Christian ELONGUE

Wakh’Art : un combat pour l’art comme outil de développement au Sénégal

Du 5 au 7 octobre 2016, la semaine dernière, j’ai participé à un bootcamp des organisations américaine Ashoka Changemakers et American Express dans le but de connecter, d’inspirer et de renforcer les compétences de 20 entrepreneurs sociaux issus de 7 pays d’Afrique : Cameroun, Bénin, Cote d’ivoire, Sénégal, Gabon, Burkina Faso et Mali . Ce bootcamp est la suite d’une série de cinq autres qui se sont déroulés à travers le monde : Toronto, Mexico, NewYork, Nairobi. A Dakar, j’ai donc fait des rencontres surprenantes avec des entrepreneur(e)s au profil étonnant et très intéressant. J’aimerais néanmoins, marquer un coup d’arrêt sur un profil, celui de Ken Aicha Sy et à travers elle celui d’une organisation: WAKH’ART !

Au départ, une rencontre singulière… 

Au départ, rien ne présageait un quelconque lien entre moi et cette entrepreneure sociale. Déjà lorsque je consultais la partie du programme présentant la biographie des entrepreneurs, je vis le nom Ken Aicha Sy. Je fus étonné puis intrigué de découvrir qu’il y avait des japonaises ou du moins des japo-sénégalaise à ce bootcamp. En poursuivant, mon regard fut encore interpellé par sa photo : on y retrouvait un regard lointain, profond et éloquent.  C’était la seule photo parmi les vingt, où le sujet ne regardait point l’objectif. Sa biographie m’apprenait qu’elle était métisse et fille d’un grand artiste plasticien galeriste sénégalais : El Hadji Moussa Babacar SY dit ELSY, un « militant de la liberté de création impliqué dans la défense et la promotion des artistes sénégalais et africains ». Cette découverte décupla mon enthousiasme à découvrir la personnalité qui se cachait derrière ce nom et ce visage.

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Ken Aiche Sy. © Christian Elongue

          Malheureusement (pour moi), mes surprises ne s’arrêtèrent pas là et je découvrais, durant les ateliers que son corps en lui-même était un terrain d’expression de l’art ! Des tatouages représentant l’Afrique, des mots pulaars “ Laambo Sy bi fouta”  et surtout celui de son label : WakhartMusic. Ce constat acheva de me convaincre de ce que j’avais là juste sous les yeux, une « artiste » (elle ne le revendique point) au sens de Matt Crepinofsky: « est artiste celui qui succombe aux charmes de la philanthropie. Seul le vrai philanthrope peut espérer plonger au cœur de la sensibilité artistique par l’amour qu’il porte à l’humanité ». Oui ! Son amour pour l’art, elle le porte en elle, son regard le transmet et son corps l’exprime… librement !

Cette image de l’artiste se confirma suite aux échanges que nous avons occasionnellement eu plus tard. Je pris davantage connaissance de son travail et en restais subjugué. Au-delà de sa plateforme de médiatisation culturelle, elle cherche à mettre en lumière les artistes et la culture au Sénégal. Après 5 années d’existence, Wakh’art, dirigé aujourd’hui par Ken Aicha Sy et WakhartMusic dirigé par Moulaye WAM, réussit tant bien que mal à se frayer une place au sein du paysage culturel sénégalais voire international et parvient, petit à petit, à faire entendre sa voix. Cela se voit à travers les nombreux visiteurs et artistes internationaux qui déambulent dans leurs locaux au quartier Mermoz. Lors d’une visite, l’atmosphère et le décor vous saisissent dès l’entrée et vous interpellent à la contemplation. Les murs intérieurs sont couverts de tableaux  aux images surréalistes qui accrochent le regard. Ceux de l’extérieur portent la marque originale et singulière de la créativité des grapheurs Dakarois.

Façade Arrière Wakh'Art © Christian Elongue
Façade Arrière Wakh’Art © Christian Elongue

Vous vous rendez compte : Ken et Wakh’art ne font qu’un. Cette jeune sénégalaise et son équipe, se battent inlassablement au quotidien pour la reconnaissance de l’art comme facteur de développement au Sénégal. Et ce, malgré les difficultés liées au financement. Et comme le confirme, Marema Bao, Directrice Générale Adjointe du Groupe COFINA : « les banques financent très difficilement sinon jamais les entreprises culturelles ». Cette assertion résume toute la difficulté que des entreprises comme Wakh’art rencontrent avoir accès aux facilités techniques, au crédit bancaire et à l’investissement pour financer leurs différentes activités. Cela est sans doute lié au caractère aléatoire de la demande des biens culturels. En effet, l’imprévisibilité d’un retour sur investissement aggravées par l’importance de la piraterie (Wakh’Art Music-WAM) effraient le secteur bancaire et rebutent les investisseurs privés.

Cette assertion quoique décevante demeure cependant la triste réalité. Du coup, cela trahit une insuffisance d’éducation artistique et culturelle. L’Afrique se singularise par la rareté des programmes d’enseignement et d’éducation artistique au sein du système éducatif public. Rares sont les écoles d’Afrique subsaharienne qui ont des programmes de partenariat avec le milieu de la culture et cela génère une « incapacité » à pouvoir pleinement apprécier (savourer) la qualité des œuvres culturelles ou du moins à reconnaître leur importance dans la construction de notre imaginaire. L’accès au financement d’entreprises culturelles sera toujours très difficile tant que l’on n’aura pas relevé ce niveau d’éducation artistique auprès de la jeunesse ou des populations africaine. Ce combat, Wakh’art le mène à travers l’un de leurs projets « L’Art à l’école » qui vise à démocratiser le goût de l’art aux plus jeunes à travers des ateliers d’écriture, de photographie… Or étant donné que l’enfant d’aujourd’hui est le père de demain, il est certain que les jeunes bénéficiaires de pareilles initiatives pourront accorder une meilleure place à la culture dans leur famille ou futures entreprises. Ce projet n’est qu’un des nombreux que défend l’organisation Wakh’art qui dispose d’un site contenant bien d’autres informations utiles et intéressantes sur la promotion de l’art au service du développement ! N’hésitez surtout pas à y faire un tour, vous n’en reviendrez pas déçu !

Au finish, le partage d’une vision commune de la culture…


Bataille Sans Muraille

Poème: Une Bataille sans muraille.

Jalonnés par tes souvenirs,
Etalonnés par des désirs,
Talonnés par mes plaisirs,
Aiguillonnés comme par un élixir,
Illusionnés tel un mirage,
Ma mémoire, mes sens, mon corps, mon être,
Et mes pensées sont prises en otage par ton image.
Femme originale et fatale,
Aguicheuse et dangereuse tel un crotale,
Naturelle et belle comme un soleil,
Inconventionnelle et introspective, tu m’émerveilles.
Nébuleux sont mes rêves sans toi.
Ah ! Que ta vue me remplit d’alacrité !
Y réside une fascination telle la mélodie d’Orphée.
Il se déroule sous ma poitrine, une bataille
Et sous mon candy, ça mitraille
Pourrais-je surpasser ma fierté érigée en muraille ?
Serais-je à  la hauteur de tes attentes ?
Isis ! Que tu me rejettes comme consort,
Davantage cruel ne saurait être le sort…
J’ose croire qu’il en sera autrement,
Ou alors qu’Héra arrêtera mon tourment,
Une de tes œillades a rendu mon Cœur malade
Et depuis lors, mes sentiments sont en rade
Kératinisés ont été mes principes
Or j’aimerais savoir ce que tu penses de moi
Une fois de plus, pauvre homme misérable que je suis qui sans être en transe te dit :…

 

By: C. Scotfield

Note de l’auteur: Ce poème a été écrit en 2012. A l’époque, il exprime ici les effets subséquents d’une demoiselle sur sa personne. Bien qu’elle eut bien accueilli le présent poème, elle considéra son auteur comme étant un romantique alors qu’elle recherchait un macho. 


A Esméralda !

A ESMERALDA

Ta taille svelte, tes petits yeux noirs brillants,
Tes petites lèvres rieuses, tes gestes sémillants,
Ta silhouette de Sylphide et ta démarche de chasseresse,
Me mettent toujours dans un état d’allégresse.

L’envoûtante vision de ton regard
Dissipe dans mes yeux le brouillard
L’esquisse de ton sourire enchanté
Apparaît tel un voile rose nacré

Le doux son de ton rire exalté
Excite l’envie de t’embrasser
Le plissement de tes yeux souriants
Evoque l’immense tendresse d’un instant

Chaque retrouvaille déchaîne mon émoi
Chaque pensée ne me dirige que vers toi
Chaque regard fait fondre mon cœur

Je sais tu aimes la musique et la danse.
Je sais tu aimes suivre la cadence.
Je sais, pour toi j’apprendrai la danse.

Comment exprimer tout ce qu’il y a dans mon cœur ?
Je ne le sais pas.
Pourquoi est ce toi que toi que j’aime ?
Je ne le sais pas.

Tout ce que je sais c’est que j’ai besoin de toi
Car je t’aime et si c’est ma plume qui te l’écrit
C’est mon cœur qui le dit

Tu t’appelles certes T…
Mais pour moi tu es Esméralda ma bohémienne
Voudrais-tu être mienne ?
Pauvre homme misérable que je suis.

Dschang, le 03-03-2014

By: C.S


Do U Believe in Miracles ?

           Je reprends mon clavier aujourd’hui. Toutefois je ne me verserai point dans les rituels du blogging. Je ne vous présenterai point d’intrigue. Je ne tournerais point autour du pot. Je ne vous parlerais point à mot couvert. Je vous parlerais à cœur ouvert. Aujourd’hui plus qu’hier. Hier plus qu’auparavant. Je ne tergiverserais donc point. J’irai droit au but. Je parlerai sans anicroche. Je vous exposerai le fond de ma pensée à l’instant où je couche ces lignes. Pourquoi cette rupture ? Parce que mon Sujet n’aime point les fioritures. Il est simple mais grand. Pour lui les artifices n’ont point de valeur. Il ne se limite pas à notre apparence mais à notre être. Ce que nous sommes, ce que nous vivons, ce que nous pensons, ce que nous cachons, ce que nous voilons, ce que nous dérobons… Il le sait. Il le voit. Il le dévoile. Car il est omniscient et omnipotent. Je sais que ces deux expressions vous révèleront, peut-être, l’identité de mon sujet : DIEU.

           Certains l’appellent ainsi mais moi non. Car il ne s’agit là que d’un terme générique tout comme carnivore désignant les animaux se nourrissant de viande mais Lion, le nom propre et spécifique d’un animal de cette catégorie.  Dieu est donc un terme générique pour désigner une divinité. Dieu désigne un principe transcendant, supérieur aux hommes et à la nature, créateur et maître de tout. Chaque peuple a un Dieu, une divinité sur laquelle se fonde les espoirs, se dépose les déboires sans pour autant le voir. Les débats et polémiques autour de son existence ou non sont légion et je ne voudrais point m’y impliquer car il très difficile d’y faire consensus. Tout ce qu’il faut, c’est que nous respections les divinités des autres, sans pour autant les juger. Ne regardons pas l’autre au prisme de nos principes. Le faire nous conduira toujours à des guerres ou des violences. Respectons la différence de l’autre.

          Comme je le disais plus haut, Le Dieu que je sers a pour 7 noms propres ayant tous une signification et un effet particulier. ELOHIM -L’une des plus anciennes appellations du Dieu de la Révélation. Signifie “être fort, puissant”. Convient particulièrement au Créateur de Genèse 1 où il est constamment employé. Il revient 2312 fois dans L’Ancien Testament. El-Schaddaï- (Dieu Tout-Puissant, Genèse 17:1); El-Elion- (Dieu très haut, Genèse 14:18); El-Olam- (Dieu de L’Eternité, Genèse 21:33); El-Ganna- (Dieu jaloux, Exode 20:5); El-Haï- (Dieu vivant, Josué 3:10). YAHVÉ- C’est le nom le plus employé dans L’Ancien Testament (6499 fois); il est rendu en français par L’Eternel.

ADONAÏ- Mon Seigneur, Mon Maître.
YAHVÉ-JIRÉ- (L’Eternel pourvoira, Genèse 22:13-14)
YAHVÉ-RAPHA- (L’Eternel qui te guérit, Exode 15:26)
YAHVÉ-NISSI- (L’Eternel ma bannière, Exode 17:15)
YAHVÉ-RAAH- (L’Eternel mon Berger, Psaume 23:1)
YAHVÉ-SCHALOM- (L’Eternel Paix, Juges 6:24)
YAHVÉ-TSIDKENU- (L’Eternel notre justice, Jérémie 23:6)
YAHVÉ-ELOHIM- (L’Eternel Dieu, Genèse 2)

             Chez les Hindous, les trois principaux dieux forment le « Trimurti » (la trinité) : Vishnu, Shiva et Brahma. Les musulmans l’appellent AllahChaque peuple est libre d’avoir et de louer la divinité qui l’intéresse du moment que cela participe à leur épanouissement spirituel et que leurs pratiques sont le reflet du « bon sens ». Mais qu’est-ce que le bon sens ? Je ne le sais pas. C’est vrai Descartes déclarait que le bon sens est la chose du monde la mieux partagée. Mais je pense qu’il s’agit là aussi d’une notion relative car si la raison est pouvoir de distinguer le vrai du faux, quel ordre de ce pouvoir doit-on suivre pour penser parfaitement ? Si tous les hommes ont reçu par nature la raison, comment se fait-il qu’ils soient souvent dans l’erreur et qu’ils se perdent dans des conduites irrationnelles ? Quoiqu’il en soit, nous devons toujours nous remettre parfois en question pour nous assurer que nos actions sont en adéquation avec notre conscience. Mais qu’est-ce que la conscience ? Ça encore je ne sais pas. De mon passage en classe terminale au Lycée de Bonabéri, je n’ai retenu que cette définition un peu trop philosophique à mon goût : « la conscience est la présence de l’esprit à lui-même dans ses représentations, comme connaissance réflexive du sujet qui se sait percevant. » Malheureusement je ne suis point philosophe pour vous en éclaircir les contours.

            « Chassez la nature et elle revient au galop » a-t-on coutume de dire chez nous. Je croyais aller droit au but mais je réalise que je n’ai pas encore atteint le but. Trêve de blablatérage : peu importe le sens du mot conscience, je voulais tout simplement dire que j’ai pleinement conscience de l’existence d’un être transcendantal qui veille sur moi, mon moi, chaque mois, chaque jour, chaque minute, chaque seconde, chaque tiers instant de la vie. Je ne sais même pas ce que j’ai fait pour mériter toute cette attention mais Il est toujours là quand j’ai besoin de lui. Quand je crie, il me répond. Je pleure, il essuie mes larmes. Me fortifie quand je suis faible…

                   J’imagine, vous devez déjà avoir entendu ces mots qui finissent parfois, par tomber dans une banalité désarmante. Mais je tenais à le dire car tout ce que Dieu attend de nous c’est qu’on reconnaisse ses Grâces, ses bienfaits et bénédictions dans nos vies et qu’on puisse Lui rendre Grâce, hommages et témoignages. Très souvent, il agit dans nos vies sans qu’on en prenne conscience. On assimile cela à de la providence ou parfois à de la chance. (en passant, quelle est la différence entre ces deux termes). Mais je suis convaincu de ce que la chance ou la providence n’est point fortuite, elles sont le résultat de forces métaphysiques qui dépasse notre entendement. La chance ne sourit qu’à celui qui y croit. Mais y’a des événements qui arrivent et vous forcent à prendre conscience de ce qu’il ne s’agit plus du fruit de la chance ou du hasard mais d’une préscience. La prescience est la faculté de savoir ou de connaître d’avance ce qui va se produire ou exister. Dans la Bible, il en est question surtout, mais pas exclusivement, en rapport avec Jéhovah Dieu le Créateur et ses desseins.

Merci El-Haï

         En effet, ce mardi j’ai eu à oublier mon appareil photo Nikon Coolpix sur le siège d’un jardin public après une visite chez le dermatologue. Ma panique et mon désespoir furent immense puisque la mémoire de cet appareil contenait l’intégral d’une interview d’intérêt professionnel pour laquelle je m’étais rendu à Bruxelles le week-end d’avant. Mais je me suis souvenir de la Puissance de l’Eternel pour qui Rien n’est impossible. J’ai donc prié pour Lui confier ce problème et attendre mon miracle. Mon entourage me traita de « naïf » face à la bonne foi et surtout la confiance que j’avais de pouvoir retrouver un appareil en aussi bon état. L’on me relata que cela n’était jamais arrivé auparavant car ceux qui tombaient sur ce genre d’objet ne les déposaient presque jamais au commissariat. Malgré cela j’ai continué à prier Jehovah pour lui dire que j’attendais Toujours mon miracle et il m’a répondu cet après midi. En effet, je l’ai retrouver par inadvertance sur un site de vente d’objet d’occasion en ligne. Et après d’âpres négociations, j’ai finalement pu le racheter auprès du revendeur qui prétendait l’avoir récupérer au marché noir. Quoi qu’il en soit, ceci est une preuve manifeste de ce que Dieu, Allah, Boudha… est vivant. Il suffit juste d’avoir et de garder la Foi et vous verrez ses miracles s’accomplir dans sa vie. Ce court témoignage n’est qu’un échantillon des merveilles qu’il fait dans ma vie. Donnez-lui votre vie, confiez-vous en Jésus et il fera de même dans votre vie. Louez soit son Nom !!!

 


Mélancolies de la famille senghorienne !!!

Christian Elongue
Family is love forever

En ce jour 11 juillet 2016, cela fait exactement 10 mois jour pour jour que j’ai rejoint l’Université Senghor en tant que boursier de la Francophonie. Je me souviens encore de mes premières rencontres avec Matagaly Traoré, Nyamien Alexise et Choudelle Samba. Elles s’affairaient toutes à finaliser les questions de logement tandis que je recherchais un moyen d’obtenir une carte mobile égyptienne afin d’informer ma famille de ma bonne arrivée. Je ne me doutais point, en ce jour, que nous nous retrouverions dans le même département et que l’une d’elle, une lionne, serait appelée à coordonner la vie estudiantine.

      Je savais que mon passage à Alexandrie serait exaltant, mais je ne me doutais point qu’il serait autant passionnant. A l’Université Senghor, je m’attendais à y retrouver de bons collègues et de bons amis ! Mais j’ai été déçu… Car j’ai eu bien plus ! Au-delà de mes attentes, j’ai pu intégrer un ensemble plus riche : la famille senghorienne !

Une famille cosmopolite, faite de couleurs de près de 25 nationalités différentes représentant toute l’Afrique Francophone et les Caraïbes.

Une famille hétéroclite de par la diversité des composantes : musicologues, muséologues, sociologues, archivistes, linguistes, économistes, politistes, communicateurs, administrateurs, infirmiers … regroupés sous 4 départements : celui des « gestionnaires », celui des « cultureux », celui des « environnementalistes » et celui des « santologues ».

         Une famille éclectique de par la polyvalence de ses acteurs qui braconnent avec aisance et adresse aux frontières de bien d’autres disciplines : art martiaux, art oratoire, blogging, conte, comédie, danse, théâtre… La célébration du 25ème anniversaire de l’Université Senghor aura été la scène de révélation et de démonstration de tous ces talents. Mais surtout la preuve de notre capacité à travailler en synergie. La réussite de cette manifestation culturelle a été le symbole de notre capacité à être en symbiose, à développer une osmose. A pouvoir taire le « je » pour faire le « nous ». Durant les trois mois de préparation de cet événement, les membres de ma famille sauteront les barrières identitaires, franchiront les murs communautaires pour forger un projet unitaire. OUI ! L’Unité africaine, tant souhaitée par Nkrumah ou Senghor, est d’abord culturelle avant d’être politique ou économique. Les échecs de nos ainés ne doivent pas être reproduites par la nouvelle génération : la jeunesse. La deuxième erreur n’est point une erreur mais un choix.

Oui ! L’Université Senghor est le foyer de rencontre de personnes d’horizons divers mais qui décident d’avoir UNE vision vers l’Horizon.

       Je passe volontairement sous silence ces guerres intestines qui éclatent dans ma famille. Je passe volontairement sous silence ces mésaventures et cette désinvolture qu’on y retrouve. Pourquoi ? Parce que le linge sale se lave en famille et qu’il est plus important de partager nos ressemblances que nos dissemblances. Le monde souffre de ce rejet de l’altérité, ce refus de la différence. Autrui ne sera jamais comme nous et je ne serai jamais comme Autrui. La diversité voire la différence n’est point une carence mais une richesse. La beauté d’un paysage n’est-il pas constitué par la diversité des couleurs qu’on y retrouve ? Apprenons à développer une poétique de la relation, à aller vers et envers autrui. Et c’est ce sentiment qui a germé, qui fleurit et pousse actuellement dans l’esprit de ma famille senghorienne.

Quoique répartis aux quatre coins du monde dans le cadre de stages professionnels, nos liens demeurent actifs et vivants. Notre solidarité de cœur et d’esprit demeure présente et vivace de Bruxelles à Paris, en passant par le Sénégal, le Burkina, Haïti, la Mauritanie, la Guinée… Nous continuons à partager autant nos joies que nos douleurs.

On ne choisit pas sa famille
On ne choisit pas sa famille

       Bien que loin de moi, vous demeurez toujours présents en moi. Bien au chaud, dans mon cœur, nos souvenirs alimentent mon esprit quand je sombre dans la mélancolie. Je garde ces images de naissance de nos « bébés-pharaon« , de nos soirées festives, de nos repas « mustaphariens », de nos joies et déboires lors des olympiades et des effets subséquents du marathon… Ces images quoique positives sont néanmoins ternies par des nuages de tristesse quand je pense aux décès précoces et inattendus qui ont foudroyé nos frères et sœurs durant notre séjour. Et comme une famille, nous avons toujours pu remonter la pente et sortir de la torpeur.

A l’instant où je saisis ces notes, mélancolique, je suis impatient de vous retrouver : de retrouver vos sourires, d’entendre vos voix, d’écouter vos histoires… : vous me manquez ! Ce n’est point Alexandrie qui me manque mais la famille que j’y ai trouvé. Alors, vivement que Septembre revienne !!!

Et surtout, que ce germe de solidarité, que cette poétique de la Relation, cet amour de la diversité puisse à jamais fleurir, grandir et murir en nous afin que nous participions pleinement au « développement » de l’Afrique, Notre Afrique !!!

Où que vous soyez, que l’Eternel, qu’Allah vous accompagne et vous protège dans tout vos projets !!!

PS : Je suis sous le charme de Morphée à l’instant où je saisis ces notes ! Donc prière de ne point me tenir rigueur des potentiels errements que vous pourriez apercevoir entre ces lignes. J’aurais aimé écrire davantage mais on me dit souvent que j’écris et je parle trop, alors j’ai décidé de m’arrêter là. Quoi qu’il en soit, sachez juste que j’étais en mode : ça sort comme ça sort !!!

 

Lille, le 11 Juillet 2016, 03h37

NECC


On ne développe pas, on se développe !

« On ne développe pas, on se développe » déclarait l’un de mes maitres à penser l’historien et philosophe Joseph Ki-Zerbo. Ce savant, avec Cheikh Anta Diop et Achille Mbembè, a forgé ma personnalité, ma transdisciplinarité et surtout mon « indisciplinarité ». Il a contribué au développement de ma conscience à travers ses livres sur l’historicité de l’Afrique, l’identité africaine, l’éducation africaine, le développement endogène et l’unité africaine.

Un proverbe africain dit : « si tu veux marcher vite, marche seul, si tu veux marcher loin, marche avec les autres ». Il est nécessaire pour nous africain de développer le réseautage si nous voulons échapper ou du moins résister aux dérives de la mondialisation. Nous devons être acteur du changement et cesser de penser qu’il y a un développement clés en mains car le seul développement valable et durable est le développement clés en tête.

Avec la mondialisation, la jeunesse africaine est engagée dans une course. C’est à nous de prendre le relais, de courir, bien et vite, aussi loin que le travail nous le permettra. Oui !!! Nous devons rêver, oser et bosser. Nous devons être très ambitieux, avoir de grands rêves et travailler sans trêve pour les atteindre. Nous devons apprendre à oser, à entreprendre quitte à échouer mais nous aurons néanmoins gagné en sagesse. Pour moi, l’échec est une réussite et seule la persévérance fait la différence entre un gagnant et un perdant. Engagé dans cette course de longue haleine, nous devons être transdisciplinaire, développer des compétences transversales pour être compétitifs et affronter, avec bravoure, les challenges de la mondialisation ! L’Afrique a du potentiel, c’est à nous la jeunesse de la porter pour transcender les limites du ciel !


Un tour au Cameroun: le berceau du Makossa !

         C’est de manière impromptue que je me jette sur mon clavier pour rédiger ces (quelques)  lignes sur la musique camerounaise. En effet, je prenais mon repas après avoir passé une assez ennuyante journée, lorsque ma tante (maman) lança le Best Of Cameroon Music (Retro Ancien Makossa) sur sa smart TV. Sous mes yeux défilent les pionniers du Makossa du Mboa : Nkotti François, Ndedi Dibango, Tom Yom’s, Ekambi Brillant, Emile Kangue, Nadia Ewandè, Marco Mbella, San Fan Thomas… et Sergeo Polo.

Voir ces artistes dansés avec zèle, ferveur, le corps vibrant au rythme de la mélodie,

Voir ces danseuses réaliser ces chorégraphies synchronisées,

         Voir ces choristes accompagnant le chant de leur voix suave, revêtant toutes le même style vestimentaire : c’était l’époque de la coiffure « banane », Afro, « Chignon », les matôbôLes hommes revêtaient des ensembles « complet-complet » jeans , ou pour les plus fortunés, des costards dans lesquels ils baignaient harmonieusement. Les pantalons étaient suspendus très haut au niveau de l’abdomen et une belle ceinture mettait en évidence «l’enfilage » d’une chemise ou d’un T-Shirt de couleur frappante. Les salopettes jeans trônaient fièrement au sommet de leur gloire.

Dans ces clips, les danseuses sont très décentes et « catholiques », contrairement à ce que l’on voit aujourd’hui sur nos écrans où…

           Les messages véhiculés en langue bassa ou Douala ont davantage une visée éducative que ludique. Les atalakus, ces paroles dithyrambiques qu’ils insèrent ingénieusement pour des élites politiques ou des opérateurs économiques, ne manquaient évidemment pas : l’artiste doit bien vivre de son art dans un pays où le droit d’auteur était (est) malade voire moribond. On est loin des paroles obscènes que nous retrouvons dans la chanson contemporaine camerounaise. Je ne voudrais point incriminer les artistes musiciens qui sont bien obligés parfois de suivre l’évolution des mœurs et des préférences sociales. Cela trahit en fait la décrépitude croissante du système de valeurs morales et éthiques et partant celui du système éducatif.

Dans ces clips, le décor y est presque toujours le même :  ambiance feutrée dans un « night club » chic ; dans un salon luxurieux ou tout simplement des scènes prises dans la rue. Les plus fortunés réalisaient des scènes à Paris.

     J’étais sur le point de clôturer ce petit billet quand le clip de Kotto Bass a enchaîné : Edith. Ma tante a immédiatement dit : « cet artiste pour moi était titulaire d’une Licence en Makossa ». Chez moi, des réminiscences émergèrent sur les différentes heures que nous passions, à la veille des bals et soirées culturelles de l’université, pour essayer de reproduire ses talentueux pas de danse dont lui seul détenait le secret. Je ne saurais oublier Douleur, un autre magicien du Makossa camerounais, dont le clip « Oh Shémoh » a longtemps marqué les jeunes de ma génération. San Fan Thomas, ça vous dit quelque chose ???

            J’aurais aimé continué à vous décrire la jouissance phonique qui flattait mon ouïe. Je ne pouvais me retenir de réaliser des jeux de tête ou d’accompagner les refrains. Mon regard et mon corps étaient comme prisonniers de l’écran. Je redécouvrais avec plaisir ces artistes qui avaient longtemps bercé notre enfance et dont nous avons longtemps singé les chorégraphies. Toutefois ce plaisir, cette joie, cette fierté s’amenuisent lorsque je regarde le paysage musical contemporain au Cameroun : les contenus musicaux, pour la plupart, sont vides (de pures coquilles vides) et pervertissent davantage la jeunesse, la filière n’est pas toujours professionnalisée (tout le monde est musicien quand ça l’enchante), la gestion des droits d’auteur est calamiteuse (la plupart des musiciens ne vivent pas de leur métier)… Et ce qui m’énervent le plus, c’est la très faible valorisation de notre riche patrimoine artistique et musical qui fait notre fierté à l’échelle internationale : presqu’aucun lieu de mémoire pour les pionniers décédés, la méconnaissance institutionnelle des vrais artistes contemporains (Kareyce Fotso, Charlotte Dipanda, Manu Dibango…), la faible visibilité des festivals de musique nationaux (Festi-Bikutsi, Sea and Sea Musique Festival de Kribi…)…

Je ne voudrais point m’attarder sur ces obstacles à l’émergence de la musique camerounaise car je vous ai signalé en amont que je serai bref. Je vous laisse donc savourer ces mélodies, rythmes, chants et sons qui suscitèrent tant d’émoi en moi :

Guy Lobè : Dieudonné : Je m’appelle Dieudonné et je t’ai tout donné : l’amour, la gentillesse..mais ça n’a pas suffi… J’ai tout donné et Je suis resté comme ça, comme ça, comme ça !!!

Petit Pays : Haoussa.  A l’intro : Pourquoi papa a tapé maman eh eh !… Djamna eh Djamna eh Djamlamdouna…

Bonne dégustation et surtout JOYEUSE FÊTE DE LA MUSIQUE !!!


Cette rencontre inoubliable…

Les rencontres imprévisibles sont prévisibles.

       La plupart des gens pensent que les choses qui leur arrivent sont fortuites. Ils ne voient pas les complicités entre les événements auxquels ils sont mêlés, les rencontres qu’ils font, leurs rêves, leur choix. On ne s’en rend

Nervures d'une feuille.
Nervure, lignes du destin
Credit image: Marie Romanca

souvent pas compte mais toutes nos rencontres ne sont point fortuites. Elles ne sont point le fruit des astres ou de la providence. Et comme on a coutume de le dire :

Il n’y a pas de rencontre au hasard, il n’y a que des rendez-vous.

Toutes les personnes que nous rencontrons ont un rôle, une note particulière à apporter à la musicalité de notre vie. Il y’a des rencontres qui changent une vie, d’autres par contre en détruisent. Des destins sont impactés par des rencontres. Quand vous écouter le récit biographique de grandes figures historiques, vous verrez toujours que le cours de leur vie a été influencé par des rencontres. Des jeunes aussi sont en déperdition parce qu’ils n’ont pas encore fait de bonnes rencontres. On voit certains parents qui s’arrangent pour que leurs enfants rencontrent telle personne et pas telle autre : craignant les effets pervers de cette dernière sur l’imaginaire de leur progéniture. Mais pour moi, il n’y a guère de bonne ou de mauvaise rencontre : toute rencontre participe à la construction de notre expérience de la vie et nous assagit. En effet, «même les rencontres de hasard sont dues à des liens noués dans des vies antérieures… tout est déterminé par le Karma. Même pour des choses insignifiantes, le hasard n’existe pas » constate Haruki Murakami.

Ne vous y méprenez point, je n’écris point pour ratiociner sur mes considérations de la rencontre mais pour vous relater non pas la rencontre mais UNE rencontre : singulière, unique et exceptionnelle.

      Cette rencontre se fit au début de mon parcours universitaire dans la ville de Dschang en 2010. Jeune bachelier, je venais d’abandonner mes parents pour rejoindre cette cité universitaire où je ne connaissais absolument personne. J’étais d’ailleurs trop méfiant pour entreprendre toute démarche de ce genre. La plupart des parents conçoivent l’Université comme un océan abondant de loges, et de requins qui dévorent les petits poissons. Des commandements du genre « ton trajet est borné entre ton domicile et l’université : pas de déviation » ou «  ton meilleur ami c’est ton cahier » … étaient bien ancrées dans ma mémoire.

Mais ces barrières s’évanouirent lorsque je fis UNE rencontre…

       Je prenais le programme des cours au babillard lorsque je fus interpellé en ces:

  • « Petit frère », tu peux nous aider un peu ? Quelles sont les matières de la filière Bilingue dans ce magma?

         Tout surpris, je me retournais pour découvrir deux jeunes et jolies femmes menues, rondes et potelées. C’était l’ainée, Julie, qui m’avait posé la question et j’y répondis avec empressement, leur donnant même des indications supplémentaires. Elle me fit donc comprendre qu’elle était venue assister sa sœurette, qui elle aussi, venait d’arriver dans la ville et (heureusement) faisait la même filière que moi. Elle nous encouragea donc à échanger les contacts afin que sa petite sœur puisse récupérer mes notes de cours et partant rattraper son retard académique.

        Comme tout homme, j’acquiesçais rapidement, voyant là une perche ou une potentielle relation à l’horizon. En effet, comme je vous l’ai dit plus haut : elle était ronde, le buste cambré, sa peau noire ébène donnait un relief singulier à son sourire : son arme fatale. Ce sourire respirait l’innocence et transmettait la gaieté. Elle avait des yeux larmoyants qui étincelaient comme des pépites au soleil. Je ne puis donc m’empêcher de développer, inconsciemment, des intentions ! (Je suis sûr que cela vous arrive aussi parfois). Mais après quelques semaines, je m’aperçus qu’il s’agissait juste d’une attirance passagère. Je ne le réalisais déjà pas mais ce fut là le début d’une longue et profonde amitié qui perdure jusqu’à aujourd’hui.

Akono Crescence
Hbd Lupita. Credit Image: Necc, 2010.

        Nous avons passé des moments euphoriques mais aussi dysphoriques, partagé des joies et des peines, des frustrations et des déceptions communes et réciproques. Mais, ensemble nous avons toujours pu les surmonter. Elle était mon ombre : mon pied ton pied. A tel enseigne que mes copines la jalousait au vu de sa prégnance dans ma vie : je ne prenais presqu’aucune décision sans lui en faire part. Des amis soupçonnaient même que nous étions plus que des amis au vu du degré de complicité que nous partagions. Mais je prenais toujours la peine d’expliquer qu’il n’en était rien. Certains me crurent, d’autres pas. Comme on dit chez nous au Cameroun, c’est le cœur du bandit qui bat.

         

             Des fois, je me dis que si Dieu ne l’avait pas créé, je l’aurais fait ! Elle me comprend tant, devine voire prédit mes actes et cela me laisse souvent pantois. En effet, j’ai une personnalité et une philosophie de la vie très simple mais tout à la fois complexe et ambiguë. Les ramifications de ma pensée s’avèrent parfois difficile à cerner, mais j’étais surpris de voir qu’elle avait réussi à le faire. J’en devenais même parfois frustré car ne pouvant rien lui cacher, j’étais comme nu devant elle. Cette habilité, elle le partage uniquement avec ma cadette. Elle est ma conseillère, ma confidente…Bien plus, une sœur pour moi !

Aujourd’hui c’est le jour de son anniversaire !!! Jour mémorable car symbolique de la fête la musique. En ce jour, nous faisions fête et folie, nous amusions comme de petits enfants. MAIS…

          Je suis à des milliers de kilomètres d’elle. Évoluant seul comme un bohème. Son absence m’est devenue cruelle. Son sourire, nos fous rires, ses plaisanteries, sa joie de vivre et le souvenir de ses jolis petits pieds me rattrapèrent finalement. Loin des yeux mais près du cœur a-t-on coutume de dire mais l’on oublie très souvent que le cœur et la mélancolie ne font pas bon ménage. Or cette dernière m’étreint férocement à l’instant où je saisis ces lignes, seul dans mon bureau à Paris, elle à Yaoundé.

    Ecrire devenait donc cathartique : cela me permet d’exprimer cette frustration qui jaillit de mon impuissance à pouvoir partager ce moment unique avec elle. C’est vrai, me direz vous, l’anniversaire se fête au quotidien, mais la richesse et la singularité de ce jour réside dans sa fréquence et sa traditionnalité.

        J’espère que, où qu’elle soit, malgré le fait que le réseau 4G se soit noyé dans l’Atlantique, qu’elle pourra lire ces petites lignes, ce court récit qui au final ne vise qu’à lui dire exprimer mes voeux de bonheur pour son Anniversaire  mais surtout lui témoigner la place singulière qu’elle occupe dans ma vie depuis … cette rencontre.

Elle c’est Crescence MBOE AKONO, ma lupita.

Digne fille d’Akonolinga, I believe in you !


Promenade dans la capitale européenne !

Le Conseil Européen, le Parlement Européen, le Palais des Droits de l’homme européen…

Sculture de Ludmila Tcherina: Symbole de l'Union Européenne
             Europe à Coeur: Sculture symbolique de l’Union Européenne.

Ces lieux, vous les connaissez déjà sans doute : soit par expérience, soit dans votre imaginaire.

Ces lieux désignent les sièges des plus grandes institutions européennes. C’est là que sont prises les plus grandes décisions engageant l’avenir de la communauté européenne. J’ai longtemps eu à en entendre parler dans les médias, à les regarder de par mon écran que parfois on croit y être. Mais la réalité a vite fait de nous rattraper.

Eh bien, l’Éternel m’a donné la chance de visiter, d’être au près de ces grandes institutions européennes et même de les toucher. Vous le devinerez déjà sans doute : j’ai été à Strasbourg. Beaucoup s’imaginerait, vu l’engouement (peut-être) que je dégage dans ce récit, qu’il s’agit là du parcours d’un africain dépaysé qui se retrouve invraisemblablement dans une ville et se laisse séduire par sa beauté. Mais loin s’en faut, bien qu’elle soit riche de par ses châteaux, ses monuments historiques, ses jardins et ses parcs, ce qui m’a le plus marqué de ce bref passage c’est l’empreinte symbolique de cette ville.

                En effet, Strasbourg a été le théâtre de nombreux affrontements sanglants entre les Français et l’Allemagne.

       Partie intégrante de l’Alsace-Lorraine, Strasbourg a été annexée par l’Allemagne après la guerre de 1870-1871. Cette défaite entraîna la naissance d’un profond sentiment anti-allemand très profond en France. Cette haine va s’intensifier durant la période coloniale avec les conflits d’intérêts entre ces deux puissances au Maroc (Coup de Tanger). Les Allemands bombardent la Cathédrale Notre-Dame de Reims, lieu des Rois de France afin de saper et de briser le moral français. Le paroxysme viendra avec l’Occupation de la France par l’Allemagne nazie d’Hitler suite à la défaite du Maréchal Pétain. Elle sera donc humiliée, rabaissée et déshonorée par l’Allemagne durant deux longues années.

Toutefois lorsque viendra l’heure de s’unir pour créer la Communauté Européenne pour le Charbon et l’Acier, afin de faciliter la libre circulation des marchandises, ces deux pays décideront de taire leur rivalité et dissension. Et dès 1949, c’est Strasbourg qui sera choisie pour accueillir les premières institutions européennes. Vous me demanderez sans doute pourquoi tout ce détour historique, il vise tout simplement à montrer que deux nations, supposées se détester mutuellement, ont cependant réussi à panser leurs plaies et à fédérer leurs efforts pour favoriser la création de l’Union Européenne.

Cependant, qu’en est-il de l’Afrique ?

Frontière Cameroun-Guinée équatoriale
Frontière fermée

        Notre continent reste toujours le théâtre de nombreux conflits frontaliers. Et souvent, les parties prenantes ignorent les véritables soubassements de ces conflits. Cela a pour effet, de freiner considérablement la marche vers une Union Africaine (véritable). Car l’institution que nous possédons actuellement n’a pas les mains libres et dépend grandement de l’Union Européenne qui en est le principal actionnaire. Or nous savons que la main qui donne est… !!!

          La péninsule de Bakassi, depuis 1994 est le champ de bataille entre les armées camerounaises et nigérianes à cause de la richesse du territoire en Gaz et pétrole. Bien que la Cour Internationale de Justice de Laye ait tranché le conflit en faveur du Cameroun, des attentats et mouvement de revendication persistent jusqu’à aujourd’hui. La Guinée depuis le 08 octobre 2013 a fermé ses frontières d’avec le Cameroun et le Gabon. Parfois l’opposition idéologique de certains Etats voisins trouve son terrain d’application dans les contentieux frontaliers : c’est le cas entre le Mali et le Burkina Faso en 1974 et 1985, l’Ouganda et la Tanzanie en 1978-1979, le Tchad et la Lybie de 1973-1994. Ou encore entre le Maroc et l’Algérie en 1963.

Les principaux perdants dans ces conflits sont les combattants qui meurent en agrandissant la masse des veuves et des orphelins victimes de guerre. Au Cameroun, les plus valeureux reçoivent des discours grandiloquents lors de cérémonies funèbres. Mais après ? Rien… Aucune stèle, aucun lieu de mémoire pour commémorer ces héros, tombés par amour pour leur Patrie (certains !).

La France et l’Allemagne, auparavant de grandes ennemies, forment aujourd’hui le couple franco-allemand. Il s’en faut même d’un peu pour que François Hollande embrasse Angela Merkel.

François Hollande et Angela Merkel
François Hollande et Angela Merkel

          L’intégration africaine en marche depuis des décennies demeure encore frêle et davantage un discours politique qu’une réalité sociale. Quand les dirigeants africains cesseront-ils de ne voir que leurs différences ? Quand décideront-ils de taire leur égo, à panser les blessures du passer pour fédérer leur effort à travers des programmes de coopération bilatéraux profitables à leurs pays ?  mettre de coté leur intérêt personnel pour privilégier le collectif ? A quand la venue d’une veritable Union Africaine ?


De petites questions pour un champion !!!

Rassurez vous !  Il ne s’agit pas du jeu télévisé de France 3

Je ne voudrais (pourrais) point substituer le présentateur Julien Lepers !

Je veux juste vous présenter un homme dont le parcours professionnel et les choix politiques m’ont profondément marqués.

J’imagine vous devez tous maîtriser le principe de ce jeu télévisé ? Je vais donc vous donner des indices et vous me direz à quel niveau vous aurez deviné le personnage.

Ok ? Trève de bavardage, place au jeu ….

  • C’est un homme d’Etat uruguayen né à Montevideo le 20 mai 1935.
  • Durant les années 1960, il fut l’un des fondateurs du groupe des Tupamaros, sortes de Robin des Bois uruguayens qui protégèrent le peuple contre les exactions des paramilitaires.
  • Il a passé plus de 13 ans dans les geôles de la dictature (1973-1985), battu et humilié, mis à l’isolement total durant 9 ans, avec pour seule compagnie des insectes, privé de lecture durant 7 ans et il passera 2 ans au fond d’un puits.
  • En 2010, à l’âge de 75 ans, il devient Président de la république pour 5 ans (il avait donc un an de moins que Nelson Mandela lors de sa prise de pouvoir en Afrique du Sud, Mandela avait  77 ans en 1994). Ainsi il fait parti des hommes politiques les plus âgé lors de sa prise de pouvoir.
  • Anti-conformiste, refusant de jouer au président, il refusa la luxueuse résidence habituellement réservée aux présidents uruguayens pour rester dans une ferme de 45 m2 au bout d’un chemin de terre.
  • Il refuse aussi toutes les voitures de fonction qui lui sont proposées, sa coccinelle bleue achetée en 1987 lui suffit amplement.
  • Il détient le record du président le plus pauvre au monde avec 9300 Euro dont 90 % sont reversés à des œuvres caritatives en faveur des pauvres ou des petits entrepreneurs, vivant ainsi avec moins de 600 euros.
  • Durant l’hiver 2011, il décide que le Palais présidentiel figurerait sur la liste des édifices publics servant au logement des SDF, et ceci après avoir appris que cinq uruguayens étaient décédés d’hypothermie parce que sans abris.
  • Le 6 mai 2014, il a été le premier président au monde à légaliser la consommation, la culture et la commercialisation du cannabis, afin de mieux lutter contre le trafic de drogue.

Avez vous deviné le nom qui se cache derrière ces indices ? A partir de quelle question avez-vous résolu l’énigme ?

Le personnage qui se cache derrière ces indices n’est autre que José Alberto Mujica Cordano, surnommé « Pepe Mujica ».

Photo: Pierre Martial
Photo: Pierre Martial

Son histoire m’a profondément émue car il consacra sa jeunesse et sa vie au service de la société. Malgré les atroces tortures et souffrances qu’il subit en tant que prisonnier politique, il réussira à se relever et deviendra président de la république. Serait ce le début d’une vie luxueuse avec les émoluments de la république et le confort présidentiel ? Pas du tout ! Il demeura aussi humble et continuera à mener une vie des plus austère.

Un Epicure des temps modernes

Ce président atypique m’a fait penser à nos présidents africains qui s’accrochent au pouvoir comme des naufragés. Ils ne quittent le pouvoir, pour la plupart, qu’après un coup d’Etat, laissant leur pays dans le chaos à travers des crises post-électorales devenues monnaie-courante. Ces présidents possèdent des fortunes toutes plus faramineuses les unes que les autres alors que leur population meure  et alors que la jeunesse coule au fond de la Méditerranée. Je ne déifie point Pepe Mujica, mais sa philosophie de vie contraste sur bien des points avec les autres présidents contemporains dont la folie des grandeurs fait la Une des journaux chaque jour.

Ngnaoussi
Credit Photo: Pierre Martial

De son expérience de guérillero, il aura retenu que : «la guerre est un recours barbare, préhistorique. Quelle que soit la cause de la guerre, ce sont toujours les mêmes qui en paient le prix, les plus faibles». Toutefois, «  Je ne regrette pas ce que j’ai vécu, (sinon) je n’aurais jamais autant appris. Et dans la vie, on apprend beaucoup plus de la douleur et des échecs » nous déclare t-il. Car  « les battus sont ceux qui cessent de lutter, les morts sont ceux qui ne luttent pas pour vivre». Et lorsqu’on lui a demandé ce que cela lui fait d’être l’ex-Président le plus pauvre au monde, il hausse les épaules. “Beaucoup de personnes sont pauvres, très pauvres, de par le monde. Moi, je ne suis pas pauvre, j’ai juste décidé de vivre de manière austère pour être plus proche de ceux qui le sont. Je ne fais pas l’apologie de la pauvreté, mais celui du partage et de la sobriété“. Son futur projet est de « Continuer à vivre le plus longtemps possible ! C’est un miracle que je sois encore en vie après tout ce que j’ai vécu! Et puis lire aussi, lire beaucoup ! J’ai passé plus de 10 ans dans un cachot dont 7 sans pouvoir lire. J’ai du retard à rattraper ! “ déclare ce  champion qui reconnait ainsi la puissance de la lecture dans la construction de l’homme.