leur effort en vue d’appuyer une gigantesque opération de plaidoyer auprès des investisseurs nationaux et internationaux. Les capitaux privés et les philanthropes dans le monde doivent savoir qu’il existe une armée de jeunes dédiés au combat de la lutte contre la pauvreté, maitrisant mieux les écosystèmes africains et qui ont besoin de plus de fonds de roulement et de capitaux risques pour accroître leur impact. Selon Andrew Youn CEO de One Acre Fund « Techniquement parlant, c’est incroyablement possible de mettre fin à la pauvreté. Nous devons juste distribuer des biens et services reconnus à tout le monde. ».

 

Contributeur:  GUENIN SAHI Stephane Diomandé, Ingénieur Agroéconomiste

Références bibliographiques

Losch, B., 2014. L’Afrique des villes a encore besoin de l’Afrique des champs, Le Déméter 2014, p. 95-114.

Losch B., Magrin G., Imbernon J. (dir.), 2013, Une nouvelle ruralité émergente. Regards croisés sur les transformations rurales africaines. Atlas pour le Programme Rural Futures du NEPAD, Montpellier : Cirad.

Hugo Mwanza et Kabata Kabamba, 2002. « Pauvreté et marginalisation rurales en Afrique au sud du Sahara », Belgeo, 1 | 2002. URL : https://belgeo.revues.org/15423 ; DOI : 10.4000/belgeo.15423

PANAFCI (2014). Défis, propositions et engagements des organisations de producteurs et de la société civile pour la promotion de l’agriculture familiale en Côte d’Ivoire. Document de propositions de mesures politiques pour le développement de l’agriculture familiale. Inades-Formation Côte d’Ivoire, décembre 2014.

Kathleen Beegle, Luc Christiaensen, Andrew Dabalen, Isis Gaddis, 2016. Poverty in a raising Africa. Washington DC : World Bank, [2016].

Lewis, W., 1954. Economic development with unlimited supplies of labour. The Manchester School 22, 139–191.

 

Autres ressources et vidéos sur le sujet

[1] https://www.infodev.org/publications/green-industries

[2] https://www.fao.org/nr/water/aquastat/data/query/results.html

[3] Plateforme d’Action Nationale pour l’Agriculture Familiale en Côte d’Ivoire

[4] Cette théorie soutient la thèse d’un unique sentier de développement (Chemin de Lewis), par lequel les pays en développement transforment la structure de leurs économiques et passent des économies centrées sur l’agriculture à des configurations plus diversifiées, basées sur l’industrie, puis les services et les télécommunications (Losch, 2014).

[5] Contribution de Shapiro Fighting economic inequality through the food supply chain

[6] https://www.fao.org/news/story/fr/item/1032668/icode/

[7] https://www.un.org/french/newscentre/

 


La finale de la CAN 2017 vue de l’Egypte par un Lion Indomptable !

Quand le football devient l’opium du peuple !

Je sais que je vais même débuter l’article ci par où nor pèr ! Un piment épicé de joie vibre dans mon cœur  ! En tout cas allons seulement : ça sort comme ça sort, Hallatoul comme disent mes amis égyptiens…
Avant la finale de la CAN 2017, il fallait être en Egypte pour comprendre que le football ici c’est plus qu’une passion mais une religion. Le foot ici c’est « l’opium du peuple » comme dirait Karl Marx.

Avant le choc pharaonique ! 

A 11h : Lorsque je me rends chez le boutiquier du quartier pour acheter les épices pour sauter un petit repas, je vois des gamins d’environ 7 ans venir acheter des Vuvuzelas. L’épicier se rendant compte que je souriais, me demande : « Cameroonii, Ifriqiya… ? ». Quand il se rend compte que je suis un camerounais, l’équipe contre laquelle ils livreront la finale, il se moque en me signifiant qu’il vont nous renvoyer dans la forêt ! J’esquive l’attaque et je rétorque que le meilleur gagnera en le prévenant que cela ne sera pas aussi facile qu’il le croit.
15H56 : Dans l’après-midi, je suis moi en train de « flex » devant un article quand des hourras répétitifs me perturbent. Je descends dans la rue pour « look » et le Rouge-Blanc-Noir envahi mon champ visuel. Des écrans géants s’installaient de part et d’autres à chaque coin de ruelle. Les salons de café et de Chicha espaces classiques, pour regarder les matchs étaient bondés dès 18h. Tandis que certains jeunes s’amusaient à défiler avec le drapeau égyptien dans des voitures, d’autres soufflaient à gorge déployée dans leur vuvuzela ! Laissez moi vous dire que même les femmes s’y mettaient également ! Un concert cacophonique mais dont la mélodie finit par émerger à force d’écouter.
Vers 19h17 : les rues ne sont plus bondées, elles sont inondées ! Les femmes ont entraîné leurs petits avec elles. Des familles entières sont là scotchées devant un écran, qui crache des paroles incompréhensibles pour moi mais qui incitent, suscitent et excitent l’émoi des fans ! On voit des enfants qui se sont tatoués le visage aux couleurs de l’Egypte.
20h : La tension est à son comble ! Tout le monde est présent : même la grand-mère a rejoint les petits-fils devant l’écran. Les rues deviennent des églises à ciel ouvert où les fans tels des ouailles, attendent impatiemment le lancement de la compétition pour assister à la « chasse » du Lion par le Pharaon. Ils écoutent cérémonieusement le rapporteur du match comme un abbé ! Chaque mot déclenche un soupir, chaque phrase les fait tressaillir davantage.
20h30 : On retransmet la séquence vidéo où notre capitaine Rigobert Song alias Maniang perd la balle qui permettra au joueur égyptien Zidane d’inscrire le but qui donnera la victoire à l’Egypte lors de la CAN 2002. Mamaaaaa ! C’est l’enjaillement que tu voulais voir ! Ils commencèrent à festoyer et à célébrer avant même le début de la rencontre car rassurés par cette belle réminiscence ! Oubliant cependant que « souvenir » et « devenir » riment certes mais ne friment pas ensemble ! Ils ignoraient que l’effervescence d’une réminiscence est périlleuse : « on ne vend pas la peau du Lion avant de l’avoir tué » ! Mais surtout qu’un animal blessé devient plus dangereux qu’un crotale !

Des supporters caméléons… !

21h : Au lancement du match, la tension est à son apogée ! Les grands parents, les parents, les enfants, les voisins et même les boutiquiers abandonnent leurs activités et se concentrent, comme durant une prière, devant leur écran. Le regard fixe, le corps tendu, ils attendent l’instant de délivrance… Qui ne tardera d’ailleurs pas avec l’inscription du premier but égyptien ! Mamaaaaa ! Ce sont les bruits que tu voulais entendre ! Déchaînés, ils créèrent un vacarme assourdissant tandis que nous nous plongions dans un silence éloquent, pareil à une veillée mortuaire !
Ah Mofmidé, c’est ici que j’ai confirmé que les camerounais sont de vrais caméléons: il fallait voir comment des insultes fusaient par ci et par là à chaque fois que nos joueurs dégommaient (comme si c’était facile) ! C’est même un collègue tchadien du nom de Muna Sawa qui réussit à nous redonner le sourire et la confiance en l’équipe. Et il prophétisa même l’issue finale du Match : Cameroun 2-1 Egypte !
Si l’égalisation de Nicolas Nkoulou a mis du sel dans la sauce égyptienne, le but victorieux majestueusement inscrit par Vincent Aboubakar sera le piment qui finalisera la cuisson de la sauce : on était prêt à consommer la victoire ! C’est la joie que tu voulais voir : Burkinabé, Béninois, Tchadiens, Congolais…criaient, sautaient, chantaient à tue-tête car agréablement surpris par le retour de l’équipe ! Unis derrière les lions, nous ne formions plus qu’une nation : nous avons paniqué, stressé puis célébré… Ensemble !

Du piment au ciment social.

Au regard du contexte, nos manifestations de joie se devaient d’être contrôlées et mesurées car nous étions sur le territoire des vaincus et nous savons tous que la défaite et la colère sont de mauvaises conseillères… Lorsqu’on met : Défaite + Colère + Samara = Indigestion ! La sauce devient très pimentée, étouffante et difficile à avaler surtout pour des fanatiques du ballon rond !
Retourner dans nos domiciles respectifs devint donc un parcours du combattant ! Ignorant la réaction des supporters égyptiens, nous craignions des représailles ! J’ai d’abord commencé par changer mon maillot des Lions indomptables pour le mettre à l’envers : owoo prévenir vaut mieux que guérir ooh … En chemin, un égyptien s’adressa à une collègue camerounaise :
– « Enta Camérouni ? (Es tu camerounaise ?)
– Là, (non! ) répondit-elle avec empressement !
Ce refus circonstanciel d’appartenance à la nation camerounaise me fit immédiatement penser à Pierre reniant involontairement sa relation d’avec Jésus-Christ afin d’échapper à… la persécution ! C’est sur ces entrefaites que nous rejoindrons paisiblement nos domiciles. Plus de peur que mal mais la fierté dans l’âme. Discipline + Détermination = Victoire ! Bien que Fabrice Ondoa soit bon ou ait un don comme Christian Bassogog, c’est à toute la tanière que revient la victoire ! Les égyptiens, désenchantés, désillusionnés, déçus, désemparés, déboussolés… n’en revenaient pas… Ils venaient de perdre la CAN face à des Samara (Noirs) et c’est ce qui, je crois les blessent le plus !!!

Après l’euphorie de la victoire, revient la dysphorie notoire du « problème anglophone » avec les violations des libertés fondamentales qui gangrènent actuellement mon beau pays ! Ne soyons point distrait, suivons et impliquons nous activement dans la marche en cours de l’Histoire nationale…


La Légende du Roi Wazal (Fin)

Ton grand-père Wazalking, se souvenant subitement qu’il avait laissé la marmite sur le feu, se rendit aussitôt à la cave. Il trouva son fils qui planait dans les airs, à dix mètres du sol. Il fit reculer au fond de la pièce son serviteur puis il prononça une formule magique : il utilisa trois lettres « wzl » pour communiquer avec les ancêtres. Trois minutes plus tard, Wazalion sortit de son emprise et atterrit, ébaubi, sur un banc. Wazalking le confia au serviteur afin de l’emmener dans sa chambre. Il prit le temps d’éteindre soigneusement le feu et de ranger la cave. Wazalion, dans son sommeil entra en communication avec sa défunte mère Wazaliane. Elle lui annonça la mort prochaine de son père et qu’il en serait le successeur. Elle lui expliqua également qu’il devrait se rendre en haut du Mont Cameroun, appelé Montagne des dieux afin de rencontrer le Bantoutator, guerrier Bantou qui a combattu aux côtés du roi, afin de récupérer ses pouvoirs et d’apprendre à les maîtriser.

De la même façon pour toi, après avoir récupéré les pouvoirs de ton père, tu devras retourner au village, et afin de prendre les bonnes décisions, tu devras toujours être en harmonie avec les wazalciens pour prendre soin du peuple. En effet, les wazalciens sont les Sages du village, ne l’oublie jamais, même si tu es le roi, leur sagesse est incontournable.

Mais avant cette première épreuve, je dois te livrer encore un autre secret.

–          Mais, fais donc, allons-y !

–          Tu as un petit frère Wazalstyle

–          Un frère ! Mais je suis fils unique !

–          Il a été conçu hors mariage ; il a toujours vécu à Wazalville. Il a hérité d’un don de créateur : c’est lui qui a confectionné toutes les tuniques et vestes du village, ainsi que celle que tu portes aujourd’hui. La couronne ne l’a jamais intéressé.

–          Où est-il ?

–          Les Mécanikators alliés aux Futurators, l’ont pris en otage lors de la dernière attaque contre Wazalville.

–          Mais que cherchent-ils, que veulent-ils ?

–          Ils utilisent ses dons afin de gagner des concours face aux autres créateurs. Il est maintenu attaché par des chaines aux poignets avec des électrodes sur le corps et sur le crâne.

–          Et surtout, ils cherchent à conjurer la prédiction entrevue par Futurator : leur perte lors de la prochaine attaque. Ils veulent donc s’emparer de la racine du tissu Wazaliane et avoir ainsi tous les pouvoirs pour être à la tête de tous les empires.

Ta première mission sera de sauver ton frère.

–          Mais comment le pourrais-je, je ne le connais pas ?

–          Wazalstyle a le crâne nu et sur le haut un « W »

Détailler l’histoire du frère : il a deux dons dont un qu’il ignore

Préciser l’alliance obligatoire des deux frères (l’un ne peut réussir sans l’autre)

Les premiers entraînements commencèrent pour Wazal car Wazaldringo voulait qu’il soit prêt pour l’ultime combat.  Ils décidèrent d’apprendre tous les rudiments, et charges attribuées à un roi. Il travaillait dur, était aussi à l’écoute et ne se laissait distraire par personne. Excepté par cette jeune femme qui entrait au palais avec sa mère, la servante qui accomplissait des tâches ménagères du  feu roi Wazalion. Appelée Eliane, elle venait souvent aider sa mère. Wazal était attiré par elle,  mais n’osait pas le lui dire, ni même se l’avouer. Un jour à son réveil alors qu’il faisait le tour de son royaume il entendit les cris d’une jeune fille et de plusieurs hommes. Il se précipita au palais et ouvrit la chambre d’où venaient les cris : Il vit deux hommes autour de la jeune servante.

–          Qui êtes-vous, que lui voulez-vous ?

–          De quoi te mêles-tu jeune homme ? Nous avons ordre de la capturer.

La jeunesse fille, leste et rapide comme l’éclair, profitant de l’irruption de Wazal, donna un coup de pied au premier homme mais le deuxième se précipita sur elle et en profita pour lui fixer une puce sur l’épaule. Elle dut les maîtriser sans même l’aide du roi. En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, le tour était joué. Aussitôt après elle s’en prit à Wazal :

–          Deux hommes veulent me kidnapper, et toi tu converses avec eux, au lieu de me  venir en aide. Sache que je n’ai peur de personne ni de rien. On m’appelle la Rebelle !

–           Tu as raison je te présente mes excuses, mais qui t’a appris à te battre ? J’aime ta façon de te battre. Mais que faisais-tu dans la chambre seule, sans ta mère ?

–          Quand ma mère n’est pas là je la  remplace.

–          Et les hommes tu les connais ?

–          Non !

Le roi appela les gardes pour aller à la recherche des deux hommes afin de les enfermer. Mais ils étaient déjà bien loin et les gardes revinrent bredouille.

Aussitôt les espions prirent la route vers la tribu des Mékanikators afin de faire le compte-rendu de leur mission. Les mécanikators et Futurators  les attendaient avec impatience et espéraient des bonnes nouvelles. Les espions humiliés et honteux de leur échec face à une femme, rapportèrent une histoire des faits, quelque peu transformée : ils n’avaient pas pu capturer Eliane car le jeune roi avait surgi et tout mis en œuvre pour les en empêcher. Après un long et rude combat, ils avaient dû prendre la fuite, non sans avoir auparavant installé la puce sur l’épaule de la jeune fille. Les mékanicators, furieux de cette défaite, brûlèrent leurs oreilles, et ils se concertèrent avec les Futurators en vue d’échafauder un nouveau plan.

 

Le quotidien des Wazalgeois :

Parmi les wazalgeois il y avait quelques soldats du roi wazal ; ils passaient beaucoup de leur temps libre à jouer au rugby. C’étaient des hommes  robustes, ils aimaient les sports qui faisaient appel à la force physique. En guise de maillot, ils revêtaient des tuniques pour jouer au rugby et également afin de plaire aux femmes. Ils avaient créé une technique de jeu unique et très particulière. Le roi prenait beaucoup de plaisir à les regarder jouer, perché sur la tribune avec quelques wazalciens. C’était aussi l’occasion pour lui de choisir les meilleurs soldats.

 

Certains wazalgeois aimaient cultiver, pêcher et chasser

Wazaldringo : l’Ancêtre

Wazalking : père de Wazalion

Wazalion : Fils de Wazalking et père de Wazal et Wazalstyle

Wazal : fils du roi Wazalion

Wazalcien : les anciens

Wazalstyle : demi-frère de wazal

Wazallionne (née …) : femme de Wazal

Wazall’âme : épée de Wazal

Wazaliane : épouse de Wazalking et mère de Wazalion – tissu protecteur et magique

Mécanikators : tribus voisines – hommes avec un mélange de mécanique gladiateur et terminator

Futurator : tribus voisines : des méchants

Margeritator : femme mi humaine mi fleur inspirée d’une fleur  marguerite

Toureiffelysée : un mélange de tour Eiffel et de champ Elysées

wazalkaliflagilistik : mot magique pour faire apparaître des dessins géométriques

Les tribus : Mécanikator ; Futurator ; Toureiffelysée ; Margueritator


La Légende du Roi Wazal (deuxième partie)

Wazal n’eut pas le temps de répondre, la Voix s’était évaporée. Quelque peu perturbé par l’Intrus mais néanmoins courroucé, il reprit son chemin pour retourner au village. Il ne fit part à personne de cette « rencontre » et pensa vite oublier la « mésaventure ».

Si pour le roi ses journées se déroulaient paisiblement, comme habituellement, en revanche ses nuits devinrent de plus en plus agitées. Des rêves étranges de pouvoirs occultes, de guerre, d’incendie, d’attaque de son royaume venaient hanter son sommeil. Pour fuir ces cauchemars, le roi se mit à veiller, mais sans pour autant faire de lien avec sa rencontre avec Wazaldringo. Après dix nuits d’insomnie, exténué, il alla voir les anciens pour trouver la clef de ses songes. Un des anciens qui possédait un don de clairvoyance perçut tout de suite la situation de Wazal. Il ne lui donna qu’un conseil : faire appel, dans ses songes, à Wazaldringo. Wazal, furieux, repartit obstiné et bien décidé à se débrouiller seul car même les anciens ne lui faisaient pas confiance ! Il lui fallut encore une semaine de veille pour entrevoir la nécessité d’écouter les anciens et de solliciter Wazaldringo. Il était exténué, irritable, son esprit était confus, son entourage ne le reconnaissait plus !

Humblement, il implora Wazaldringo, il lui assura être prêt à recevoir ses conseils pour protéger son peuple. Alors, la Voix de l’Ancêtre revint la nuit suivante pour lui conter ses enseignements :

–          Je suis venu t’enseigner comment entrer en possession de tes pouvoirs

–          Mais de quels pouvoirs parles-tu ?  Est-ce en lien avec les menaces sur Wazalville ?

–          Tu dois protéger ton village comme tes ancêtres l’ont toujours fait ainsi que l’étoffe précieuse wazaliane que tu portes.

–          Mais je suis un voyageur, je ne suis pas digne d’être un héros !

–          Tu es le digne fils de Wazalion, donc tu es digne de ta mission et de ce que l’on attend de toi, selon la prophétie.

Ils conversèrent longuement, la confiance s’installa et l’Ancêtre lui conta la prophétie :

« Juste avant de mourir, ton père Wazalion a demandé à ne pas être enterré. Les wazalciens ont respecté son vœu et ils eurent l’idée, afin de le protéger, de conserver son corps au creux d’un moabi, appelé arbre de vie. C’est un arbre rare et sacré. Mais après quelques semaines, un jour que les anciens vinrent se recueillir sous l’arbre, ils eurent la surprise de découvrir à la place du corps du roi, une huile de couleur fauve, rappelant la couleur du pelage du lion, mélangée à la sève de l’arbre. Les anciens se réunirent plusieurs fois afin de réfléchir à l’utilisation de cette huile et sur mes conseils, ils décidèrent de verser l’huile dans la rivière qui coule le long de la terre de tes ancêtres. Lors de leur concertation, j’ai signé un pacte avec eux afin que personne ne s’aperçoive de la disparition de la tête de Wazalion.

 

Cette huile est le symbole de la puissance de ton père, tu dois la récupérer. Pour cela, tu devras nager jusqu’au milieu du lac Tchad, un des plus grands lacs du monde et dont les eaux sont douces ; tu verras alors une tâche ayant la couleur du lion. Tu plongeras au milieu de cette tâche d’huile et la magie opèrera alors : tu auras des cheveux nattés en forme de queue de lion et une épée gravée sur le haut du dos, il s’agit de l’épée Wazall’âme, qui signifie respect, puissance et créativité. Grâce à cette épée, qui se transmet de père en fils, tu possèderas le pouvoir, la force, le courage et la rapidité de mille lions.

Je dois te conter encore l’histoire de cette huile magique : le père de Wazalion, ton grand-père Wazalking, était guérisseur. Il savait composer de savants mélanges de potions afin de guérir les siens. Dans un village lointain, vivaient deux tribus, les mécanikators, et les futurators : on les appelait ainsi car leurs armures étaient fabriquées à l’aide de pièces mécaniques de moteur, un mélange de mécanique gladiateur et terminator.  Un jour, les mécanikators alliés avec les futurators ont lancé une attaque contre le village de Wazalville car ils souhaitaient récupérer la racine du tissu protecteur. Afin de protéger son village, ton grand-père élaborait un mélange de toutes les herbes et huiles qui se trouvaient dans sa cave. Il souhaitait aussi multiplier ses forces. Avant de tester sa potion, il fallait la laisser mijoter doucement. Il s’éloigna quelque temps de la cave. Mais ton père, qui rentrait de voyage alla directement voir son père à la cave ; trouvant une marmite entrain de bouillir, curieux du contenu, il goûta sans réfléchir à la potion. Aussitôt, Wazalion se mit à tousser puis il ressentit un malaise. Après quelques minutes il se ressaisit et se leva. Mais quand il regarda autour de lui, il découvrit avec effroi le sol à deux mètres de son corps : il planait !!! Il tenta en vain d’appeler son père : aucun son ne sortait de sa gorge. Son père, loin d’imaginer le retour de son fils, mais cependant doté d’un sixième sens s’enquit auprès d’un serviteur afin de vérifier son intuition : son fils, de retour en effet et le cherchant, s’était rendu à la cave !

N’hésitez pas à trouver la fin de l’aventure dans le prochain épisode !