Christian ELONGUE

5 challenges pour le développement de la médecine dite traditionnelle en Afrique

De la médecine traditionnelle africaine à la médecine africaine

Bien que l’usage soit déjà institutionnalisé, je suis toujours réticent à l’idée d’employer le qualificatif « traditionnel » pour désigner la médecine africaine par opposition à la médecine occidentale qualifiée de « conventionnelle ». Pourquoi acceptons-nous des qualificatifs aussi discriminantes et manichéennes qui désignent des systèmes de santé appartenant à des cultures différentes ? En considérant la médecine africaine de « traditionnelle », nous la plaçons implicitement dans un rapport hiérarchique vis à vis de celle occidentale encore appelée médecine moderne. Et partant, on pourrait parler de néocolonialisme linguistique. En effet, le mot occupe une très grande place dans la construction de l’imaginaire et de l’identité d’un individu. Si nous acceptons toujours le paradigme statique de « traditionnel », il y a de faibles chances que nous puissions évoluer car c’est la pensée qui conditionne l’action, l’agir.

Je me suis donc appesanti sur les facteurs justifiant ce positionnement dichotomique entre la médecine « traditionnelle » africaine et la médecine « moderne » européenne. Je propose donc ainsi 5 des challenges à relever pour passer d’une médecine traditionnelle africaine à une médecine africaine.

1- L’absence de politiques définissant et reconnaissant la place de la médecine traditionnelle.

Médicament traditionnel_Afropolitanis
Vente de produit traditionnel aux vertus « miraculeuses » © urbanfm-fm

S’il est vrai que l’argent est le nerf de la guerre, alors le politique l’est davantage car c’est l’instance de décision qui entraîne les actions. Or, les pays africains, pour la plupart (25 sur 191 états membres de l’OMS) n’ont pas de politique qui fournit une « base solide pour définir le rôle de la médecine traditionnelle dans le cadre d’un système national de santé, en s’assurant que tous les mécanismes réglementaires et juridiques nécessaires soient crées pour encourager et maintenir une bonne pratique, que l’accès soit équitable et que l’authenticité, l’innocuité et l’efficacité des thérapies soient garanties » (OMS, 2002). Au Cameroun et en Afrique, des initiatives émergent sporadiquement pour la promotion et l’institutionnalisation de ce corps de métier.
La volonté politique est donc la base car sans elle le reste suivra difficilement. Tel est le cas par exemple de la représentation de la science chez les africains.

2- La « faible » scientificité de la médecine traditionnelle africaine.

      Comme je le déclarais précédemment, notre conception de la science et de l’épistémologie a été biaisée à la base et cela se vérifie dans la médecine traditionnelle. Lors d’une discussion avec le Dr. Pierre Célestin Mboua, enseignant de psychologie à l’Université de Dschang, qui m’expliquait l’idée selon laquelle la représentation de la science dans les mentalités africaines était « erronée ». Nous préférons la pratique à la théorie, car nous estimons toujours que la « théorisation » est champ qui ne nous concerne point. Que cela devrait davantage préoccuper la société occidentale. Il n’est pas rare de voir des enseignants recommander à leur élèves :

« Il ne faut pas te casser la tête pour comprendre les formules là, ce sont les problèmes du blanc, tout ce que tu dois faire c’est de les appliquer et cela me va »

       Cela est visible aussi dans la médecine traditionnelle où seuls quelques initiés maitrisent la science et l’art nécessaires pour la préparation des décoctions thérapeutiques. Mais refusent obstinément d’en livrer le secret ou la recette. En Afrique, les savoirs médicinaux se transmettent de manière générationnelle et par l’oralité de père en fils. C’est d’ailleurs pourquoi Hampaté Bâ comparait un vieillard qui mourait à une bibliothèque qui brûle. Et cette assertion demeure fatalement toujours d’actualité.

Pourquoi fatalement? Parce que d’après moi, nous avons traversé l’ère du repli identitaire ou communautaire avec l’intensification des flux de la mondialisation. Nous vivons une ère dite mondialisée caractérisée par un intérêt accrue pour l‘économie des savoirs et de la connaissance. Aujourd’hui ce ne sont plus armes qui gouvernent mais les idées. Or l’Afrique, en terme de production scientifique est à la traîne. Concernant les compositions des médicaments traditionnels, ils refusent parfois à les transmettre par crainte de perdre le monopole « commercial ». Oui! Contrairement à leurs prédécesseurs pour qui la santé était avant tout un « ART », les médecins traditionnels contemporains la considèrent davantage comme un « MARCHE » où ils marchandent leur produit aux populations. A défaut de pouvoir imposer des brevets, ils se claquemurent dans un silence herméneutique mais éloquent !

La plupart des consommateurs de produits de la pharmacopée traditionnelle ne maîtrisent que les fonctions de ces médicaments et en ignorent complètement les soubassements. Or dans une démarche épistémologique, il est toujours important de comprendre les fondations, le fonctionnement et les fonctions des phénomènes or ces éléments sont jalousement conservés par les Anciens qui ne les enseignent que selon leur bon vouloir. C’est le cas pour le maître peul Dadi Diallo qui initiera une française et conduira à la création de l’Hopital Traditionnel de Keur Massar, à 25 Km de Dakar.

3- L’absence d’une méthodologie d’évaluation uniforme des produits de la médecine traditionnelle. 

Afropolitanis_Christian Elongue
Ecorces et plantes: matières premières du Guérisseur. (adiac.org)

   L’efficacité clinique des médicaments à base de plantes a été démontrée de façon probante et est maintenant reconnue dans le monde entier. C’est le cas avec l’Artemisia annua qui permet de traiter le paludisme ou le Roi des herbes qui intervient dans la composition de plusieurs potions médicinales. Mais les usagers savent-ils seulement la dose exacte à employer ? Connais-tu la quantité nécessaire pour avoir de l’effet ? En effet s’il est vrai qu’aucune plante n’a qu’une seule vertu thérapeutique, il est aussi évident qu’un médicament peut devenir un poison en fonction des conditions de préparation et de la posologie. On débouche donc régulièrement sur des cas de complications : intoxication, empoisonnement… qui peuvent déboucher sur la mort.

D’où le problème de la qualité, de l’innocuité et de l’efficacité de ces produits. Et partant la nécessité d’une mise en place de systèmes nationaux de surveillance et d’évaluation car les pratiques de médecine traditionnelle en Afrique sont fortement rattachée aux cultures et systèmes de croyance différents. Il faut donc qu’il y’ait également le développement de « normes, méthodes, nationales ou internationales, pour les évaluer ». Cette difficulté à évaluer l’efficacité et la qualité les médicaments traditionnels rend difficile l’identification des thérapies les plus sûres appelées à être promues. Ce déficit de norme d’évaluation est par ailleurs lié à:

« l’oralité des enseignements prodigué par les anciens, marqué en outre par un caractère ésotérique particulier, et constituant un obstacle important à la diffusion des connaissances, à leur harmonisation, à leur confrontation et donc à leur perfectionnement. C’est la raison pour laquelle on se trouve en présence non pas d’une, mais de plusieurs pharmacopées africaines. (Colloque du CAMES sur la Pharmacopée et la Médecine Africaine Traditionnelle, Lomé, nov 1974, p. 2)

4- Les produits de la médecine traditionnels sont-ils vraiment abordables ? 

         L’être humain a toujours été enclin à fournir le moindre effort ou à dépenser peu pour avoir un service. Chez nous on dit souvent que « le moins cher est cher ». L’un des facteurs de réussite de la médecine traditionnelle est le coût qualifié d’abordable. Mais nous ignorons que la santé c’est la vie et par conséquent n’a pas de prix. Ces statistiques de l’OMS (2010) sont suffisamment éloquentes :

                Les statistiques démontrent de manière écrasante que ce sont les pays les plus pauvres du monde qui ont le plus besoin de traitements peu onéreux et efficaces pour les maladies transmissibles. Des 10,5 millions d’enfants décédés en 1999, 99% venaient de pays en voie de développement. Plus de 50% des décès d’enfants dans les pays en voie de développement sont dus à tout juste cinq maladies infectieuses. De même, 99% des deux millions de décès causés par la tuberculose chaque année ont lieu dans les pays en voie de développement et 90% des 30 millions de cas actuels de VIH/SIDA se trouvent en Afrique subsaharienne.

     Je suis certain que tu as déjà perdu ou du moins,  été témoin de la perte d’un être cher suite aux complications de la prise de médicaments traditionnels.

        S’il est donc vrai que l’accès à la médecine traditionnelle doit être accru, il faudrait penser à la protection des matières premières. D’une part, la protection des ressources naturelles qui tendent à s’épuiser avec la déforestation en ville et d’autre par la protection intellectuelle et la question des droits de brevet.

5- Une insuffisante éducation et formation au rôle de la médecine traditionnelle. 

      A ce niveau, il faut s’assurer que « les connaissances, les qualifications, et la formation des prestataires soient adéquates ». En effet, l’on retrouve beaucoup trop d’imposteur et de « brebis galeuses » dans ce corps de métier. Ils décrédibilisent et détruisent les efforts réalisés par les professionnels tradipraticiens. En effet, il suffit qu’un imposteur compose un mauvaise potion pour que cela impacte la vision que l’on a de cette discipline. Les règlementations au niveau des pays africains doivent donc être strictes et bien définies et l’on devrait prévoir des sanctions pénales pour les potentiels usurpateurs.

     S’agissant de la formation, nous devons amener les tradipraticiens et les allopathes (médecine occidentale) à comprendre la nécessité d’une coopération et collaboration dans la prise en charge des patients. Il faudrait aussi intensifier la recherche-développement sur les pratiques de la médecine traditionnelle, comme c’est d’ailleurs le cas avec l’ONG Prometra.

    Voilà ainsi présentés, quelques uns des défis qui, d’après moi pourraient nous faire passer d’une « médecine traditionnelle africaine à une médecine africaine ». Pour prétendre au caractère de science, notre médecine doit être davantage théorisée, les ingrédients actifs des plantes qui sont responsable de la guérison doivent être clairement identifiés et étudiés pour en faciliter la reproductibilité. Oui ! N’ayons pas de crainte, la reproductibilité de nos savoirs ne retirera rien à son originalité mais c’est un prerequis pour rendre la médecine traditionnelle africaine, universelle et « moderne ».

       Par Christian ELONGUE NGNAOUSSI


L’autonomisation économique des femmes, un prérequis au vivre ensemble.

Pour un vivre ensemble sans discrimination de genre

Le développement   est   un   processus   d’expansion   des libertés qui doit  profiter  à  toute la société.  Dans cette optique, l’égalité des genres est un objectif  fondamental  en  soi. Le genre d’une personne impacte sa vie quotidienne  et  ses  aspirations,  son  niveau  d’éducation, ses  choix  en  matière  d’emploi,  sa  capacité  à  décider  et d’autres aspects du bien-être. Il s’ensuit   que, pour   autant   que   le   développement signifie   une   moindre   pauvreté   monétaire   ou   un meilleur accès à la justice, il doit également impliquer des  disparités  moins  importantes  entre  les  conditions de vie de la population masculine et de la population féminine. Cette optique est aussi manifestement  celle de  la  communauté  internationale  pour   laquelle   promouvoir   l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes sont des objectifs de développement  à  part  entière,  inscrits  dans  le  3ème et   le   5ème    OMD.

Pour parvenir à l’autonomisation économique des femmes il faudrait apporter un soutien aux entreprises, organisations non gouvernementales et associations dirigées par des femmes par le biais d’un accès accru au crédit et appuyer l’accès des femmes à l’éducation secondaire et supérieure et aux programmes de formation professionnelle afin qu’elles puissent décrocher des emplois de haute qualité dans le marché du travail. A cet effet, le Service d’Assistance Canadienne aux Organismes (SACO), depuis 25 ans a encadré des milliers de femmes en développement économique et en gouvernance. Elle a amélioré l’accès à l’eau potable salubre dans des collectivités au Honduras, crée des associations de leadership féminin au Sénégal, améliorer la sensibilisation à une saine alimentation parmi les femmes au Cameroun Nous avons aussi  l’Association Sthenos-Phanos pour l’Appui aux Initiatives Locales (ASPAIL) qui soutient les initiatives d’entreprises locales au Sénégal. Actions et initiatives  qui touchent de nombreux aspects de la vie des femmes et améliore ainsi leurs perspectives d’avenir.

Ces organisations ont réussi à démontrer que l’égalité    entre    hommes    et    femmes    peut avoir d’importants  effets  sur  la  productivité.  En effet, les  femmes constituent maintenant plus de 40 % de la population active totale, 43 % de la main-d’œuvre agricole et plus de 50 % des étudiants universitaires à l’échelle mondiale. Pour qu’une économie puisse fonctionner à la mesure de son potentiel, il faut que les compétences et les aptitudes des  femmes  soient  consacrées  à  des  activités  qui  les utilisent au mieux. Mais, en pratique, ce n’est pas toujours le  cas  pour  de  nombreuses  femmes.

Autonomisation économique de la femme
Femmes en Inde retournant chercher du bois.

De la nécessité d’une autonomisation économique des femmes

L’égalité entre  les  genres  est  un  objectif  de  développement  en  soi car les inégalités entre hommes et femmes alimentent le sous-développement. Mais  elles  importent aussi  parce  que  la  parité  hommes-femmes  est  un  atout  pour  l’économie. L’autonomisation économique est un moyen essentiel de corriger les déséquilibres entre les hommes et les femmes, des déséquilibres qui ont, jusqu’à présent, fait obstacle au bien-être de la moitié de la population mondiale. Et comme le mentionnait le Programme d’action adopté lors de la Quatrième Conférence Mondiale des Nations Unies sur les Femmes à Beijing en 1995 : « L’autonomisation des femmes et l’égalité entre hommes et femmes sont des prérequis pour l’atteinte de la sécurité politique, sociale, économique, culturelle et environnementale parmi tous les peuples. »

L’autonomisation économique des femmes est un processus qui comporte essentiellement deux volets : les ressources et les possibilités. Les ressources de production sont les avoirs dont les femmes ont besoin pour progresser économiquement. Cela comprend des actifs corporels comme des ressources financières (revenu, épargne, crédit) et des ressources physiques (terre, logement, technologie), ainsi que des actifs incorporels comme des compétences, un savoir-faire technique et une reconnaissance sociale. Le simple fait de posséder des ressources de production ne signifie pas automatiquement que les femmes jouissent d’une autonomie économique. En réalité, de meilleurs emplois, des possibilités plus nombreuses de créer et de gérer des entreprises viables, un accès accru à la terre, à l’éducation et à l’acquisition de compétences, des occasions de participer aux processus décisionnels : voilà ce qui permettra aux femmes de sortir de la pauvreté et d’améliorer leur qualité de vie, ainsi que celle de leur famille et de leur collectivité.

Lorsqu’une femme est économiquement autonome, elle est davantage en mesure de participer aux activités économiques, de rompre le cycle de la pauvreté et de participer de façon plus reconnue aux activités politiques, économiques et culturelles qui se déroulent autour d’elle. Annie Mbatchi est de celles là qui ont appris très tôt le sens des affaires et qui par la force du travail, sont parvenus à asseoir une certaine marge d’autonomie vis à vis de leur époux. Initié par son père durant son enfance, à la gestion économique d’une pharmacie, elle en gardera les aptitudes qu’elle réinvestira dans d’autres secteurs économiques. Aujourd’hui, c’est une femme relativement indépendante qui contribue activement aux dépenses familiales en assumant certaines charges. Vous êtes sans ignoré que les hommes africains apprécient davantage ce genre de femmes qui parviennent ainsi à leur « soulager » dans les lourdes taches qu’ils ont. Certains mêmes vont jusqu’à évaluer la force économique d’une femme avant de leur épouser.

En outre, l’autonomisation économique de la femme signifie des emplois plus intéressants et plus nombreux pour les femmes dans tous les secteurs, un climat d’affaires favorable aux femmes entrepreneures et un secteur financier qui offre aux femmes une gamme de produits et services qui répondent à leurs besoins particuliers. Et surtout, l’autonomisation économique signifie la transformation de dynamiques de pouvoir injustes et l’accès à des outils et à des possibilités de réussite économique. Lorsqu’une femme possède plus de moyens et de ressources de production, elle transforme ses perspectives dans tous les domaines de sa vie, y compris l’emploi, l’éducation, la santé, le logement, la participation sociale et politique et la sécurité physique.

Le vivre ensemble, ce projet humaniste actuellement promu par les organismes internationaux est donc impossible sans une réelle prise en compte de la place et du role de la femme. Elle doit être associée à toute initiative qui concoure à son bien-être, passer du statut de spectateur à celui d’acteur. Seule une société unie et solidaire est à même de pouvoir répondre aux défis qui se présentent à elle. Les hommes et les femmes doivent donc être égaux en droits et en devoirs et être traités de façon égale par la société chaque fois qu’ils fourniront les mêmes aptitudes.


Non je ne suis pas handicapé mais handi-capable !

« Je ne suis pas un Handicapé, je suis Handi-CAPABLE »

Saviez vous que 122 millions d’enfants dans le monde vivent avec un handicap?
Saviez vous que 80% des personnes handicapées vivent dans les pays en voie de développement ?
Saviez vous que 20% des personnes les plus pauvres au monde sont des handicapés ?
 
Jo Coeijman disait:  » Le handicap n’est pas une déficience de l’âme et du coeur. Par contre ceux qui ne savent pas aimer, sont eux des déficients d’humanité ». Pour moi, la véritable injustice ce n’est pas de naître avec un handicap incurable, c’est le fait que la société n’accepte pas ce handicap. C’est notre indifférence vis à vis des handicapés qui les handicapent et non leur maladie ou déficience en elle même. Un sourire, du respect et de l’amour, c’est tout ce qu’ils nous demandent. Une organisation Libérienne : Williette Safehouse s’est donnée pour mission de contribuer à l’amélioration des conditions de vie de ces merveilleuses personnes que sont les handicapés.
We can when we dare !
Jeux Paralympiques @ Orion Flores
Peu importe qui nous sommes, peu importe qui tu es, nous connaissons ou avons connu dans notre entourage des personnes handicapées. Certains vivent dans la misère, non pas parce qu’il le veulent mais parce que les portes d’un emploi digne et formel leur a été fermé. Dans nos états africains, les programmes d’assistances des personnes handicapées n’existent que sur le papier mais dans la pratique, presque rien n’est fait pour soutenir ces personnes qui sans le vouloir se retrouvent handicapés. Certains refusent de perdre leur dignité et se lancent dans la débrouillardise, en effectuant des « petits jobs » parfois très éloignés de leurs compétences de base. Ces personnes, je les admire profondément et énormément ! D’autres par contre, après plusieurs tentatives infructueuses d’accès au travail, se résignent, la mort dans l’âme à la mendicité. Ceux ci aussi, je leur admire profondément. Pourquoi ? Parce que mendier nécessite du courage et impose du respect ! Ne les jugeons point, essayons plutôt de leur comprendre !
 
Oui ! Essayons de les comprendre car nous sommes tous d’une manière où d’une autre, des handicapés ! Il nous manque à tous, d’une manière ou d’une autre quelque chose ! La nature imparfaite de l’Homme est un handicap. Certains sont courts comme moi et auraient aimé être plus grand: c’est un handicap ! D’autres par contre se sentent mince et auraient souhaié avoir des formes différentes, un nez moins gros, une tête plus jolie… Le handicap n’est pas seulement physique c’est aussi mental…
 
Pour scolariser les enfants handicaptés c’est un parcours du combattant. Pour accéder aux administrations, commerces… c’est la même chose !!! Les parents sont démunis et seuls avec leurs enfants différents !!! Tout cela attriste !!! Quand cela va t-il changer ? Est-ce une priorité dans nos pays ? Trouvez-vous cela normal ? Est si cela vous arrivait à vous aussi ?Avec la venue du digital, les choses changent progressivement ! Les enfants handicapés, qui auparavant n’avaient pas toujours ou facilement un accès à l’école peuvent désormais s’autoformer ! J’en connais qui sont très brillant ! Vous en connaissez surement également ! Si une personne « normale » sans handicap apparent a besoin d’amour et d’attention pour être en équilibre, alors, à plus forte raison des handicapés.  
A quand le changement ? C’est pas demain qu’il viendra mais maintenant ! Tu peux dès à présent changer ton attitude à l’égard de ces personnes : leur accorder un regard chaleureux, un sourire gratuit, une aide ou soutien quelconque… La balle est dans ton camp ! Nul ne peut prévenir le futur. Qui sais ? Peut-être toi même tu te retrouveras handicapés demain ! Imagine la réaction des autres ! Imagine leur regard ! Imagine ta vie sans tes bras ! Imagine ta vie cloué à une chaise roulante ! Imagine toi incapable de te nourrir ! Imagine toi atteint d’une myopathie… ! La vie est comme une roulette russe, un poker ! Semons l’amour et nous recolterons de l’amour ! Semons de l’indifférence et nous récolterons …
 
MY ABILITY IS STRONGER THAN MY DISABILITY
 
#JESUISHANDICAPABLE


Petit chef, Futur président

Sur le parvis du mausolée séculaire et sénile il t’attend

Il attend que tu ouvres la calice de ta bouche

De ta bouche, de toi sors le secret des siècles

Femme nue, femme africaine, femme sage

Le réverbère de ma vie.

Ngo Matip

Dans le néant tu pèches le sel de la terre

L’homme dans l’océan en toi nage

Loin de ton océan interne il marche il court

L’enfant viendra sous les doux cris que seule tu pousses

Après les neuf lunes dans ton sein il viendra boire

Au ruisseau de ton saint sein. L’eau de vie

Femme nue, femme source, mère du genre pensant

Eyenga du Ntem

Fille de l’au-delà, femme d’ici, ma moitié

Claire lune de ma nuit, rayon divin de mes jours

Que puis-je sans ta compagnie ?

Toi, ma femme ! Toi la proue et la poupe de mon séjour

Séjour dans ce monde si bref, si moche si beau

L’ile terrestre où se cache la petitesse des géants

Des puissants de ce monde.

Je vous aime, nous vous adorons, ils vous idolâtrent

Femme noire, femme africaine, princesse noire

Djingo Lumière La Belle.


«Le crocrodile du Botwanga» visionné par des universitaires camerounais

Une conférence pour disséquer le film de Fabrice Eboue a eu lieu à l’Université de Dschang le 15 avril 2015

«Fabrice Eboue propose un rire réflexif sur les crises postcoloniales à travers les tendances de la postcolonie». Le Prof. Alain Cyr Pangop Kameni est arrivé à cette conclusion, à l’issue de la conférence organisée par le club bilingue de l’Université de Dschang, le 15 avril 2015 à la salle des conférences et des spectacles de l’institution. Le thème: «Le Crocrodile du Botwanga ou rire des crises postcoloniale. Outre ce spécialiste de la critique littéraire et cinématographique, le Dr Yves-Abel Feze, critique littéraire lui aussi, a siégé dans le panel. David Wateu, étudiant de Master I en Études italiennes, a modéré les échanges.

Pour opérer leur démonstration, les deux communicateurs de cette conférence ont analysé à partir d’angles différents, mais complémentaires. Le Dr Yves-Abel Feze a fait «une lecture postcoloniale» du film proposé par le réalisateur d’origine camerounaise. Pour lui, le Crocrodile de Botwanga se situe entre le «commandement postcolonial» et les crises de la race. Le film déconstruit le potentat postcolonial «qui devient un objet risible».

 

© West-Cameroon Regional News Agency / Hindrich Assongo
Le président du club bilingue, NGNAOUSSI ELONGUE ouvre la conférence

«Fabrice Eboue propose un rire réflexif sur les crises postcoloniales à travers les tendances de la postcolonie». Le Prof. Alain Cyr Pangop Kameni est arrivé à cette conclusion, à l’issue de la conférence organisée par le club bilingue de l’Université de Dschang, le 15 avril 2015 à la salle des conférences et des spectacles de l’institution. Le thème: «Le Crocrodile du Botwanga ou rire des crises postcoloniales». Outre ce spécialiste de la critique littéraire et cinématographique, le Dr Yves-Abel Feze, critique littéraire lui aussi, a siégé dans le panel. David Wateu, étudiant de Master I en Études italiennes, a modéré les échanges.Pour opérer leur démonstration, les deux communicateurs de cette conférence ont analysé à partir d’angles différents, mais complémentaires. Le Dr Yves-Abel Feze a fait «une lecture postcoloniale» du film proposé par le réalisateur d’origine camerounaise. Pour lui, le Crocrodile de Botwanga se situe entre le «commandement postcolonial» et les crises de la race. Le film déconstruit le potentat postcolonial «qui devient un objet risible».

 

© allocine.fr
L’affiche du film « Le crocodile du Botswanga »

Lecture sémiotique
Le Pr Alain Cyr Pangop, en plus du postcolonialisme, a abondamment puisé dans la sémiotique pour proposer sa lecture du «Crocrodile du Botwanga». Pour ce spécialiste des crises postcoloniales africaines, le film est une vaste critique acerbe du pouvoir postcolonial. On peut y voir, entre autres, «le système d’accueil à la fois solennel et banalisé en post-colonie, le sérieux du pouvoir et le grotesque du gouvernement politique, un président paranoïaque comme on en rencontre très souvent sur le continent africain, un président militaire caractérisé par un manque de sérieux qui ne rime normalement pas avec les Hommes de l’armée».Ce manque de sérieux est corroboré par le fait de ne pas savoir le nom de ses enfants. La scène du crocodile où le président Bobo répond à Didier «C’est de l’opposant politique» traduit «une banalisation du régime de terreur en postcolonie». C’est ce qu’Achille Mbembe appelle «le pouvoir carnassier».L’importation des armes qui doivent à tous les prix tuer, la mise en prison du ministre de l’Education nationale pour n’avoir pas su intégrer «les proverbes botwangais» à l’école, tout cela participe de cette «valorisation du sanguinaire» si souvent présent chez les leaders africains au pouvoir. Et dans ce contexte, être ministre ne signifie rien. Car, on peut passer de membre du gouvernement à «ministre des chiottes».

Le Pr Pangop s’est particulièrement appesanti sur le totémisme et la [i «mythologisation» du pouvoir en Afrique, lesquels sont repérables dans cette production cinématographique. «Les crocodiles sont les totems du pouvoir dans ce film», affirme-t-il. Il précise par ailleurs que les crocodiles et les peaux d’animaux ont existé dans l’histoire du continent comme symbole de la puissance.

D’où le nom de la maison de production, «Legend film», dont l’objectif peut être de raconter les légendes africaines. Autre signe du totémisme du pouvoir: la fabrication d’un double au président Bobo. Le fait pour ce président de traiter tout le monde de «phacochère» et de tirer à balles réelles sur un de ses gardes du corps en lieu et place de cet animal dans la partie de chasse rentre dans ce registre.

Egalement enseignant de critique cinématographique à l’Institut des beaux-arts de Foumban, le Prof Pangop a aussi repéré, en ce film, ce qu’il appelle la «folklorisation et l’affairisme du pouvoir en Afrique». « Les pleureuses professionnelles», pas si différentes des danseuses qui accueillent souvent les chefs d’Etat dans les aéroports camerounais participent du premier volet.

Le fait que l’argent circule aussi facilement dans cette production ressort du deuxième terme. Le personnage «Jacques Toccard» qui rappelle les sombres heures de la [ «Françafrique»] est lui aussi enrôlé dans cet affairisme. Sauf que, la France dans ce film est coiffée au poteau par la Chine sur la table des négociations. Le réalisateur, d’après le Pr Pangop, prend ainsi acte de ce que les rapports de force sont en pleine mutation sur le continent.

 

© West-Cameroon Regional News Agency / Hindrich Assongo
De la droite vers la gauche – Le Dr Yves-Abel Feze et le Pr Alain Cyr Pangop Kameni

Procès de l’identité
Au cœur de ce film, il y a les questions d’identité. D’abord les Kala kala, l’ethnie ennemie. Et le Pr Pangop de préciser que «le pouvoir postcolonial a hérité de la désignation de l’autre sous la figure de l’ennemi». Leslie Gonda dont l’identité constitue la trame du film est de cette ethnie. Il est toléré parce que son talent de footballeur peut permettre au président Bobo d’instrumentaliser le football, tout en se rapprochant des Kala Kala.L’identité sexuelle est aussi au menu. Dans le débat en cours en Afrique sur l’homosexualité, le réalisateur semble s’être positionné en choisissant d’en être contre. Il y a enfin l’identité de la femme, toujours au second plan en Afrique. Pour le Pr Pangop, le fait pour «Jacqueline» d’arracher le microphone au président «Bobo» lors d’un discours veut dire qu’il y a sur le continent, la montée en puissance d’une remise en cause de la phallocratie. Sa coiffure rappelle par ailleurs «une Première dame bien connue». Tout cela fait dire au scientifique que le «Crocrodile du Botswanga montre un déracinement culturel chez les uns et l’entre-deux identitaire chez les autres».

En dernier ressort, il y a la question des symboles. Le drapeau du Botswanga renvoie selon l’universitaire à un pays d’Afrique australe. Quant à la devise, son caractère trilogique correspond à ce qu’on rencontre dans les pays d’Afrique anciennement colonisés par la France. Et la spectacularisation de la perte du pouvoir par le président Bobo rappelle le printemps arabe.

En définitive, le film ne serait donc qu’une mise à nu des pouvoirs africains, l’objectif étant de les pousser vers la sortie. Les échanges avec le public permettront de comprendre pourquoi ce chef-d’œuvre à l’accent politique et contestataire n’ jamais été censuré, a été massivement regardé au Cameroun, alors même qu’il n’y a jamais eu de dédicace. C’est tout simplement parce que le réalisateur a choisi un genre purement comique à travers lequel on peut déguiser beaucoup de choses, dira Alain Cyr Pangop.

Quelques étudiants de Master en cinématographie de l’Institut des beaux-arts de l’Université de Dschang à Foumban ont pris part à cette conférence. Elle rentrait dans le cadre des activités du club bilingue de ladite université. Selon son président, Cédric Elongue, la prochaine aura lieu le 29 avril 2015 et portera sur «les industries culturelles au service du développement de l’Afrique».

Par Hindrich Assongo, West-Cameroon Regional News Agency – 27/04/2015
Source: https://www.journalducameroun.com/article.php?aid=20067


What is Global Citizenship Education ?

Global Citizenship Education (GCE) promoted by UNESCO’s Education sector program is a means to support and encourage learners in developing skills, values, attitudes and knowledge that empower them to assume responsible and active roles to face challenges of the 21st Century. The target 4.7 of the Sustainable Development Goals clearly explained that education is still a major and crucial challenge for the global community, societies or individual. Sustainable development, cultural diversity, intercultural dialogue, non-violence, peace, human right or gender equality cannot be achieve without changing the mentality or educating people. Improving the quality, access and relevance of education is therefore necessary to enables learners to transform themselves and the society while promoting universal shared values like peace, freedom, equality, human dignity, non-discrimination, respect and dialogue. The GCE, guided by the Education 2030 Agenda and Framework for Action, is finally a wide and long project based on education as a key in changing, transforming and building a better world for all.

            According to me, Global Citizenship Education is very important and interesting nowadays because it is a shift in the purpose and role of education. We have now recognized with Mandela that “education is the most powerful weapon we can use to change the world”.

With Globalization, our actions are no more having just a national or regional impact. We are now living in a global village where we have responsibilities to everyone. We must be belonging to a broader community and common humanity. GCE develops that global consciousness and competencies that will enable us to understand and resolve global issues in our sociocultural, environmental and economic environment. The great aim of education is not knowledge but action, then GCE allows learners to act effectively and responsibly at local, national and global levels for a more peaceful, inclusive and sustainable world.


The Biggest Challenge in Cameroon

One of the most pressing short-term and indeed long-term challenges in my country is youth unemployment. The Global Employment Trends for Youth 2015 revealed that 73.4 million youth were unemployed in 2015. The National Institute of Statistic sorted that the youth unemployment rate is 30%. 90% of youth are working in the informal sector and 75.8% of workers are underemployed, earning less than 23000 FCFA/month. Why? Lack of managerial expertise and capital, weakness of the cultural entrepreneurship, lack of a real national youth policy, the poor adaptability of vocational training institutions and corruption are the main causes.

Therefore there is a political and socioeconomic urgency of responding to this challenge of unemployment as a precondition to reduce brain drain, poverty, prostitution, suicide, street children, high crime waves, sexual harassment, gambling addiction, teenage pregnancies, and street children. This national scourge is slowing down the economic growth.

To achieve these goals, actions need to be taken by the government and youth. Government must intensify children’s education to ethical and moral values, develop an integrated strategy for rural development, facilitates the access to credit market and implement the Global Citizenship Education (GCED), a UNESCO’s teaching approach that aims in developing skills, values, attitudes and knowledge that empower youth to assume active role in their glocal environment. We must also develop our global consciousness, work hard and be responsible in order to positively impact our society and build a better world.


Serons nous tous nègres demain ?

 

C’est sur cette question que s’ouvre l’ouvrage Critique de la raison nègre. Son auteur, l’historien camerounais Achille Mbembe, le présente comme «un style de réflexion critique sur le monde de notre temps». Que faut-il entendre par ce postulat d’un «devenir-nègre du monde»? Dans l’imaginaire des sociétés européennes, la race et le «Nègre» n’ont toujours fait qu’un, avance Achille Mbembe, reprenant ici des conceptions fanoniennes.

Achille Mbembe cite notamment ces propos de Frantz Fanon:

«En réduisant le corps et l’être vivant à une affaire d’apparence, de peau et de couleur, en octroyant à la peau et à la couleur le statut d’une fiction d’assise biologique, les mondes euro-américains en particulier auront fait du Nègre et de la race deux versants d’une seule et même figure, celle de la folie codifiée

Cette confusion entre «race» et «Nègre» ancrée dans la pensée européenne constitue d’ailleurs le socle inavoué sur lequel s’est bâti la modernité, à la fois en tant que projet de connaissance et de gouvernement. La critique de la modernité et du capitalisme n’a pas suffisamment mis en relief l’impact de cet assemblage nègre-race dans la constitution du monde contemporain.

L’historien distingue trois «moments» qui conduisent au «devenir-nègre du monde». Ce processus est entamé au XVe siècle avec le début de la traite atlantique (le premier capitalisme), pilier de la modernité. Le «nègre» est alors considéré comme «homme-objet», «homme-marchandise». Le phénomène se poursuit jusqu’à l’ère du capitalisme néolibéral: Achille Mbembe voit en effet dans le néolibéralisme une pulsion consistant à transformer l’Homme en objet et à assurer une maîtrise illimitée sur l’ensemble du vivant. Se dessine alors le devenir d’un homme-machine, d’un homme-chose (comme pouvait l’être l’esclave), qui doit répondre «au double souci de se reproduire et de jouir des biens de ce monde», tout en s’adaptant sans cesse, dans une logique de court-terme, aux injonctions de la société. Achille Mbembe voit ainsi dans ce devenir de l’individu à l’ère néolibérale «une universalisation tendancielle de la condition nègre». Une telle société conduit finalement à une relégation des individus à une humanité superflue, livrée à l’abandon, dont le capital n’a guère besoin pour son fonctionnement. Ces deux moments –la traite atlantique et l’ère du néolibéralisme– sont entrecoupés par celui de la lutte pour l’émancipation –marqué par exemple par le mouvement pour les droits civiques, ou plus récemment la fin de l’apartheid.

L’invention du «nègre»

Pour comprendre les représentations implicites relatives au terme «Nègre» dans l’inconscient collectif européen, Achille Mbembe consacre une partie de son essai au processus de transformation des gens d’origine africaine en «Nègres». C’est Frantz Fanon, dit-il, qui exprime le mieux, dans Peau noire, masques blancs, le sens sous-jacent du mot «Nègre» dans l’imaginaire occidental: «Le nègre est une bête, le nègre est mauvais, le nègre est méchant, le nègre est laid.»

Achille Mbembe analyse ici la façon dont le «nègre» a fini par devenir le signe d’une altérité impossible à assimiler, d’une joyeuse hystérie, dans l’imaginaire occidental. La «race nègre» y est assimilée à l’instinct, aux pulsions irrationnelles, à la sensualité primaire; le «Nègre» n’est pas assez entré dans l’Histoire, il serait encore englué dans un monde magico-religieux ; la mentalité dite sauvage serait «prélogique». La «race blanche» serait la seule à posséder la volonté et la capacité à construire une vie historique. Telle est la «raison nègre». Par cette expression, Achille Mbembe désigne «une somme de voix, d’énoncés et de discours, de savoirs, de commentaires et de sottises dont l’objet est la chose ou les gens d’origine africaine, et ce que l’on affirme être leur nom ou leur vérité (leurs attributs et qualités, leur destin)». Dès ses origines -les écrits antiques portent déjà la trace de cette invention de la figure du «nègre», selon Achille Mbembe, et la philosophie européenne n’est pas en reste, en témoignent les textes hégéliens décrivant le «nègre» comme n’étant pas sorti de l’animalité- la «raison nègre» consiste en «une activité primale de fabulation», dans laquelle la «domination de race» puise ses justifications, souligne l’historien.

Une modernité marquée par le principe de race

L’idéologie des «races dominantes» prend son essor dans un contexte de colonisation. Pour Achille Mbembe, la «modernité» est l’autre nom du projet expansionniste européen dans les empires coloniaux mis en œuvre à partir du XVIIIe siècle, tandis que le XIXe siècle est le siècle triomphant de l’impérialisme. L’historien fait d’ailleurs apparaître à quel point la notion de «race» n’est pas extérieure au projet moderne européen:

«La critique de la modernité demeure inachevée tant que nous n’aurons pas compris que son avènement coïncide avec l’apparition du principe de race et la lente transformation de ce principe en matrice privilégiée des techniques de domination, hier comme aujourd’hui

La thématique de la différence raciale (au sens d’une différence de qualité entre les races) fait ainsi l’objet d’une normalisation au sein de la culture de masse (via les musées, les zoos humains, la presse, les arts et la littérature) à l’époque coloniale, observe Achille Mbembe, qui explique que «des générations de Français ont été exposées à cette pédagogie de l’accoutumance au racisme». Finalement, les raisons économiques, idéologiques ou politiques de la colonisation mobilisent le signifiant racial: il s’agissait de civiliser des «races inférieures.» On se souviendra ici du discours de défense d’une politique coloniale de Jules Ferry en 1885, fondée sur la thèse de la «mission civilisatrice de l’Homme blanc»:

«Il faut dire ouvertement en effet que les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures (…) Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures.»

Un «racisme sans races»

La «raison nègre» et le projet moderne européen ont donc été fondés sur le principe d’une «hiérarchie des races» et d’une différence biologique, irréductible, entre la «race blanche» et la «race nègre». Qu’en est-il aujourd’hui ? La réflexion critique que l’auteur pose sur notre époque s’ouvre sur le constat du déclassement de l’Europe à l’époque contemporaine : le Vieux continent ne constitue plus le centre de gravité du monde. Cette «provincialisation» de l’Europe (Achille Mbembe convoque pour preuve le titre de l’ouvrage phare de Dipesh Chakrabarty, Provincializing Europe, livre emblématique des Postcolonial studies, porteur d’une vision renouvelée de l’histoire, moins européo-centrée) ouvre de nouvelles perspectives à la pensée critique. Dans la mesure où le «Nègre» et la «race» ont contribué à forger le discours européen sur l’Humain, la provincialisation actuelle de l’Europe signifiera-t-il l’extinction du racisme? Ou bien le racisme prendra-t-il de nouvelles formes? Achille Mbembe semble envisager la seconde option, pointant qu’en Europe et aux États-Unis sévit déjà désormais un «racisme sans races», où la «culture» et la «religion» sont mobilisées en lieu et place de la «biologie.»

Cette thèse selon laquelle le racisme s’est déplacé du plan biologique vers le plan culturel est commune à plusieurs penseurs contemporains. Elle est développée par l’anthropologue Régis Meyran et le sociologue Valéry Rasplus dans Les pièges de l’identité culturelle, Berg International, 2014, ou par le sociologue Raphaël Liogier, dans Ce populisme qui vient, Textuel, 2013. Le thème de l’islamophobie, de la peur de l’islam est une illustration récurrente et actuelle du racisme «culturel».

Vers un monde commun

Il serait vain de vouloir dévoiler ici toute la finesse de la réflexion proposée par Achille Mbembe dans cet essai aussi dense qu’érudit, où la richesse des références historiques le dispute à la subtilité de l’analyse critique sur notre temps. Retenons cependant que l’essai s’achève sur l’idée de la nécessité de créer un monde commun.

Partager le monde exige de donner réparation à ceux qui ont été privés de leur part irréductible d’humanité dans les tourments de l’histoire. Un processus de réparation qui doit s’inscrire dans une double démarche: tout à la fois sortir du statut victimaire pour les uns, et rompre avec la «bonne conscience» et le déni de responsabilité pour les autres.

Etre Africain, c’est «être un homme parmi d’autres hommes», proclamait Frantz Fanon dans Peau noire, masques blancs. «Il n’y a guère de relation à soi qui ne passe par la relation à Autrui», poursuit Achille Mbembe, qui veut imaginer une politique de l’humain qui soit «une politique du semblable», où il invite à «mettre en commun les différences». Cette politique du semblable passe par «un élargissement de notre conception de la justice et de la responsabilité» pour une «montée collective en humanité». Ainsi, la proclamation de la différence, dans un objectif de réparation et de restitution de ses droits humains, ne doit être que le moment d’un projet plus large, le projet d’un monde «débarrassé du fardeau de la race, et du ressentiment et du désir de vengeance qu’appelle toute situation de racisme».

«Il n’y a qu’un seul monde», réaffirme l’auteur en guise d’épilogue:

«L’on aura beau ériger des frontières, construire des murs et des enclos, diviser, classifier, hiérarchiser, chercher à retrancher de l’humanité ceux et celles que l’on aura rabaissés, que l’on méprise ou encore qui ne nous ressemblent pas, ou avec lesquels nous pensons que nous ne nous entendrons jamais. Il n’y a qu’un seul monde et nous en sommes tous des ayants droit.»

Justine Canonne

Source: https://www.slate.fr/tribune/84289/devenir-negre-du-monde-Achille-Mbembe


Les prémices et les prémisses de la Gouvernance en Afrique !

La notion de « gouvernance » a été diffusée dans les années 90 par la Banque Mondiale pour accompagner les politiques de développement des pays émergents. Elle la perçoit comme l’ensemble des normes, traditions et institutions à travers lesquelles un pays exerce son autorité sur le bien commun, dans une optique de développement. Il s’agit en réalité d’un mode de pilotage ou de gestion fondé sur la coopération, la coordination politique et économique et sur une démarche collective. La concertation, le dialogue, les compromis et la recherche d’actions et de résultats font partie des quatre piliers de la gouvernance. Ce concept est aujourd’hui à la une de l’actualité économique, politique ou sociale et se voit de plus en plus convoqué dans de nombreux débats en rapport avec la démocratie et le développement. S’il est admis que la gouvernance est nécessaire pour un climat de paix et de développement, nous ne devrions pas perdre de vue, compte tenu de sa difficile intégration en Afrique, qu’elle est d’origine nord-américaine et partant importée pour la consommation en Afrique et dans le reste du monde. Dès lors, quel regard les pays du Sud, notamment africains portent-ils sur ce concept ? Quels sont les prémices et indices de la gouvernance en Afrique ? Quelle trajectoire, cette idéologie va-t-elle emprunter, dans le boulevard politique du continent Africain ? Le problème qui se pose alors est celui de l’adoption ou mieux de l’adaptation de ce nouveau système au paradigme africain. Dans la suite de notre analyse, il sera question de démontrer comment ce concept exotique a pu s’adapter en fonction des réalités et des besoins des sociétés africaines. Autrement dit, nous ferons un bref rappel des circonstances dans lesquelles ce concept avait été introduit en Afrique. Ensuite, nous nous attèlerons à déceler et ressortir les premières manifestations ou l’impact de ce modèle de gestion tant à l’échelle politique qu’économique.

A- LES PRELUDES DE LA GOUVERNANCE EN AFRIQUE

Les divisions basées sur la Guerre froide, les pesanteurs ethniques   pour   bâtir   les   Etats-Nations,   la   militarisation   des systèmes politiques et le monopartisme sont quelques problèmes que rencontre l’Afrique la première décennie après les indépendances. Durant la deuxième décennie, elle a quelque peu pesé sur l’agenda du système mondial et a connu une amorce de « développement » mais la désillusion suivi d’un désenchantement s’installeront assez vite avec la crise des années 1980 et la cure des Politiques d’Ajustements Structurels dont les conséquences sur le plan social se poursuivent encore aujourd’hui. Il s’agira donc dans cette section de montrer le rôle des Institutions financières Internationales et du discours de La Baule dans la naissance du concept de Gouvernance en Afrique.

  1. Les conditionnalités déguisées des institutions financières internationales.

La fin de la colonisation et l’arrivée au pouvoir de nouveaux dirigeants présageait la fin de l’exploitation des richesses des jeunes nations africaines. Mais, la réalité fut toute autre puisque ces derniers pérenniseront l’entreprise coloniale d’asservissement en sollicitant des prêts au sein des Institutions Financières Internationales soi-disant afin d’initier des projets de développement et pour, disaient-ils, sortir leur pays de la pauvreté pour tendre vers une émergence. Ces institutions financières, conscientes du risque et sachant que ces dirigeants pour la plupart, détournait ces aides et ces prêts dans leur compte bancaire pour leur enrichissement personnel comme le démontre d’ailleurs Jean François Bayard dans son ouvrage L’Etat en Afrique : la politique du ventre[1]. Cette « ventrocratie » ou manière d’exercer l’autorité avec un souci exclusif de la satisfaction matérielle d’une minorité va provoquer l’endettement massif de ces Etats nouvellement indépendants. Et la scène économique étant le théâtre de luttes prédatrices, ces dettes étrangleront et fragiliseront ces Etats et les exposeront aux griffes des Institutions financières qui viendront au chevet d’une Afrique malade non pas pour la soigner ou compatir (étant en partie responsable) mais pour leur présenter un catalogue de recommandations afin de sortir leur pays de la crise.

Dans ce contexte,   la   gouvernance   doit  être   entendue   comme   un   catalogue   de prescriptions faites par qui l’on connait à certains Etats, plutôt pour les mettre en condition de rembourser les dettes, d’ouvrir les marchés des matières premières aux multinationales, etc. intérêts des prescripteurs que pour ceux des populations africaines. Les pays soumis à cette cure le sont aussi pour avoir en place des dirigeants qui se soumettent à cette cure, et non pas qui se mettent au service de leurs populations. L’exigence du remboursement de la dette justifie la conversion des nouveaux dirigeants aux règles de la bonne gouvernance édictées par les bailleurs de fonds internationaux et les institutions de Bretton Woods (Banque mondiale et FMI) qui, jusqu’à nos jours, continuent de piller et de martyriser énergiquement l’économie africaine. C’est donc dans un climat de coercition que les Etats africains seront sommés de réaliser, simultanément, trois tâches prométhéennes : se démocratiser, libéraliser leurs économies et assurer la stabilité politique

Ainsi puisque la gouvernance passe par le développement d’un Etat de droit, par la « sécurité juridique » à travers la modernisation du droit, par l’accès à la justice, par l’existence de recours effectifs et d’autorités administratives indépendantes de régulation, etc., il sera donc indispensable de réaliser la première tâche prométhéenne à savoir démocratiser les trop nombreux régimes où les pouvoirs sont confondus, parfois confisqués par un groupe militaire ou une clique autoproclamée. C’est dans cette perspective que s’inscrira le sommet franco-africain de La Beaule, au lendemain de la fin « officielle » de la Guerre Froide.

  1. De la chute du mur de Berlin au Discours de la Baule.

La guerre froide est incontestablement la cause lointaine mais fondamentale du déferlement du système démocratique sur le continent noir. La destruction du mur de Berlin le 9 novembre 1989 marque la fin de cette guerre initiée depuis 1947 entre les Etats Unis et l’URSS et annonce un tournant décisif dans l’histoire du monde. Elle a été le signe prémonitoire de la dislocation du bloc communiste et du déferlement de la démocratisation dans le monde et surtout en Afrique. En effet, depuis leur accession à l’indépendance, jusqu’à la chute du mur de Berlin, les États africains, n’ont connu que des systèmes dictatoriaux, totalitaires et tyranniques. Le contexte mondial marqué par la guerre froide le justifiait. Mais dès la fin de cette guerre dont la destruction du mur de Berlin en était le signe avant-coureur, le vent de l’Est initié par Gorbatchev, va souffler sur le continent africain et ravagera certains régimes dictatoriaux pour laisser la place à la démocratie considérée comme un des prémices de la gouvernance.

Ce bouleversement dans l’establishment politique des États africains était d’autant plus obligatoire que le discours de la Baule de François Mitterrand l’exigeait. En effet dans son allocution, M. Mitterrand parle de la nécessité de la démocratie pour le développement des pays africains et exhorte ses chefs d’États à se mettre sur le chemin de ce système de gouvernance qui s’impose désormais à tous :

« Il nous faut parler de démocratie. C’est un principe universel qui vient d’apparaître aux peuples de l’Europe centrale comme une évidence absolue au point qu’en l’espace de quelques semaines, les régimes, considérés comme les plus forts, ont été bouleversés. […] Il faut bien se dire que ce souffle fera le tour de la planète », affirme-t-il.

Par ce discours, François Mitterrand fait prendre un tournant à la politique africaine de la France, caractérisée, depuis le général de Gaulle, selon Stéphane Bolle   par un soutien à un « développement sans conditionnalités démocratiques » garantissant sa présence politique, militaire et économique dans ses anciennes colonies. Le Président français a souscrit au principe de la conditionnalité démocratique qui venait de faire son entrée dans la doxa internationale et, pour la première fois, clairement lié pour l’avenir le montant de l’aide au progrès de la démocratisation. Et comme le résumera son ministre des Relations Extérieures Roland Dumas:

« Le vent de liberté qui a soufflé à l’Est devra inévitablement souffler un jour en direction du Sud (…) Il n’y a pas de développement sans démocratie et il n’y a pas de démocratie sans développement ».

Ce discours est donc à coup sûr un appel à tous les chefs d’États africains encore austère aux réformes démocratiques à changer d’avis et de politique. Une manière pour l’occident de les convaincre que le monde avait changé et que seuls les régimes qui se démocratiseront auront le soutien des puissances occidentales. Le principe d’une aide publique française est reliée à l’abandon du parti unique et à l’organisation des élections. C’est ainsi que les constitutions ont été révisées, les conférences nationales organisées et la transition démocratique mise en marche dans la grande majorité des États africains. Ainsi, l’appropriation (même formelle) de la norme démocratique et des préceptes de la gouvernance, , les pays africains se sont dotés d’un « certificat de respectabilité internationale »[4] qui valorise leur position à l’égard des bailleurs de fonds – pas toujours très regardants sur la qualité de la démocratie qui leur est « vendue » – et facilite leur accès à leur aide.

La conférence de la Baule se présente ainsi comme le piédestal de la Gouvernance dans le contexte africain, dans la mesure où ses clauses exigeaient entre autres la démocratisation des espaces politiques africains. Par ailleurs, la chute des régimes totalitaires s’en suivait donc avec pour corolaire directe l’intégration de la société civile, donc du bas peuple dans la gestion des deniers publics. Ceci se note à travers la privatisation, résultat de la libéralisation des droits civiques, de propriété et d’investissement pour le cadre économique. Dans le versant sociopolitique, on peut noter la promotion des libertés individuelles, d’expression, d’association ainsi que la mise en application de la charte des Droits de l’Homme sont les facteurs clés ayant favorisé l’implantation des régimes démocratiques en Afrique et par conséquent ont facilité l’adoption du système dit de Gouvernance considérée, à juste titre il faut le reconnaître, comme la forme de gouvernement la moins mauvaise.

B. LES PREMIERES MANIFESTATIONS DE LA GOUVERNANCE EN AFRIQUE

Le concept de gouvernance, tel qu’il est conçu dans les pays du nord, visait à relever deux défis majeurs: au plan politique, légitimer la démocratie pluraliste majoritaire et au plan administratif et économique, promouvoir une nouvelle culture de la gestion des affaires publiques dominée par des valeurs et des principes, telles que la transparence, l’éthique, la déontologie, la responsabilité ou l’obligation de rendre compte.

  1. L’avènement de la démocratie.

Comme nous l’avons démontré plus haut, la question de la gouvernance embrasse celle plus large de la démocratisation de l’Afrique, une condition pour impliquer la société civile dans la gouvernance et la transformation sociale. Quelles en sont donc les premiers indices en Afrique ?

Les premiers signes avant-coureurs de la gouvernance au lendemain du discours de la Baule seront la mise sur pied des conférences nationales souveraines, l’organisation des élections avec l’instauration du suffrage universel et l’avènement du multipartisme. Pour ce qui est des conférences nationales souveraines, il s’agissait des débats de société devant poser les bases de la transition démocratique. Ainsi, de l’avis de Fabien Eboussi Boulaga, « l’exigence de la percée que représente la conférence nationale est double : elle déconstruit et reconstruit tout à la fois[5]. » Elle déconstruit l’ordre despotique qui existait et reconstruit un nouvel ordre qui se veut démocratique. Mais les conférences nationales n’auront pas lieu dans tous les pays. En effet, « pour s’adapter au nouvel environnement politique international et créer un espace politique national désormais ouvert à tous, les Africains du Centre ont emprunté trois itinéraires différents. » On aura la lutte armée (Rwanda, Tchad), le passage au multipartisme de fait par l’application de la Constitution ou d’une loi spécifique (Cameroun, Burundi), l’organisation de référendums (Guinée Equatoriale, Ghana, Madagascar, Mauritanie).

Aussi comme l’a ordonné leur « maitre » Mitterrand, les dirigeants africains en élèves disciplinés déclarent accepter la démocratie pluraliste majoritaire et promulguent des codes électoraux instituant le suffrage universel. Les élections sont effectivement organisées sur ces bases, mais ensuite, pour toutes sortes de raisons, la classe politique décide de partager le pouvoir, en faisant entrer l’opposition dans le Gouvernement. Plusieurs concepts ont d’ailleurs été utilisés pour désigner cette forme de gestion politique : « Gouvernement d’union nationale[6] » ; « Gouvernement de majorité présidentielle élargie[7] » ; « Gouvernement de gestion concertée » ; « Gouvernement de majorités concurrentes », etc. Samir Amin, Directeur du Forum du Tiers Monde, lors d’un séminaire sur « Les conceptions actuelles de la Gouvernance du développement en Afrique » organisé par l’Institut Africain pour la Gouvernance (IAG), a estimé que la démocratie, lorsqu’elle est imposée, peut devenir un handicap au progrès social. C’est le cas de l’Afrique actuellement où la démocratie est plutôt un rituel qui contribue à autre chose qu’au développement, notamment à la prise en mains des commandes pour l’enrichissement personnel des dirigeants. Il est donc urgent de concevoir une culture, une idéologie de développement de la société qui associe la démocratisation. Et de mettre fin à cette forme de démocratie qui, contrairement aux discours, conduit plutôt à la dégradation des conditions de vie.

  1. La libéralisation financière.

A partir des années 1980, la libéralisation financière a été intégrée à la panoplie des recommandations des organisations internationales. La Banque mondiale (BM) met en place les plans d’ajustement structurels (PAS) et préconise de diminuer le rôle et la place de l’Etat dans les processus de modernisation et de développement[8]. En effet, on se rend compte qu’on avait sous-estimé l’ampleur de la crise et du choc pétrolier et, qu’au lieu de renforcer le rôle dirigiste de l’Etat en matière économique, il fallait au contraire inverser complètement la perspective et s’orienter vers la libéralisation de l’économie, la privatisations des entreprises publiques, la fin de l’Etat interventionniste, la déréglementation, etc., le tout véhiculé par le nouveau concept stratégique désormais célèbre : « moins d’Etat, mieux d’Etat ». En effet, parler de gouvernance plutôt que de gouvernement, c’est aussi une manière de soutenir une idéologie du « moins d’Etat », dont les missions doivent être recentrées et le profil redéfini. Pour que s’exerce une « bonne gouvernance », l’état doit dans cette optique, s’en tenir à des tâches de coordination, d’orientation, d’intégration et de règlement minimal. Selon cette vision qui valorise le marché et dévalorise l’Etat, celui-ci doit être ramassé, facilitateur et normalisateur, tandis que le marché est déréglementé et inséré dans la mondialisation.

Les institutions multilatérales, Banque mondiale et Fonds monétaire international (FMI), considéraient que la « bonne gouvernance » était celle qui parvenait à faire passer les réformes économiques libérales, dérivées du consensus de Washington, dans des conditions de stabilité politique.   Les gouvernements étaient récompensés selon leur habilité politique et selon l’autorité exercée pour maintenir la continuité des réformes, sans reculer ou céder devant des considérations telles que le coût social, la contestation sociale ou l’opposition politique. Yassine Fall, économiste supérieur à l’UNIFEM[9], a critiqué le rôle de ces institutions multilatérales dans la conception des politiques économiques africaines en dehors de l’Afrique. Les programmes d’ajustement structurel (PAS) ont été imposés aux Etats africains pour les affaiblir. Les institutions de Bretton Woods ont assujetti les différents pays pour les contraindre aux remboursements de la dette. Les conditions pour bénéficier des prêts tracent bien le schéma de la soumission des économies africaines à l’économie néolibérale : réduction des dépenses publiques, y compris dans le domaine de la santé, de l’éducation ; libéralisation des marchés des biens et des services ; etc.   Les initiatives qui ont suivi   avaient le même objectif, qu’il s’agisse de l’initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés)   lancée en 1996, et même des Stratégies de Réduction de la Pauvreté   (DSRP). Plusieurs autres organismes ont été utilisés pour les mêmes objectifs : le GATT[10] qui devait réduire les barrières commerciales, mais aussi les accords commerciaux inégaux[11] entre l’Union Européenne et les pays africains, notamment à travers les Accords de Cotonou qui succèdent aux conventions de Yaoundé et de Lomé. La conséquence de toutes ces thérapies a été le renforcement du pouvoir des institutions des Bretton Woods, le renforcement des inégalités de classe et de genre, la montée du secteur informel, etc. Ni les Programmes d’Ajustement des Secteurs Sociaux (PASS), ni les microcrédits distribués actuellement ne peuvent les sortir de la pauvreté. On leur demande de faire plus pour l’extérieur au détriment de leurs intérêts.

CONCLUSION

Dans le discours, le concept de gouvernance a exercé et exerce toujours en Afrique un certain attrait : d’abord, comme tout concept nouveau, il bénéficiait dès le départ d’une légitime curiosité intellectuelle, ainsi que l’intérêt pour la recherche de nouveaux fondements des politiques publiques ; ensuite, en raison de son origine nord-américaine, et du fait qu’il était véhiculé par les puissantes institutions de Bretton Woods, on pouvait espérer qu’il portait en lui-même les potentialités de l’efficacité qui caractérise les administrations de ces pays, et dont l’Afrique pouvait bénéficier. La tentation était alors forte de renoncer à faire mieux en améliorant l’existant, et d’oser faire autrement, pour expérimenter une technique nouvelle de la gestion des affaires publiques. Dans la pratique cependant, la mise en œuvre de la gouvernance en Afrique n’a pas donné les résultats escomptés, parce qu’elle n’est pas adaptée au cadre opérationnel dans lequel on tente de la déployer. Elle demeure un grand défi pour l’Afrique, si l’on pense aux coups d’Etat, aux contestations et violences qui résultent de l’organisation des élections dans le continent, et comme l’attestent les résultats des rapports sur la gouvernance en Afrique. Le processus de gouvernance doit être adapté à la société, tout comme le développement doit prendre en compte les besoins de la société. Dès lors il est donc nécessaire d’effectuer une refondation du concept de gouvernance en réexaminant ses principes et ses postulats de base, en l’enrichissant de certaines valeurs largement répandues au Sud, tels que le consensus, la solidarité et le partage, de manière à en faire un mode de gestion des affaires publiques réellement adapté aux pays en développement, notamment africains. C’est dans ce cadre que des recherches sont en cours pour élaborer un modèle culturaliste africain de gouvernance, dont le processus consensuel serait la pierre angulaire. Tout en encourageant de telles initiatives, on peut, sans attendre l’émergence d’un tel modèle, épuiser le champ du possible en tirant le meilleur parti de cet outil pour améliorer la pratique actuelle de la gouvernance.


Que doit faire l’Afrique pour se lever des strapontins du bateau de la mondialisation?

        Le troisième millénaire s’affiche sous le signe de mutations profondes et accélérées qui ébranlent toutes les fondations de l’existence humaine. Elles entraînent dans le même tourbillon la planète tout entière et jettent les bases d’une nouvelle configuration mondiale dont les contours ne nous apparaissent pour le moment que de manière très floue, dans un enchevêtrement de traits, de phénomènes et de tendances devenues d’une complexité particulièrement déconcertante. Comprise à la lumière de ces tendances et de ces phénomènes, la mondialisation apparaît ainsi sur un double prisme : d’une part, elle est fascinante vue qu’elle représente un nouvel horizon d’opportunités en ce XXIème siècle mais, d’autre part elle est menaçante pour l’ordre économique, sociopolitique et culturel de chaque nation. Toutefois, au-delà de la peur et des fantasmes, la mondialisation est avant tout caractérisée comme un phénomène économique ancien et continu du développement du capitalisme libéral. Elle n’ est donc pas un état mais un processus, un engrenage qui entraîne toute les sphères de la vie des individus et des sociétés à savoir le savoir, la culture, l’économie, les relations entre les peuples et entre les Etats à l’échelle mondiale. Aujourd’hui elle est le syndrome d’un choc ou crise des civilisations comme le prédisait Samuel Huntington et elle impose donc à tous les peuples, chacun en fonction de ses paramètres culturels spécifiques et de son degré d’implication dans le mouvement actuel du monde, des défis historiques cruciaux qui engagent leur avenir. Tel est donc le cas pour l’Afrique aujourd’hui impliquée voire imbriquée plus que jamais dans cet engrenage. Face à cette machine infernale, elle se doit de relever un certain nombre de challenges afin de ne pas être écrasée et broyée. Le but de notre réflexion c’est de mener une analyse sur les défis décisifs de l’Afrique à l’ère de la mondialisation galopante.

1- Le défi politique : Du gouvernement à une « gouvernance internationale »

       Avec la mondialisation, on assiste à une transformation du rôle des Etats africains et des modes de régulations qui s’y attachaient. La gouvernance renvoie à la mise en place de nouveaux modes de pilotage ou de régulation plus souples et éthiques, fondés sur un partenariat ouvert et éclairé entre différents acteurs et parties prenantes, tant aux échelles locales que globales et Nord-Sud. Elle est plus que jamais d’actualité dans une Afrique qui se singularise par son instabilité politique avec des coups d’Etats et révolutions qui peuvent survenir à n’importe quel moment. En effet, au-delà de la question de démocratie qui se pose aujourd’hui comme une exigence universelle s’imposant en tant que telle à tous les peuples,, il s’agit de repenser la politique dans la perspective de la définition et de la mise en oeuvre d’une pratique politique qui soit non seulement acceptable moralement mais aussi rigoureusement centrée sur le citoyen restauré dans son statut de « sujet » authentique de la politique. Tel est d’ailleurs le souci de Mathurin Houngnikpo dans L’Illusion Démocratique en Afrique où il montre que c’est le continent qui a connu le plus grand nombre de conflits (inter et intra-étatiques) depuis la fin de la Guerre Froide. Elle est en ce sens une zone d’instabilité majeure puisque 20 % de la population africaine reste à la merci des conflits armés et les régimes autoritaires demeurent plus nombreux que les démocraties. Cette situation freine les possibilités d’investissements étrangers en dehors de l’exploitation des matières premières. L’idée d’une gouvernance internationale, proposée par Charles-Robert est plus que jamais d’actualité. En effet, la gouvernance internationale ou mondiale se distingue nettement de l’idée classique du gouvernement car elle dénonce le modèle étatique, qui confie aux seules autorités politiques la responsabilité de la gestion des affaires publiques. S’inscrivant dans l’esprit du néo-libéralisme économique, elle prône un dessaisissement par les États de leurs attributions en matière notamment sociale et de droits de l’homme, et un accroissement des pouvoirs des firmes transnationales.

  1. Le défi économique : surmonter les divisions et progresser vers une intégration régionale en Afrique

        Dans le cadre des principes d’organisation et de fonctionnement du système capitaliste qui impose ses règles à la mondialisation néolibérale en cours et qui, comme on le sait, est plus soucieux de profit maximal que de promotion des hommes, c’est le défi de la définition et de la mise en oeuvre d’un système d’exploitation des ressources naturelles et de production sociale des richesses qui soit capable d’impulser une croissance conséquente, soutenue et durable délibérément inscrite dans la perspective de la satisfaction des besoins matériels, sociaux et culturels de plus en plus exigeants des populations, ce qui semble devoir impliquer une « refondation » de l’économie. Afin d’exercer un contre-pouvoir à l’oppression capitaliste, les Etats africains devraient développer ce que l’épistémologue Jacques CHATUE appelle le « pouvoir de réticularité » qui est la capacité de pouvoir penser et d’agir en réseau, de coaliser leurs efforts pour se mettre ensemble stratégiquement car nous n’avancerons jamais en rang dispersé. D’où la nécessité de relever le défi d’une intégration régionale en Afrique.

        Alors, l’intégration régionale constitue aujourd’hui une préoccupation majeure pour les pays africains afin de faire face à leur marginalisation croissante dans le contexte actuel de la mondialisation. Devant ce fait, l’Afrique doit s’organiser économiquement, l’ère du « chacun pour soi » étant révolu, surtout quand on ne pèse pas lourd et qu’on sait que la politique du dominateur c’est de diviser pour mieux régner. Quelques phénomènes de régionalisation [2]existent déjà, mais ils paraissent bien timides. En effet, malgré les avancées remarquées en Afrique de l’Ouest de réels obstacles demeurent. Il s’agit notamment de l’échec du gouvernement, du chevauchement des institutions, des économies peu diversifiées, du déficit d’infrastructures et de la fragilité des États-nations, incapables de répondre aux besoins des populations. L’alternative à cette faiblesse ne peut donc venir que du resserrement des liens entre les États pour mieux faire face aux méfaits de la balkanisation, aux déchirements historiques et culturels dus à la partition coloniale. Cette coopération économique permettra d’obtenir une sécurité alimentaire en Afrique et résoudra aussi en parti le problème de sous-emploi de la jeunesse.

  1. Le défi culturel : de l’autarcie à une Poétique de la Relation

          Il s’agit, face à la tendance actuelle à l’uniformisation culturelle sur la base des valeurs occidentales, parfois indûment estampillées du sceau de l’universalité, de savoir s’il est encore possible pour l’Afrique, et si oui dans quelle mesure, de sauvegarder et de promouvoir ses propres valeurs de civilisation. Ce défi demande aux Africains de ne plus vivre en autarcie en se repliant sur le passé et les traditions mais de s’ouvrir attentivement au monde afin que l’on parvienne non pas à une mondialisation de la culture mais à la culture de la mondialisation. A cet effet, le poète Senghor dans son essai Ce que je crois : Négritude, francité, et civilisation de l’universel, prône l’éthique de l’échange culturel, il nous recommande de pouvoir «assimiler sans être assimilé », de faire des échanges mutuellement enrichissants fondés sur l’acceptation mutuelle et le respect réciproque.

  1. Le Défi de l’excellence scientifique

      A partir de maintenant où nous retrouvons notre historicité, nous mesurons l’enjeu d’une relecture des savoirs d’hier qui se sont constitués sur l’Afrique dans une logique de sujétion et d’aliénation des indigènes. Nous devons donc nous rendre compte de la non-pertinence de ces savoirs et faire preuve d’autonomie et de créativité afin d’en finir avec « la déraison des mimétismes nauséabonds [3] » dont parlait le philosophe et sociologue Jean Marc ELA. Selon lui, il n’y a pas de violence plus meurtrière dans une société que celle qui vise à briser le dynamisme de l’esprit (ibid, p. 37). Ainsi, au-delà des débats d’école sur l’autochtonie, il semble important de repenser la complexité africaine et notre rapport au Savoir en rupture avec les schémas qui ont tendances à enfermer les indigènes dans leurs ghettos ethniques. Un Africain qui parle de l’Afrique comme homme de science ne parle pas seulement pour les Africains car les savoirs d’Afrique sont des savoirs pour le Monde. Jacques Gaillard et Roland Waast nous révèle que : La science africaine subsaharienne d’un peu moins de 0,5% en 1985, ne représentait plus que 0,3 % de la production mondiale au milieu des années 1990. Cette stagnation voire régression de la production scientifique africaine se justifie par le fait que le personnel universitaire, pour la plupart, s’est momifié afin de ne pas porter ombrages aux politiciens. Ils s’ankylosent dans des structures bureaucratiques qui s’avèrent incapables de susciter une pensée neuve et créatrice. Cela est très dangereux pour l’émergence et le développement du continent et partant du Cameroun car « aucun Etat ne peut se passer aujourd’hui de se dispenser ni de l’avis, ni du concours, ni des contributions des scientifiques [4] », soulignait le professeur titulaire, spécialiste de politique scientifique Jean-Jacques Salomon dans son ouvrage Les scientifiques. Entre savoir et pouvoir (2007).

L’atteinte de l’excellence scientifique passe d’abord par l’appropriation des avancées les plus récentes de la technoscience [5] et de la technologie considérées comme les « nouveaux pouvoirs » dont la maîtrise sera de plus en plus décisive dans la détermination de la position tant des individus dans la société que celle des peuples et des Etats à l’échelle mondiale. C’est ensuite celui de notre aptitude à tirer le meilleur parti possible, après inventaire critique, des connaissances, des techniques et des technologies endogènes par lesquelles, avant l’universalisation de la modernité occidentale, les autres peuples avaient réussi à assurer leur propre survie en se faisant à leur manière « maîtres et possesseurs [6] » de la nature. Bref, il s’agit pour l’Afrique de faire reculer l’inculture scientifique qui, à l’ère de l’économie du savoir, est une nouvelle forme d’analphabétisme.

       5. Le Défi Philosophique

Ce défi [7], développé par le philosophe sénégalais Sémou Pathé Gueye, est bidimensionnel. Il se présente d’abord comme celui de l’intelligibilité, en mettant en question, notre capacité de créer les nouveaux outils intellectuels dont nous avons urgemment besoin pour pouvoir penser le monde dans sa complexité et dans l’accélération de son « temps ». Mais c’est aussi un défi du sens dans la mesure où il s’agit de savoir s’il nous est encore possible d’assigner à notre existence et à nos actions une signification et une finalité qui pourraient constituer pour nous de nouvelles raisons de vivre, de croire et d’espérer, et qui auraient par conséquent à nos yeux une valeur et une légitimité suffisantes pour mériter que nous puissions, le cas échéant, mourir pour elles.

  1. De la nécessité d’un « réarmement éthique » [8]

      Avec la mondialisation ambiante, caractérisée par une croissance de la faillite morale et une déliquescence des moeurs, l’éthique, comme le recommandait le philosophe Spinoza se doit de libérer l’homme de sa servitude à l’égard des sentiments et lui apprendre à vivre sous la conduite de la raison [9]. Or la société africaine est sous la prise voire l’emprise d’un « vide éthique » ou nihilisme terrifiant avec le népotisme, la fraude, la contrefaçon et la corruption des élites qui auront pour corollaire la fuite illicite des capitaux. Selon les estimations, plus de 800 milliards de dollars ont été transférés illégalement depuis 40 ans d’Afrique vers le monde développé : cette manne financière détournée au profit d’une poignée de « kleptocrates » aurait pu financer des programmes de développement ambitieux ou servir par exemple à la construction d’infrastructures (éducation, santé, énergie…) dont le manque structurel gangrène le continent. Ces actifs détenus à l’étranger sont privés et cachés : ils devraient normalement servir au remboursement de la dette publique du continent, situation que dénoncent les économistes Léonce Ndikumana et James K. Boyce dans leur récent ouvrage La dette odieuse de l’Afrique. Selon eux, pour chaque dollar prêté à l´Afrique, environ 60 % en ressortent sous forme de fuite de capitaux. C’est pourquoi avec cette atmosphère délétère de relativisme moral voire de nihilisme éthique dans laquelle nous baignons aujourd’hui, nous sommes appelés à être capables de placer notre existence et notre conduite de tous les jours sous l’autorité de valeurs aptes à préserver et à promouvoir en nous ce qui fonde notre dignité humaine et à installer durablement dans la paix et l’harmonie, nos sociétés profondément déstabilisées aujourd’hui par la logique prévalante du « chacun pour soi ».

CONCLUSION

      Pour passer du rôle de spectatrice à celui d’actrice au théâtre de la mondialisation, l’Afrique doit adopter une approche complémentaire de son développement. Elle doit ainsi affronter les défis liés à la mondialisation de manière correcte et au rythme qui convient, tout en restant sensible aux problèmes de développement qui lui sont particuliers. La problématique de notre réflexion était de montrer comment y parvenir compte tenu des tensions entre les systèmes économiques actuels et parvenu au terme de notre analyse, nous constatons que les challenges que l’Afrique se doit de relever restent nombreux. Entre autres nous avons évoqué la nécessité de passer le stade des gouvernements, autoritaire et monarchique, pour intégrer la « gouvernance internationale » ; de passer d’un nihilisme éthique à un civisme éthique ; de passer de la fermeture ou du repli identitaire et culturel à une ouverture au monde, à une poétique du Divers et de progresser dans la voie de l’intégration régionale qui exige de la part des pays un engagement fort à fournir des efforts résolus pour rationaliser les arrangements existants.. Aussi, à l’heure de l’économie du savoir, l’Afrique ne devrait plus être marginalisée dans le processus de production des connaissances d’où la nécessité pour la recherche africaine de faire face au défi de l’excellence scientifique. Enfin, nous avons aussi relevé qu’il était nécessaire pour y parvenir de mettre sur pied des politiques qui promeuvent le développement éthico-philosophique, socioéconomique et idéologico-culturel et aussi d’user l’intégration régionale comme tremplin pour s’intégrer de manière fructueuse dans le bateau de la mondialisation.

Par NGNAOUSSI ELONGUE Cédric Christian

L’article en version originale est disponible sur la Revue des Mondes Francophones à l’adresse: https://mondesfrancophones.com/espaces/afriques/que-doit-faire-lafrique-pour-se-lever-des-strapontins-du-bateau-de-la-mondialisation/