Cette rencontre inoubliable…

Article : Cette rencontre inoubliable…
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06/21/2016

Cette rencontre inoubliable…

Les rencontres imprévisibles sont prévisibles.

       La plupart des gens pensent que les choses qui leur arrivent sont fortuites. Ils ne voient pas les complicités entre les événements auxquels ils sont mêlés, les rencontres qu’ils font, leurs rêves, leur choix. On ne s’en rend

Nervures d'une feuille.
Nervure, lignes du destin
Credit image: Marie Romanca

souvent pas compte mais toutes nos rencontres ne sont point fortuites. Elles ne sont point le fruit des astres ou de la providence. Et comme on a coutume de le dire :

Il n’y a pas de rencontre au hasard, il n’y a que des rendez-vous.

Toutes les personnes que nous rencontrons ont un rôle, une note particulière à apporter à la musicalité de notre vie. Il y’a des rencontres qui changent une vie, d’autres par contre en détruisent. Des destins sont impactés par des rencontres. Quand vous écouter le récit biographique de grandes figures historiques, vous verrez toujours que le cours de leur vie a été influencé par des rencontres. Des jeunes aussi sont en déperdition parce qu’ils n’ont pas encore fait de bonnes rencontres. On voit certains parents qui s’arrangent pour que leurs enfants rencontrent telle personne et pas telle autre : craignant les effets pervers de cette dernière sur l’imaginaire de leur progéniture. Mais pour moi, il n’y a guère de bonne ou de mauvaise rencontre : toute rencontre participe à la construction de notre expérience de la vie et nous assagit. En effet, «même les rencontres de hasard sont dues à des liens noués dans des vies antérieures… tout est déterminé par le Karma. Même pour des choses insignifiantes, le hasard n’existe pas » constate Haruki Murakami.

Ne vous y méprenez point, je n’écris point pour ratiociner sur mes considérations de la rencontre mais pour vous relater non pas la rencontre mais UNE rencontre : singulière, unique et exceptionnelle.

      Cette rencontre se fit au début de mon parcours universitaire dans la ville de Dschang en 2010. Jeune bachelier, je venais d’abandonner mes parents pour rejoindre cette cité universitaire où je ne connaissais absolument personne. J’étais d’ailleurs trop méfiant pour entreprendre toute démarche de ce genre. La plupart des parents conçoivent l’Université comme un océan abondant de loges, et de requins qui dévorent les petits poissons. Des commandements du genre « ton trajet est borné entre ton domicile et l’université : pas de déviation » ou «  ton meilleur ami c’est ton cahier » … étaient bien ancrées dans ma mémoire.

Mais ces barrières s’évanouirent lorsque je fis UNE rencontre…

       Je prenais le programme des cours au babillard lorsque je fus interpellé en ces:

  • « Petit frère », tu peux nous aider un peu ? Quelles sont les matières de la filière Bilingue dans ce magma?

         Tout surpris, je me retournais pour découvrir deux jeunes et jolies femmes menues, rondes et potelées. C’était l’ainée, Julie, qui m’avait posé la question et j’y répondis avec empressement, leur donnant même des indications supplémentaires. Elle me fit donc comprendre qu’elle était venue assister sa sœurette, qui elle aussi, venait d’arriver dans la ville et (heureusement) faisait la même filière que moi. Elle nous encouragea donc à échanger les contacts afin que sa petite sœur puisse récupérer mes notes de cours et partant rattraper son retard académique.

        Comme tout homme, j’acquiesçais rapidement, voyant là une perche ou une potentielle relation à l’horizon. En effet, comme je vous l’ai dit plus haut : elle était ronde, le buste cambré, sa peau noire ébène donnait un relief singulier à son sourire : son arme fatale. Ce sourire respirait l’innocence et transmettait la gaieté. Elle avait des yeux larmoyants qui étincelaient comme des pépites au soleil. Je ne puis donc m’empêcher de développer, inconsciemment, des intentions ! (Je suis sûr que cela vous arrive aussi parfois). Mais après quelques semaines, je m’aperçus qu’il s’agissait juste d’une attirance passagère. Je ne le réalisais déjà pas mais ce fut là le début d’une longue et profonde amitié qui perdure jusqu’à aujourd’hui.

Akono Crescence
Hbd Lupita. Credit Image: Necc, 2010.

        Nous avons passé des moments euphoriques mais aussi dysphoriques, partagé des joies et des peines, des frustrations et des déceptions communes et réciproques. Mais, ensemble nous avons toujours pu les surmonter. Elle était mon ombre : mon pied ton pied. A tel enseigne que mes copines la jalousait au vu de sa prégnance dans ma vie : je ne prenais presqu’aucune décision sans lui en faire part. Des amis soupçonnaient même que nous étions plus que des amis au vu du degré de complicité que nous partagions. Mais je prenais toujours la peine d’expliquer qu’il n’en était rien. Certains me crurent, d’autres pas. Comme on dit chez nous au Cameroun, c’est le cœur du bandit qui bat.

         

             Des fois, je me dis que si Dieu ne l’avait pas créé, je l’aurais fait ! Elle me comprend tant, devine voire prédit mes actes et cela me laisse souvent pantois. En effet, j’ai une personnalité et une philosophie de la vie très simple mais tout à la fois complexe et ambiguë. Les ramifications de ma pensée s’avèrent parfois difficile à cerner, mais j’étais surpris de voir qu’elle avait réussi à le faire. J’en devenais même parfois frustré car ne pouvant rien lui cacher, j’étais comme nu devant elle. Cette habilité, elle le partage uniquement avec ma cadette. Elle est ma conseillère, ma confidente…Bien plus, une sœur pour moi !

Aujourd’hui c’est le jour de son anniversaire !!! Jour mémorable car symbolique de la fête la musique. En ce jour, nous faisions fête et folie, nous amusions comme de petits enfants. MAIS…

          Je suis à des milliers de kilomètres d’elle. Évoluant seul comme un bohème. Son absence m’est devenue cruelle. Son sourire, nos fous rires, ses plaisanteries, sa joie de vivre et le souvenir de ses jolis petits pieds me rattrapèrent finalement. Loin des yeux mais près du cœur a-t-on coutume de dire mais l’on oublie très souvent que le cœur et la mélancolie ne font pas bon ménage. Or cette dernière m’étreint férocement à l’instant où je saisis ces lignes, seul dans mon bureau à Paris, elle à Yaoundé.

    Ecrire devenait donc cathartique : cela me permet d’exprimer cette frustration qui jaillit de mon impuissance à pouvoir partager ce moment unique avec elle. C’est vrai, me direz vous, l’anniversaire se fête au quotidien, mais la richesse et la singularité de ce jour réside dans sa fréquence et sa traditionnalité.

        J’espère que, où qu’elle soit, malgré le fait que le réseau 4G se soit noyé dans l’Atlantique, qu’elle pourra lire ces petites lignes, ce court récit qui au final ne vise qu’à lui dire exprimer mes voeux de bonheur pour son Anniversaire  mais surtout lui témoigner la place singulière qu’elle occupe dans ma vie depuis … cette rencontre.

Elle c’est Crescence MBOE AKONO, ma lupita.

Digne fille d’Akonolinga, I believe in you !

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Commentaires

Crescence
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Ceeeee, mon chéri j’ai pas de mots je suis si émue
Dieu seul sait ne au combien’’ tu me manques j’ ai Du mal à croire que le temps soit passé si vite et que tout défile dans ma tête comme Si c’et Hier !! J’ ai passé de très bon moment à dschang là-bas vit une grande famille jamais au grand jamais je ne vous oublierai ma capricieuse folle pleurnicharde de petite sœur me manque énormément love u

Christian ELONGUE
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Oui oui ma Lupita ! Les années passées à Dschang et les expériences que j'y eurent auront à jamais façonné ma trajectoire. Toi ainsi que notre "capricieuse folle pleurnicharde de petite soeur" avez toujours été là pour m'épauler et m'accompagner. Que God nous bénisse et unisse davantage.