Christian ELONGUE

Comment le COVID-19 peut vous aider à faire une pause et à réorienter la trajectoire de votre vie ?

A chaque début d’année, nombreux sont ceux qui se hâtent de définir de nouvelles trajectoires de vie. Ils prennent des résolution et se donnent des objectifs dans chaque domaine de leur vie. Les premières semaines du mois de janvier, l’enthousiasme et la motivation à respecter ces objectifs sont bien sûr élevés.

Moi, en janvier dernier, je m’étais fixé de lire au moins un livre par mois, ou de publier au moins un article de blog par semaine, d’aller très régulièrement à la gym, de prier souvent pour votre épouse, famille ou futurs enfants etc. Janvier est vraiment le mois où le zèle et l’énergie vous permettent d’accomplir effectivement ces objectifs.

Mais le problème, c’est qu’à partir de février, la motivation est en chute libre.

Certains commencent à réviser leurs objectifs à la baisse, car ceux-ci paraissent « ducoutement » (subitement) trop ambitieux, alors qu’au départ, ils avaient réussi à les réaliser ! D’autres abandonnent tout simplement et reprennent les vieilles habitudes d’antan.

Au début de l’année prochaine, on peut parier que le même cycle se reproduira !

Ce renoncement cyclique conduit à des vies insatisfaites, à des potentiels peu exploités, à des rêves brisés… Cela traduit une faible discipline dans le développement d’habitudes transformatrices.

« Heureusement » (si j’ose dire), le coronavirus vient à la rescousse de tous ces projets abandonnés !

Ce terrible virus nous donne en effet une opportunité exceptionnelle de temporiser le cours de notre vie.

Au milieu de ce chaos médiatique, il est possible de créer un vide pour se poser, s’asseoir, penser et repenser la trajectoire actuelle de votre vie.

A cette période de l’année, vos actions sont-elles alignées avec vos ambitions ?

Vos progrès sont-ils pertinents et significatifs, par rapport aux objectifs que vous vous étiez fixé ?

Dans quel secteur de votre vie devez-vous fournir plus d’efforts ? Est-ce votre vie spirituelle, familiale, vos épargnes, vos études ou encore votre santé ?   

Si tout comme moi, vous aviez rédigé un plan stratégique pour l’année 2020, c’est le moment de le revisiter pour identifier les secteurs de votre vie dans lesquels vous avez été performants et ceux dans lesquels vous devriez adopter de nouvelles stratégies ou actions pour les accomplir.

La qualité d’un plan ou d’une stratégie se mesure dans les résultats !

Christian Elongué

Avoir un plan de vie, c’est déjà faire un pas vers la réussite. Avoir un plan pour votre année, c’est bien, mais se pauser pour l’évaluer et réajuster la trajectoire de votre vie, c’est encore mieux. Le coronavirus vous donne cette opportunité-là, ne la ratez pas : saisissez là ! Vous ne disposerez peut-être plus de ce temps à l’avenir.


Et si la médecine africaine pouvait véritablement contribuer à stopper le Covid-19 ?

Le monde aujourd’hui vit l’une des crises sanitaires les plus importantes de son histoire.

Dans tous les médias du monde, il ne passe plus un jour sans qu’on ne parle de la pandémie du Coronavirus. Ayant pour point de départ la ville de Wuhan en Chine, cette pandémie s’est répandue dans tout le monde à une vitesse vertigineuse depuis mars 2020 faisant de nombreux morts et victimes surtout en Chine et en Europe (Italie, France, Espagne etc…) mais aussi en Amérique. La médecine moderne qui jusqu’à présent avait l’habitude de gérer d’une manière admirable les problèmes de santé, n’a pas réussi pour l’instant à trouver un médicament ou vaccin efficace à 100%.

Il y a néanmoins une sorte de controverse autour d’un médicament : la chloroquine.

 S’il est vrai que le professeur Didier Raoult opte pour son utilisation pour soigner cette maladie, beaucoup d’autres spécialistes dans le monde s’inscrivent en faux contre cette posture, relevant qu’il pourrait présenter des effets secondaires non désirables, notamment les problèmes oculaires et cardiaques.

 Par conséquent cette posture n’a pas reçu l’aval des organisations nationales et internationales liées à la santé.  Certains ministres français explorent de plus en plus l’usage la chloroquine notamment le ministre français de la santé qui l’a finalement autorisée selon certaines conditions. Mais, il reste qu’il fait l’objet de plusieurs antagonismes dans le monde médical.  Face à cette cacophonie, la médecine africaine ne serait-elle pas un terrain digne d’exploration ?

Des incertitudes liées à la pharmacopée africaine.

Déjà il serait intéressant de faire une clarification terminologique. Beaucoup ont tendance à utiliser l’expression médecine traditionnelle pour désigner la médecine africaine. Christian Elongue pensait déjà que le terme traditionnel est réducteur par rapport à une autre médecine dite « moderne ».  Dans cet article, il a proposé cinq challenges à relever pour passer d’une médecine traditionnelle africaine à une médecine africaine.  

Lire : 5 challenges pour le développement de la médecine « traditionnelle » en Afrique

Depuis de longues dates, il y a toujours eu une opposition entre la médecine « moderne » et celle « traditionnelle ». La première a  presque toujours accusé la deuxième d’être dépourvu de stratégie propre, de connaitre un problème de dosage, et surtout d’être risqué pour la santé. Il faudrait quand même rappeler qu’il serait difficile d’imaginer que des médicaments naturels aient des effets secondaires.

 Par conséquent beaucoup de voix s’élèvent pour vanter son efficacité et son accessibilité.  On pourrait quand même relever que cette médecine souffre souvent d’un problème d’approche, d’organisation et de concertation de spécialistes. Un exemple palpable au Cameroun est que lorsque vous empruntez un bus de transport inter-urbain, à chaque fois vous tomberez sur un naturopathe qui s’installe au couloir pour vous vanter les mérites de son produit. Lors du prochain voyage, vous tombez sur un autre qui vous parlera d’un produit différent pour soigner la même maladie et parfois plus. Même si quelques produits ont une certaine efficacité reconnue par la majorité, il reste que ce secteur aurait besoin d’une sorte de réaménagement.  

 Lorsqu’on revient à la médecine moderne, il est connu au plan international que la chloroquine est un antipaludéen. Dans les réseaux sociaux, on constate une affluence vers les recettes à base de plantes naturelles pour soigner le Coronavirus.

Produits naturels d’un naturopathe. Source

Entre autres, certains proposent de manger les feuilles de de ndolé (un légume populaire au Cameroun )  trois fois par jour.

 Mais l’efficacité de ces méthodes de traitement à base de plantes naturelles diffusées sur les réseaux sociaux n’est pas unanime.

Au regard de ce qui précède, il serait envisageable que les « traditionalistes » d’Afrique se mettent ensemble pour réfléchir sur comment attaquer la maladie et par la suite faire des propositions aux gouvernements africains. Se mettre ensemble permettra déjà de créer les conditions favorables pour être écouté et avoir une autorité auprès du grand public. Dans cette lancée, ils pourraient s’inspirer de l’approche développée par un personnage de l’auteur hispano-africain Inongo-vi-Makome.

Lire aussi: Le corona virus rappelle l’importance de bien financer la recherche scientifique et l’innovation 

Et si le protocole de traitement pour s’attaquer à la pandémie du corona virus se trouvait dans l’oeuvre : Cuando el cielo y la tierra se confabulan”   

Oeuvre Inongo Vi Makomè. Source: Amazon

Inongo-vi-Makome, est un romancier camerounais d’expression espagnole. Il a publié un certain nombre de romans parmi lesquels, Cuando el cielo y la tierra se confabulan…

Il met en exergue un médecin camerounais, Sony Ya EKO’O, revenu d’Europe pour contribuer au développement de son pays notamment en apportant sa pierre à l’édifice sur le plan de la médecine. Il s’installe à  Massaka au sud du pays et devient ainsi l’unique médecin de son village.  Malheureusement, les populations vont souffrir d’un déluge quotidien et interminable et d’un délestage permanent. 

Le village va aussi faire face à une épidémie meurtrière. En manque de médicaments, le médecin va faire recours aux différents de la médecine « traditionnelle » du village pour l’aider à vaincre l’épidémie. Ce dernier va séparer les malades en différents groupes et attribuer à ces derniers, des produits de différents médecins selon des doses bien indiquées.

Au bout de quelques jours, il va constater un soulagement considérable chez certains groupes de patients par rapport à d’autres. Ce qui va lui permettre de valider ce qui lui permettre de valider leur efficacité et de tirer les conclusions qui s’imposent.

 Ainsi, lorsqu’on y met de la méthode et du sérieux, il est possible qu’on obtienne des résultats probants. 

Au regard de ce qui précède, n’est-il pas grand temps pour les Naturopathes africains de se mettre ensemble pour voir dans qu’elle mesure réfléchir sur un médicament qui pourrait permettre de venir à bout de la pandémie Corona Virus ?

N’est-il pas enfin temps que les africains montrent qu’ils peuvent apporter quelque chose de significatif dans le cours de l’humanité si tant est que pour l’instant les occidentaux sont submergés et dépassés par les évènements ?

De nos jours, la mondialisation appelle à une réaction collective et concertée pour venir à bout des difficultés communes.  A ce titre, nous pensons effectivement qu’un travail concerté est de nature à résoudre cette pandémie et par la même occasion permettre de mettre fin à ces multiples médications constatées dans les réseaux sociaux. 

Déjà, la stratégie du personnage principal de l’œuvre mentionnée plus haut, à savoir collaborer avec les médecins « traditionalistes » pourrait   être une approche non négligeable. Cependant, il faudrait au préalable une concertation entre les différentes parties prenantes. En outre, si la majorité des médicaments « modernes » trouvent leur matière première dans la nature, cela pourrait signifier que la solution s’y trouve.

              Les solutions efficientes et durables pour la résolution des problèmes de l’humanité peuvent aussi provenir de l’Afrique. L’Afrique à travers ses fils a là, une occasion de montrer pourquoi elle est appelée le berceau de l’humanité.

Herman Labou

Le corona virus a vraisemblablement changer le cours de l’histoire et les habitudes des uns et des autres. L’Afrique à travers ses fils a là, une occasion de montrer pourquoi elle est appelée le berceau de l’humanité. Cela ne sera possible que si les individualismes sont transcendés pour un collectivisme salutaire.  

Contributeur: Labou Hermann.

Je suis un poète, acteur de théâtre. Je suis aussi néo-chercheur en transferts culturels. Ecrire d’un point de vue général est une passion. Déjà j’ai contribué dans certains magazines notamment Muna Kalati, Lepaan Africa et le magazine du CLIJEC.  Si tu aimes cette réflexion, tu peux insérer un commentaire et même partager.


Be first content with what you have before seeking more

Yesterday evening, 29th January 2020, around 8:36, I was on the way to my home when I heard a lady saying: “Please, I need 50 pesos”. As I was making a WhatsApp voice note to a YALI Liberian friend, when walking, I didn’t stop immediately, thinking she wasn’t speaking to me.

But after a few steps, I interrupted my voice note and returned on my steps to enquire if she was talking to me. As I was getting closer, I realized she had a baby on her back. She then repeated: “Please, I need 50 pesos to complete what I have and buy some food for my baby”.

I was a little surprised! In my mind, I was wondering how someone could lack 50 pesos at East Legon, one of the residential areas of Accra, the heart of Ghana, a booming economy in Africa?

But I quickly remembered that I had also gone through furious storms in my life in the past. So, it was easier for me to connect with her story and understand her.

I finally gave her something beyond what she expected. She too, was surprised and was about to do an act of reverence when I stopped her. I told her that only God deserves our reverence and praise, I’m just a vessel. The smile I saw on her face was already a big reward for me. It’s always a privilege and honor to be a channel of blessing into someone else life.

On my way home, an indescribable joy and sorrow filled my heart. Joy because I had just been used by God. Sorrow and compassion because it make me realized once again the big social inequalities that exist in our societies. It’s not just in Ghana but everywhere in the world. While some people are starving and lacking even what to eat or a shelter, others are living in abundance. It’s just by God’s grace that we have what we have, that we are where we are, not only by our work.

At home, this scripture from Philippian 4:11-12 dropped into my mind: “Not that I speak from want, for I have learned to be content in whatever circumstances I am. I know how to get along with humble means, and I also know how-to live-in prosperity”.

You can find contentment only in Christ, and in striving to serve Him. Contentment can’t be found in God’s creation or in things like people, possessions, or money. Always learn to be thankful and praise God for what you have, even as “little” as it could be. For what you neglect may be what someone is desperately looking for. In all circumstances, either good or bad, always trust God for  all things works for the good of those who love him (Romans 8:28)

Today, ask God to give you a spirit of contentment and decide to be a blessing to someone. We always have enough to give. Sharing is caring ! Shalom


Les femmes africaines jouent-elles autant aux jeux vidéo que les hommes ?

Les femmes en Afrique jouent-elles autant aux jeux vidéo que les hommes ? Il s’agit là d’une interrogation digne de figurer à l’émission française Questions pour un Champion. Evidemment, on pourrait à priori répondre par la négative mais disposons-nous de faits concrets pour justifier cette position ? Alors que de nombreuses études américaines[1], françaises[2] ou asiatiques pullulent sur le rapport des femmes au jeu vidéo, elles deviennent rares ou inexistantes lorsqu’il s’agit du continent africain. Pourquoi ?

Parce que le jeu vidéo est encore un phénomène social et une pratique culturelle en mutation sur le continent. A l’exception de l’Afrique du Sud où l’industrie du jeu vidéo a démarrée dans les années 80-90, il faudra attendre les années 2000 pour voir apparaitre les premiers jeu vidéo sur mobile ou PC produits par des studios d’Afrique subsaharienne.

Mais bien avant la production de jeux vidéo africains, les jeunes africains étaient déjà en pratique immergés et habitués à consommer des jeux vidéo étrangers. Des salles de jeux arcades aux salles de PlayStation où les jeunes s’agglutinaient pour se livrer des championnats de FIFA ou Pro Evolution Soccer. Aujourd’hui, les pratiques ont légèrement évolué depuis le boom numérique et technologique qui a permis la démocratisation des outils et méthodes de jeu vidéo. Si auparavant, il fallait forcément se rendre dans une salle de jeu vidéo, où l’on payait environ 10 centimes de $ pour jouer une partie, il est désormais possible de le faire à partir de chez soi et même en itinérance.

Les coûts des équipements de jeu vidéo (consoles de salon, TV, PC…) ont progressivement chuté, permettant ainsi à de plus en plus de jeunes, de classe moyenne, de pouvoir s’en procurer. Mais c’est certainement les smartphones qui vont vulgariser la pratique des jeux vidéo en Afrique. Même les enfants, qui ne sont point propriétaires de smartphones, empruntent régulièrement celui de leurs parents ou aînés pour jouer à des jeux mobiles dont ils sont passionnés.

Dans nos analyses antérieures, nous avions abordé les mutations du jeu vidéo en Afrique, qui devient de plus en plus un phénomène social et culturel accepté. Ici, nous présentions le potentiel éducatif de ces jeux vidéo pour mobile made in Africa, les défis de financement[3], les opportunités économiques de cette filière[4] et formulions des recommandations pour le développement de cette pratique sur le continent. Mais s’il existe un aspect des jeux vidéo qui manque considérablement d’informations, c’est sans aucun doute en rapport avec la dimension du genre.

Combien de femmes en Afrique jouent aux jeux vidéos ? Comment jouent-elles, sur leur smartphone, tablette, PC ou dans les salles de jeu ? Combien de fois jouent-elles aux jeux vidéo : est-ce occasionnellement ou régulièrement ? Quelle est leur perception et expérience des jeux vidéo existant sur le marché (Google Store, App Store…) ? Quelle est le pourcentage de femmes actives dans la conception des jeux vidéo en Afrique ? Etc.

Voilà autant de questions auxquelles il est difficile d’apporter des réponses fiables et chiffrées. C’est la raison pour laquelle, nous avons décidé de passer des observations et suppositions à la collecte de données pouvant renseigner le profil des joueuses de jeux vidéos africaines. Nous avons ainsi mené un sondage préliminaire sur Facebook à travers une question : « Les femmes en Afrique, jouent-elles autant aux jeu vidéo que les hommes ? ».

Les commentaires, diverses et variés, nous ont permis de constater que la compréhension des jeux vidéo est assez biaisée. En effet, la majorité des répondantes concevaient exclusivement l’expression « jeu vidéo » comme étant celui nécessitant une console de jeu et un écran de télévision. Alors que cela renvoyait à tout jeu sur ordinateur, télévision, console de jeu, ou mobile (tablette ou smartphone).

Avant cette clarification, la majorité des réponses furent donc négatives :

  • « Les femmes n’ont pas le temps de jouer aux jeux vidéo »
  • « Comment pouvons nous jouer aux jeux vidéo avec les taches ménagères et obligations familiales qui pèsent sur nous ? »
  • « Les jeux vidéo c’est pour les garçons et non pour les filles »
  • « Hum, je n’y joue pas parce que c’est pour les enfants »
  • « Mes parents m’interdisaient d’y jouer car ça devait développer de l’agressivité en moi… »

Image libre de droits – freepik

En somme, nous avons pu constater que l’une des barrières à la pratique des jeux vidéo par les femmes est d’ordre social. En général, les femmes hésitent beaucoup à se revendiquer joueuses ou « gameuses » et cette difficulté augmente avec l’âge. Bien que 48% des joueurs de jeu vidéo aux Etats Unis sont des femmes, mais seulement 6% d’entre elles se considère comme des « gameuses », une terminologie bien souvent réservée aux férus ou hardcore du jeu vidéo sur console et PC. Et même sur PC et consoles, on retrouve également les femmes. Peut-être pas suffisamment en Afrique, mais une étude britannique parue en 2014, a démontré que la moitié des femmes jouant à des jeux vidéo le font sur console.

En parallèle avec notre sondage sur les réseaux sociaux, certaines femmes perçoivent les jeux vidéo comme étant un loisir d’homme : 72% des 43 femmes ayant répondu au sondage sont d’accord avec ce point de vue. Il s’agit là d’une autre barrière pour celles qui veulent s’orienter professionnellement dans le secteur des jeux vidéo. Les métiers de la programmation étant associés aux mathématiques, une matière encore perçue dans l’imaginaire collectif comme masculine, accentue ce phénomène, alors que le jeu vidéo combine technique et artistique.

D’autres rattachent cette pratique à l’enfance et craignent d’être traité d’enfantin, si jamais elles étaient surprises à jouer à un jeu vidéo. Pour se conformer à la représentation sociale du jeu vidéo, certaines décident ainsi de ne pas y jouer, même si l’intérêt existe. Enfin, une dernière catégorie de répondantes, généralement âgées de plus de 26 ans, considéraient le jeu comme une pratique futile pour une femme dont le temps est consacré presqu’entièrement à la gestion du foyer et des enfants.

Après avoir apporté une clarification précisant le type de jeu vidéo, notamment celui sur mobile. Les réponses reçues furent légèrement différentes. Nous avions eu beaucoup plus de réponses positives et les répondantes indiquèrent qu’elles jouaient en moyenne une fois à une application de jeu vidéo installée sur leur smartphone. Cela corrobore avec une étude semblable menée par Médiamétrie en 2013, qui confirmait que les femmes [françaises] privilégient la tablette pour se divertir et communiquer. « 40% des femmes  » tablonautes  » ont joué au cours du dernier mois contre 35% en moyenne. Plus encore la tablette semble favoriser cette pratique puisqu’une femme sur deux joue davantage sur tablette que sur ordinateur.[5] »

D’autres cependant, ont révélé jouer régulièrement à des jeux sur leurs smartphones, surtout lorsque ces jeux abordaient leurs centres d’intérêt : relation amoureuse, développement personnel, jeu d’aventures, de découverte… Elles déclarent également que leurs pratiques vidéo-ludiques ont développé l’esprit d’équipe, la patience et leur créativité.

Image issue du jeu « The Walking Dead »

En quoi ces données préliminaires sur les pratiques de jeux vidéo par les femmes en Afrique, sont-elles importantes ?

La compréhension des attitudes et usages des jeux vidéo par les femmes permet de mieux définir les politiques éducatives s’appuyant sur les technologies mobiles et de mieux élaborer les approches et contenus pédagogiques pour/sur le continent africain. Par exemple, nous avions mené une étude sur l’efficacité pédagogique d’un jeu sérieux développé par le studio Ghanéen Leti Arts, pour permettre au joueur d’acquérir les connaissances utiles dans la prévention et le traitement du paludisme. Notre échantillon de participants à l’étude était constitué de 137 étudiants sages-femmes ou infirmier. Seulement 9%, soit 13 personnes, étaient des hommes alors que la majorité des intervenants était des femmes soit 91%, c’est-à-dire 124 femmes. Les résultats avaient ainsi démontré que les femmes de cette école d’infirmiers jouaient plus régulièrement à ce jeu que leurs camarades hommes. Elles se donnaient régulièrement des challenges afin d’obtenir le meilleur score dans le jeu Hello Nurse et cette pratique régulière du jeu avait considérablement et positivement influencé leurs connaissances et comportements[6].

Aussi, elles étaient moins exigeantes sur la qualité ludique et graphique du jeu en lui-même. Une tolérance liée en partie au fait que le personnage principal du jeu, Adjoa, était de genre féminin.

Conclusion

En définitive, nous sommes conscients des limites inhérentes à cette analyse, qui n’entre pas suffisamment dans les détails. Mais d’autres recherches ont démontré que les femmes sont proportionnellement plus nombreuses à jouer à des jeux sur smartphone, Facebook, ou sur des portails Internet. Ces types de jeux ne sont pas reconnus comme « nobles » par la communauté des joueurs, car souvent trop simples et peu recherchés.

Notre analyse propose un compendium sur le sujet de la mixité dans le jeu vidéo et montre la nécessité ou l’urgence d’accorder plus d’intérêt à la filière du jeu vidéo en Afrique, c’est un secteur prometteur où les femmes aussi auront leur rôle à jouer. Il faut investir sur l’éducation – et la sensibilisation – pour une plus grande mixité et représentation des femmes dans l’industrie des jeux vidéo. Dans une prochaine analyse, nous élaborerons davantage et en profondeur sur les profils des joueuses et développeuses de jeu vidéo sur le continent africain. Il s’agira d’interroger la dimension genre autant dans la production que la consommation des jeux vidéo en Afrique.

Notes et références


[1] Par exemple, le Pew Research Center a interrogé un échantillon réprésentatif de 2001 Américains de plus de 18 ans. D’après les résultats, 48% des femmes jouent au jeux vidéo contre 50% pour les hommes.

[3] Dans une interview accordée à RFI, Olivier Madiba, un des fondateurs du Studio Camerounais Kiroo Game soulevait cet accès difficile au financement pour les créateirs de jeu vidéo africains : « la plupart des créateurs sont vraiment bloqués par le financement. Il y a une qualité que vous ne pouvez pas atteindre quand vous vous demandez comment vous allez payer votre loyer dans deux jours. C’est impossible. Il y a beaucoup de jeunes qui veulent créer, mais aucune banque ne finance le jeu vidéo ici, comparé à l’Occident, par exemple, où certaines banques ne font que ça. C’est en train d’émerger, mais il n’y a pas encore de fonds, de capital risque, de mécènes qui croient en cela. » URL : https://www.rfi.fr/emission/20171112-afrique-jeu-video-production-consommation-madiba-kiroo-games 3/3

[4] Ngnaoussi Elongue C. Christian, « Les défis de financement des jeux vidéo produits en Afrique », Thot Cursus, consulté le 21 janvier 2019, https://cursus.edu/articles/41582/les-defis-de-financement-des-jeux-video-produits-en-afrique.

[5] Etude SELL/GfK « Les Français et le jeu vidéo » sur une base de 1 023 personnes âgées de 10 à 65 ans, octobre 2017

[6] Cedric Christian Ngnaoussi Élongué, « L’univers d’un jeu vidéo influence positivement la motivation dans l’apprentissage », Thot Cursus, consulté le 9 avril 2019, https://cursus.edu/articles/42777/lunivers-dun-jeu-video-influence-positivement-la-motivation-dans-lapprentissage.


Université de Dschang : une excellence en décadence ?

De 2010 à 2015, j’étais un étudiant à l’Université de Dschang, une ville qui m’a « chaleureusement » accueilli après l’obtention de mon BAC A4 Espagnol au Lycée Bilingue de Bonabéri. J’avais choisi l’Université de Dschang au lieu de celle de Douala tout simplement parce que Dschang était réputée pour son excellence démontrée à travers la qualité de ses diplomés.

Mon pari sur l’Université de Dschang fut gagné car on y prenait en effet les études très au sérieux ; du moins par comparaison aux autres universités publiques comme celles de Yaoundé 1 (Ngoa Ekellé) & 2 (Soa), Ngaoundéré, Bamenda etc. A Dschang, les études étaient tellement sérieuses que certains la qualifiaient de « Lycée Universitaire » au regard de l’intensité du travail et de l’engagement exigé des étudiants. Si le cycle universitaire est généralement reconnu comme celui où on a plus de temps et de liberté, cette règle ne s’appliquait pas à Dschang.

Je me souviens des cours à l’Amphithéâtre A352 qui étaient parfois planifiés de bonne heure le matin, nécessitant ainsi que les étudiants soient présents à 5h ou 6h pour sécuriser une place assise. Je me souviens des emplois du temps surchargés avec les cours et séances de Travaux Dirigés. La majorité du personnel enseignant était dévoué comparé à ceux d’autres universités publiques. Tout cela faisait de l’Université de Dschang l’une des meilleures à l’échelle nationale et même en Afrique Centrale.

Ça, c’était le passé !

Du moins les choses ont changé d’après ce que j’ai pu constater lors de mon dernier séjour à Dschang du 19 au 21 décembre 2019. J’ai retrouvé une université dans un état avancé de délabrement.

La majorité des bâtiments et infrastructures universitaires sont en pleine détérioration, sous le regard passif et la désinvolture des étudiants et du personnel enseignant. (Ne me demandez pas les raisons !)

Route menant vers l’Université

Dès l’entrée principale, on constate que la route menant vers l’université, jadis goudronnée, est désormais en latérite. Un nuage de poussière rougeâtre se soulève donc automatiquement chaque fois qu’une moto-taxi ou automobile passe ; ce qui pourrait entrainer de nombreuses maladies pour les piétons ou commerçants exerçant autour de cette voie routière.

À l’entrée même de l’Université de Dschang, on constate que le majeur changement réside dans les plaques d’identification des différentes entreprises de bureautique ou restauration des étudiants. Les affiches ont été uniformisées et il est désormais plus facile d’identifier une entreprise de l’autre. À part ça, rien n’a bougé.

Du regard, on constate que la majorité des entreprises n’ont vraiment pas évolué : les mêmes imprimantes et ordinateurs d’antan sont toujours là… Si les capitaux de ces entreprises n’ont pas évolué, c’est le reflet de la précarité économique qui règne dans la ville et même au Cameroun en général.

Entrée de la Salle B311 en FLSH @ngnaoussi, Décembre 2019

Une fois le portail traversé, on constate que la majorité des salles de cours n’ont point été rénové, du moins celles de la Faculté de Lettres et Sciences Humaines (FLSH). Pareillement pour les bureaux des enseignants, qui sont dans un état de délabrement proche de l’abandon : surtout ceux qui sont vers le département Études Africaines.

Vu de l’extérieur, on pourrait naturellement se demander si des docteurs et professeurs de rang magistraux occupent véritablement ces espaces aux murs foisonnant d’affiches, à la peinture terne et larmoyante, aux fenêtres avec des vitres brisées ou absentes, et dont les couloirs sont aussi obscurs que les chemins qui mènent vers l’ignorance.

Lorsqu’on arrive à la FLSH, on peine à croire qu’on se retrouve dans une université publique prônant l’excellence.

Si on y parachutait des inconnus ignorant tout de leur emplacement, ils décriraient l’université de Dschang comme un musée ou une école à l’abandon qui n’est plus fréquentée depuis belle lurette. Le niveau d’insalubrité visible à travers les dépôts de poubelle répandu ici et là, les vestiges de babillards ainsi que des aires de sports peu équipées ou entretenues, laissent à désirer.

Une poubelle débordante devant une salle de cours à l’UDs @ngnaoussi, Décembre 2019

Pourquoi ?

En voyant ce degré élevé d’insalubrité et de délabrement, on ne peut que se demander comment les étudiants et le personnel enseignant évoluent dans un pareil environnement ? Comment maintenir le gout pour l’apprentissage lorsque l’environnement ne le favorise point ? Comment motiver et inciter les jeunes étudiants à aspirer à l’excellence lorsque l’environnement ne le facilite point ?

Je ne dis pas que rien n’a été fait depuis 2015 – année à laquelle j’ai quitté Dschang. Mais le niveau de progrès qui a été réalisé jusque-là est largement inférieur à mes attentes. J’étais donc plutôt déçu en me rendant compte que les choses rentraient plutôt en arrière.

 La FLSH était plus jolie et vivante dans les années 2010 qu’elle ne l’est maintenant. En essayant de comprendre cette stagnation, on m’expliqua que l’Université n’avait point renouvelé le contrat de l’entreprise de nettoyage. Info ou intox ?

Cependant, je n’arrive toujours pas à comprendre la désinvolture tant du personnel enseignant que du public estudiantin, dans lequel on retrouve de nombreux « clubs » ou associations menant des activités culturelles, académiques ou sociales.

Personne ne changera les choses à part nous-mêmes !

En tant qu’acteurs de la société civile, ces clubs et associations ont pour mandat non seulement de contrôler l’action publique, mais aussi de contribuer à un changement positif à travers d’actions concrètes.

Un des babillards de la FLSH, Décembre 2019

Par exemple, l’Association des Étudiants de la FLSH, le Club Bilingue ou tout autre club, pourrait se lancer dans la mobilisation des ressources financières pour la restauration ou rénovation des babillards, espace-clé pour l’affichage des résultats d’examens. D’autres associations et club exerçant sur le campus pourraient également organiser des « Journées d’actions citoyennes » où les étudiants pourraient nettoyer et désherber certains endroits stratégiques du campus.

Évidemment, ces actions ne pourraient qu’être temporaires et complémentaires, en attendant que les autorités universitaires prennent véritablement les choses en main. Je suis de ceux qui pense qu’on ne devrait et saurait tout attendre de l’Etat, du Gouvernement ou des autorités publiques. En tant que citoyens ou étudiants, nous avons tous notre rôle à jouer dans la construction de la nation camerounaise. Chacun a sa pierre à apporter à l’édifice et aucun apport n’est négligeable : tout est significatif. Personne ne changera les choses à part nous-mêmes !

J’invite donc les clubs et associations culturelles ou académiques à jouer pleinement leur rôle. Si l’environnement éducatif, c’est-à-dire la forme, laisse déjà peu à désirer, on peut déjà s’imaginer la qualité du fond, c’est-à-dire les savoirs et connaissances partagées dans ces espaces d’apprentissage.

 Si jamais ces clubs et associations rencontrent des difficultés, ce serait important de l’indiquer afin qu’ensemble, nous réfléchissions sur les actions concrètes et réalisables pouvant permettre à l’Université de Dschang de (re)devenir le centre d’excellence, la belle Cité des Savoirs dont on était si fiers auparavant.


#CamerounIaiserie : Le choc émotionnel quand tu réalises que ton pays avance à reculons…

Mes Camerouniaiseries

Attention ! Je n’ai pas dit #Camerounaiserie, qui est un concept porté par Ecclésiaste Deudjui d’Achouka Mondoblog. J’ai dit #CamerounIaiserie. Il y’a la lettre « i » qui fait la différence entre les deux.

Pour court-circuiter votre curiosité, sachez que j’utilise ce néologisme tout simplement pour renvoyer à mes pérégrinations, périples et péripéties de voyage au Cameroun, le pays des lions (in)domptables qui est désormais le théâtre de plusieurs niaiseries.

Après près de 4 années d’absence, pour des raisons académiques et professionnelles, j’ai enfin refoulé le sol du Camer. Déjà que mon voyage retour à travers ASKY n’a pas été facile, je me consolais avec les beaux souvenirs que j’avais gardés du pays, lors de mon dernier séjour. En effet, j’avais laissé un Cameroun corrompu mais vivant, un Système qui essayait tant bien que mal de survivre.

Mais à mon retour, de l’aéroport à mon domicile, j’ai été totalement déphasé (1), dépaysé (2), déboussolé (3), désemparé (4), dépassé (5), désenchanté (6) et désillusionné (7) par ce que je voyais, touchais, entendais, sentais et goutais.

J’étais déphasé…

Car j’imaginais mon pays être, non pas dans une phase de progrès accéléré, mais au pire dans une constance et maintien du statu quo. Mais je m’aperçus rapidement que le pays effectuait une « marche arrière » à la Petit Pays.

Le Bled (pays) est en détérioration lente mais progressive. Et des pays comme le Togo ou le Bénin, qui jadis enviaient le Cameroun dans bien de secteurs, notamment infrastructurels, sont désormais enviés par les Camerounais.

J’étais dépaysé…

Et n’arrivait point à « reconnaitre » mon pays. Douala, jadis bouillonnante est désormais ballonnante et bâillonnant. Jadis exubérante et vivante, elle est désormais « moribonde », très sale et presqu’en état de délabrement. En dehors des ponts sur le Wouri et de quelques rares infrastructures qui ont émergé ici et là, notamment les snacks bars et restaurants, tout est presqu’identique aux dernières photographies mentales que j’ai du pays. Les mêmes bâtiments étaient toujours présents, mais en plus vieux et la majorité des murs, délabrés.

J’étais déboussolé…

Car ne sachant plus où aller. Je me suis dit : « Si Douala la capitale économique est en aussi piteux état », comme un « pamplemousse en cours de pourrissement » pour emprunter les mots d’un oncle ; alors à quoi ressemblerait les petits arrondissements comme Penja, Mbanga et Loum où je comptais me rendre afin de retrouver des membres de la famille ? Si une aussi grande ville urbaine comme Douala, laissait à désirer, qu’en sera-t-il des villes rurales comme Souza, Mbanga et Loum ? me suis-je interrogé durant mon trajet vers le rondpoint Deido où je devais prendre le car vers Mbanga, une ville devenue populaire grâce à l’artiste musicien Lapiro de Mbanga. Une fois que j’y suis arrivé, une autre surprise agréable m’attendait.

J’étais dépassé…

Par les chargements. La donne n’avait pas changé et le « sur-chargement » était toujours une pratique en cours. Le « chargeur », l’homme responsable de trouver les passagers, agissait comme un entraineur ou coach de football. Son classement était 4-4-3:

  • 4 passagers à l’arrière ;
  • 4 au milieu et
  • 3 au siège avant : le chauffeur, le petit chauffeur et un autre passager.

On se retrouvait ainsi à 11 dans une voiture qui normalement ne devait recevoir que 5 passagers : 3 à l’arrière, 1 à l’avant et le chauffeur. Mais puisque le Cameroun c’est le Cameroun…

Durant le chargement, on m’avait mis en « petit chauffeur » ; les connaisseurs comprendront !  Bien que dépassé, ce fut une agréable expérience qui me rappela que j’étais véritablement au bled. Car ailleurs, cette pratique de surcharge des passagers dans les taxis n’était point répandue.

Au Ghana par exemple, le taxi est davantage à usage individuel que collectif et quand bien même un groupe de personnes empruntent un taxi, ce dernier va difficilement accepter de mettre plus d’un passager à l’avant et trois à l’arrière. Mais au Cameroun, l’écart est devenu la règle.

Désenchanté !

Tel fut mon état d’esprit une fois sur la « route » nationale menant vers Mbanga, car les choses, ici aussi, n’avaient point changé. Le trajet fut épuisant et époustouflant.

Epuisant car les nombreux nids de poule voire d’éléphants, transformaient la voiture en un rodéo. Il était difficile de parcourir 2 Km sans entrer dans un creux, à moins d’être un « habitué » du trajet, maitrisant déjà les endroits stratégiques où ces trous se trouvaient pour mieux les éviter.

Epoustouflant le trajet l’était au regard des différents accidents évités jusqu’à l’arrivée. J’ai compris qu’au Cameroun, voyager et arriver à destination en un seul morceau, était déjà à lui seul, un miracle.

Un des nombreux accidents sur les routes (pistes) nationales camerounaises. Il est difficile de voir passer une journée sans recenser un accident de circulation sur le territoire camerounais.

Les chauffeurs sont ainsi des preuves manifestes de la grâce et miséricorde de Dieu, car vu l’état des routes, seule la protection divine, la prudence et conduite responsable, peuvent permettre d’arriver à destination sain et sauf. Tel fut donc mon cas, arrivant ainsi en un seul morceau à Mbanga, ville d’enfance dans laquelle étaient enfouis de nombreux souvenirs.

Mais j’ai très rapidement été désillusionné.

Je projetais développer des incubateurs entrepreneuriaux pour les jeunes de la localité afin de booster l’activité socioéconomique. Mais après quelques jours, je compris qu’il s’agissait là d’une grande illusion au regard de l’environnement extrêmement corrompu et politisé dans lequel il existe de nombreux obstacles administratifs et financiers pour la mise en œuvre d’un projet entrepreneurial. Les seules entreprises qui prospèrent à Mbanga (et au Cameroun en général), sont les centres de vente d’alcool (bars), les Hotels et les restaurants.

Christian Elongué entrain de manger du taro avec la sauce jaune
Christian Elongué entrain de manger du taro avec la sauce jaune.

Malgré mon déphasement,

Malgré mon dépaysement,

Malgré mon déboussolement,

Malgré mon dépassement,

Malgré mon désenchantement,

Malgré mon désillusionnement,

Je reste positif et garde l’espoir que les choses changeront. Pour créer ce changement, il est important de changer ou repenser les priorités sociales, économiques et surtout politiques. L’état de dégradation avancé du Cameroun est le reflet de sa classe politique aux abois car presque tout se résume au leadership. D’aucuns estiment qu’un changement de la classe dirigeante pourrait positivement améliorer la situation. D’autres estiment qu’il n’en est rien, car les mentalités de la jeunesse, censée prendre la relève, sont presqu’identiques sinon plus corrompues et pernicieuses que celle de la génération actuelle.

Il est donc urgent de revaloriser les cours d’éducation civique et morale car cela permettra d’initier les jeunes aux valeurs patriotiques et citoyennes afin qu’ils puissent devenir des citoyens plus responsables, engagés et actifs dans la gestion de la Nation.

D’après vous ? Comment pourrait-on stopper ou limiter le recul progressif du Cameroun ? Car au-delà des infrastructures publiques, l’éthique et la morale foutent également le camp. Comme l’illustre à merveille l’industrie musicale où le sexe, l’alcool et la vie de luxe sont les thèmes de prédilection. Un changement de gouvernement est-il véritablement la solution ? L’après-Biya sera-t-il différent, en mieux ? Sinon, comment construire un meilleur Cameroun ? Prière de commenter pour partager vos idées.

Dans les prochains articles, je vous partagerais d’autres #Camerouniaiseries. Ces choses qui énervent, dérangent, choquent et surprennent au Cameroun. Restez branché !


Pourquoi ASKY Airlines est une compagnie aérienne à éviter ?

En tant qu’afropolitain, je n’ai jamais écrit d’articles avec une orientation péjorative sur une entreprise africaine. Mais il y’a des expériences qui ne doivent pas être silencées si l’on veut avancer dans ce continent.

Le moins cher est parfois cher

D’emblée, je n’ai jamais voyagé à travers ASKY Airlines, les compagnies que j’emprunte le plus souvent dans mes voyages sont Kenyan Airlines, Ethiopian Airlines, Air France, EgyptAir, Brussels Airlines etc.

Mais lorsque je préparais mon voyage pour le Cameroun, après plus de 3 années et demie d’absence, c’était les tickets de ASKY Airlines qui apparaissaient être les plus attractifs. Le prix du ticket de vol aller-retour depuis Accra (Ghana) où je réside était à près de 1000$ tandis qu’il était à presque 500$ si ma ville de départ était Lomé au Togo, pays frontalier au Ghana. En bon camerounais, un rapide opération de « ma’a calcul ma’a plan » m’a permis de voir que j’épargnerais beaucoup en passant par Lomé, qui n’est qu’à 4 heures de route d’Accra. Si 4h de route peuvent m’épargner près de 300 000 Frs, je ne vais pas réfléchir à deux fois.

Cependant, c’était sans compter les périples et péripéties du voyage transfrontalier. Parvenu à la frontière d’Aflao le jeudi, je constate déjà que les Camerounais doivent payer le visa d’entrée à 25 000 FCFA alors que les Français paient seulement 10 000 Frs… Autrement dit, c’est plus cher pour un africain d’entrer au Togo que cela ne l’est pour un occidental. Après on nous parlera d’intégration africaine… Malchance…

Pour ne pas être hors sujet, je vais laisser cette question pour une autre fois. Pour l’instant, je me focaliserai sur mon expérience avec la Compagnie aérienne ASKY.

A Lomé depuis Jeudi soir, je me suis rendu le vendredi matin, à la Direction Générale de la Documentation Nationale (DGDN) pour étendre la durée de mon séjour d’une semaine à un mois deux semaines, afin que je n’ai plus à payer les frais de visa lors de mon retour sur Lomé. Mais avec la corruption gangrenant au sein de l’administration togolaise, les officiels ne m’ont point rendu mon passeport à 12h comme prévu, alors que je leur avais informé de ce que mon vol était prévu à 14h.

Ce n’est qu’après de longues supplications et prières qu’ils acceptent malgré eux – et après m’avoir menacé avec une arme comme si j’étais un terroriste – qu’ils me rendent finalement mon passeport. Ils s’attendaient à un « geste » de ma part, à ce que je leur donne quelque chose (financier) avant qu’ils me rendent mon passeport, pourtant ce service est gratuit pour tous ceux ayant déjà payé les frais de Visa à la frontière ou l’Aéroport.

Une première mauvaise expérience avec ASKY

Evaluation des services d’ASKY par leurs clients

Au-delà de cette altercation à la DGDN, une pluie violente avait commencé à battre tambour. C’est donc tout mouillé que j’arrive à l’Aéroport à 13h10 et dans le hall des embarquements à 13h20. A ma grande surprise, la chargée de la clientèle ASKY m’informe de ce que les embarquements sont cloturés depuis 12h30. Ebahi et abattu, je lui explique qu’il y’a encore 40 minutes avant le décollage de l’avion tel qu’indiqué sur mon ticket de vol. Mais elle me dit « Niet, vous ne pourrez plus prendre votre vol ».

J’ai eu l’impression que le sol s’écroulait autour de moi. Une violente rage bouillonnait en moi. Tous ces efforts, tous ces sacrifices, toutes ces misères pour en arriver là ? Une amie togolaise qui m’avait accompagné à l’aéroport m’a soudainement rappelé que même si j’étais arrivé plus tôt à 13h, je n’aurais toujours pas pu embarquer puisqu’ils avaient clôturé ces embarquements depuis 12h30. Je me suis donc questionné :

Pourquoi une compagnie aérienne voudrait-elle laisser un passager à l’aéroport à moins 40 minutes du départ alors que l’avion était encore au sol ?

Pourquoi ASKY Airlines s’empresse-t-elle de clôturer les embarquements près d’une heure et demie avant le départ effectif de l’avion ?

La réponse n’allait pas tarder ! Car un membre du personnel de l’aéroport, me voyant dans mon désarroi se rapprocha de nous, et confia en Ewé (langue locale) à mon amie que : ASKY adoptait cette stratégie de clôture rapide des embarquements afin que beaucoup de passagers puissent rater leur vol et ainsi payer les frais de pénalités. Il nous informa de ce que cela arrivait très fréquemment et que rares étaient les vols ASKY sur lesquels il n’y avait pas de passager manquant.

Entendre cela m’attrista davantage. Car je me rendis compte que j’étais victime d’une stratégie systémique orchestrée par ASKY Airlines afin de générer plus de recettes à travers les paiements des frais de pénalité. Difficile à croire, mais ce fut la triste réalité à laquelle je devais faire face ce vendredi 6 décembre 2019.

Je me rendis de nouveau vers leur service clientèle pour plaider afin de savoir s’ils pouvaient m’accorder une faveur, étant donné que je voyageais afin d’assister au mariage de mon cousin qui devait se cloturer le Samedi 7 Décembre. Donc voyager le samedi pour arriver à 18h n’était pas une bonne option pour moi, car le mariage, l’objet prinicipal de mon voyage, serait déjà achevé. Mon voyage aurait donc été à 50% vain.

Mais toutes mes supplications se heurtaient à un marbre de glace et aucune action ne fut prise pour me permettre de rattraper le vol. Tout ce qu’elle me disait c’était de payer les frais de pénalité à hauteur de 107 000 F pour prendre le vol suivant le Samedi 7 Décembre à 14. Tel un chien abattu, je devais attendre jusqu’au lendemain, mon excitation à l’idée de refouler les terres du « Mboa » avaient été refroidies.

Une seconde mauvaise expérience.

Le lendemain à 12h, j’étais de nouveau à l’Aéroport. Emmanuel Sogadji, Président de la Ligue des Consommateurs du Togo (LCT), avait écouté mon histoire puis intervenu afin qu’une solution puisse être trouvée. En tant que représentant du droit des consommateurs, il s’indignait de leurs pratiques violant le droit de la clientèle. A cet effet, il demanda à la respo du service clientèle :

La Compagnie ASKY paie t-elle des frais de pénalités aux voyageurs lorsque l’avion accuse un retard de 3 à 4h ?

Malgré toutes ces négociations, il s’avérait que le paiement des frais de pénalité était incontournable. Lorsque nous nous décidâmes à le faire, il était 12h40 et la responsable de la réservation des vols a passée une quinzaine de minutes derrière son écran pour transférer mon ticket sur le vol en partance à 14h, et pour lequel les passagers avaient déjà commencé à embarqué.

Vers 12h55, elle nous informe de ce qu’elle a des problèmes de connexion internet et ne peut le faire en ligne. Je me rends donc au service des embarquements et ils me disent que mon ticket n’a pas été reconduit et quelques minutes plus tard, vers 12h57, ils disent que les embarquements sont clos. J’ai eu l’impression de recevoir une douche glacée. A une 2ème reprise, je ne pouvais voyager, cette fois ci étant présent à l’aéroport deux heures avant mon voyage. J’ai du ravaler ma rage et abandonner toute idée de rattraper la cérémonie de mariage de mon cousin au Cameroun.

Ma première expérience de voyage avec ASKY Airlines est donc assez amère et voici quelques facteurs qui pourraient freiner la croissance de cette compagnie aérienne « africaine ».

La Satisfaction clientèle n’est pas leur priorité.

De la réservation du billet au voyage, le service clientèle d’ASKY est très médiocre. Le personnel est très arrogant, insolent et peu soucieux de satisfaire les problèmes du client. Vous allez difficilement voir une compagnie aérienne sérieuse qui, à deux reprises, va observer (contribuer) un client manquer son vol, et demeurer indifférent. Même le personnel de l’aéroport qui m’avait vu manquer le vol le Vendredi, était surpris qu’ils ne m’eussent aussi pas laisser passer le Samedi.

Négliger l’expérience clientèle au profit de l’économique est dangereux.

Comme je l’ai souligné plus haut, la compagnie ASKY se réjouit du malheur des passagers car les vols ratés génèrent beaucoup de recettes à travers le paiement des pénalités, ou même l’abandon des tickets. Or la clé pour attirer, maintenir et fideliser des clients, c’est l’expérience unique qu’ils reçoivent dans le service.

Lorsque l’expérience clientèle est positive, ils promouvront d’eux-mêmes vos services et les recommandations personnelles ou de bouches à bouches, sont plus efficaces que la majorité des campagnes publicitaires.  Quant à moi, je ne vais JAMAIS recommander cette compagnie aérienne à qui que ce soit.

Si vous êtes pressé ou avez des rendez vous importants lors de votre voyage, ASKY n’est pas sur pour vous. Ils sont trop imprévisibles et peuvent rapidement transformer votre voyage en cauchemar. Bien qu’ils aient des prix attractifs, le risque n’en vaut pas la chandelle. Le moins cher est très souvent plus cher.

Vous verrez certains entrepreneurs africains se plaindre de ce que leurs entreprises ou affaires ne marchent pas ou ne progressent. Par expérience, ils négligent beaucoup la relation client et pensent que les africains vont automatiquement ou naturellement se tourner vers des services africains. Après cette expérience cauchemardesque avec ASKY, j’ai compris pourquoi certains africains se tournent toujours vers des compagnies de voyage étrangères.

En cloturant ce billet, j’aimerais rassurer mes lecteurs de ce qu’il ne s’agit point d’un règlement de compte avec ASKY ; cela n’a jamais été mon intention ni dans mes pratiques. C’est juste qu’il faut aussi décrier les choses lorsqu’elles sont mal faites. Et je ne suis pas le seul passager d’ASKY Airlines qui a eu une très mauvaise expérience, la compagnie n’a reçue qu’une note de 4/10 des passagers ayant évalué la qualité du service. Certains déclarent par exemple que :

« C’est la pire expérience que j’ai jamais vécue en voyage et après mon retour, j’espère ne plus jamais voler avec Asky à moins qu’une action ne soit prise pour le comportement de leur personnel. »
« Horrible, ce n’était qu’un cauchemar et une expérience détestable. Je regrette d’avoir acheté ce billet et j’ai eu l’impression d’avoir perdu mon argent et mon temps. » C Kardeke (United States)

« C’est de loin la pire compagnie aérienne que j’aie jamais vue de ma vie. » Emmanuel Aighu (Nigeria)

« Je ne recommanderais cette compagnie aérienne à personne, ils sont arrogants et n’ont pas de service à la clientèle du tout ! »

« Cette compagnie aérienne n’a été qu’une déception et je ne la prendrai plus jamais et je ne la recommanderai en aucun cas. » Chess White (United States)

Si vous avez également voyagé à travers ASKY Airlines, je vous prie de partager également votre expérience (positive ou négative) en commentaire. Ces critiques positives ou négatives pourront certainement les amener à améliorer la qualité de leurs services pour le bien être de tous les africains.


Mongo Beti était-il véritablement un athée ou un catholique caché?

Mongo Beti, écrivain, homme politique, polémiste et leader d’opinion célèbre est aussi connu pour n’avoir pas été souvent tendre avec le clergé catholique en Afrique. Tant dans sa prose latérale que dans son œuvre. Laquelle œuvre toute entière est pourtant empreinte de motifs catholiques. C’est le constat qu’a fait Owono-Kouma, lequel l’a conduit à écrire Mongo Beti romancier et l’église catholique romaine publié chez L’Harmattan en 2010.

L’interrogation principale qui occupe le chercheur est celle d’explorer l’écriture de Mongo Beti (Eza Boto) pour se « demander pourquoi un romancier qui s’est proclamé ou que l’on a dit agnostique, voire athée, a puisé si abondamment la matière d’œuvre de sa production romanesque dans le christianisme en général, l’Écriture sainte et l’Église catholique en particulier. Pourquoi en est-il toujours question dans chacune de ses œuvres ? Pourquoi le romancier en est-il tant obnubilé ? » l’exégète s’est aussi demandé si cela a servi ou desservi l’église catholique.

Le critique se démarque de Molly Mazuiri, Louis-Paul Ngongo, Bernard Mouralis, Tsibola Kalengayi, Albert Gérard et Eloi Messi Metogo qui, tous ayant étudié la religion chez Mongo Beti, n’ont pas abordé le motif chrétien de façon holistique chez le natif de Mbalmayo, tâche à laquelle le critique s’attelle.

Église catholique romaine et création romanesque

La première partie Église catholique romaine et création romanesque présente la création romanesque de Mongo Beti comme se basant principalement sur la religion chrétienne et surtout l’obédience catholique romaine. Son chapitre I s’intitule La mission catholique : une succession de descriptions. Ce chapitre est forgé au pied de la théorie de Pierre Fontanier se rapportant à la description que le chercheur utilise. Il dresse exhaustivement les caractéristiques des infrastructures de l’église catholique. Le personnel missionnaire : une galerie de portraits, ainsi s’intitule le chapitre II. Il y est question d’insister sur l’ensemble des marques que l’on pourrait appeler l’étiquette du personnage selon la terminologie de Philippe Hamon. De ce point de vue, les membres du clergé comme les évêques, les prêtres, les laïcs dont le personnel du presbytère et les domestiques passent à l’analyse. Le chapitre III parle du Thème structurateur de l’évangélisation. De la pléthore des théoriciens de l’approche thématique, Owono-Kouma jette le dévolu sur Jean-Pierre Richard qui consiste entre autres à construire des associations significatives et récurrentes. Il conclut que ces associations sont construites autour d’un pivot : la religion chrétienne d’obédience catholique.  

Écriture sainte et création romanesque 

La deuxième partie a pour titre Écriture sainte et création romanesque : essai d’analyse intertextuelle. Indication du temps et caractérisation de l’espace en est le premier chapitre et le quatrième de l’ouvrage. Comme l’écrit Owono-Kouma, « Dans cette perspective, l’analyse du présent chapitre montre que l’écrivain s’est servi du temps et des localités de la Bible pour indiquer et caractériser tour à tour le temps et l’espace dans lesdits romans. » p. 146.  Au chapitre V Signifiant et faire des personnages. L’intertextualité tient des analogies que le chercheur établit entre les personnages bibliques et ceux de Mongo Beti. Les personnages de Mongo Beti sont tantôt inscrits dans le cadre de leur programme dans les canevas proscriptif et prescriptif selon la terminologie du Groupe de Liège. Le chapitre VI s’intéresse à Le discours des personnages. Suivant le même tandem, il est question de montrer que ce discours « c’est-à-dire la façon de parler, s’inscrit dans le cadre de la démarche intertextuelle. » p. 199. Il s’agit de scruter dans les discours des personnages la part qui a trait directement ou indirectement à un fragment biblique.  

Discours critique sur l’Église et l’évangélisation

La troisième partie Discours critique sur l’Église et l’évangélisation touche les problématiques de rejet, d’adhésion mitigée au christianisme par les Africains. Le chapitre VII, Les chrétiens africains : une foi chancelante permet de revenir sur les freins à une évangélisation réussie. On aura à ce sujet une inconstance de la foi chez les Africains traduite notamment par une foi singulière (goût de la curiosité, recherche de l’intérêt personnel, la complaisance dans les conversions), la pratique coercitive de la foi et la pratique de la mobilité religieuse. Le personnel missionnaire, des contre modèles est le titre du chapitre VIII. Son dessein est de dégager l’image négative qui entache le faire et l’être des missionnaires. Ils sont présentés par Mongo Beti comme ayant un comportement contradictoire avec leur enseignement : chasteté sujette à caution, l’égocentrisme avec l’intolérance envers les autres confessions chrétiennes, le goût du luxe matériel et le mauvais payement des personnels à leur charge.  Critique de l’institution est le titre du chapitre IX. Les chrétiens formulent des critiques contre les fondements de l’Église universelle, ces critiques sont relayées par les narrateurs successifs de Mongo Beti, ses personnages non chrétiens et réactionnaires. Des réserves portées sur l’Écriture sainte, contre le comportement des missionnaires sont également le lot qui peint la catholicité sous son mauvais jour, raison de la désaffection des Africains.

Il est à retenir que « Seule la question relative au rapport de Mongo Beti à la foi n’a pu être élucidée. » p. 337, Mongo Beti puisant abondamment et presque de façon obsédante du matériau biblique pour construire les lieux, le programme narratif des personnages et leurs discours. L’étude pourrait aussi poser l’hypothèse de la chrétienté comme métaphore obsédante chez Mongo Beti, laquelle amènerait le chercheur à se nourrir de la psychocritique de Charles Mauron pour affiner les résultats les résultats probants auxquels il aboutit.

Néanmoins la plus grande certitude demeure ; personne n’a encore avec clarté déclarer la foi ou la non-foi de Mongo Beti.

Compte rendu d’un ouvrage culte sur l’auteur de Ville cruelle par Gaétan Guetchuechi.


Comment l’Intelligence artificielle permet de lutter contre le changement climatique ?

Alors que la planète continue de se réchauffer, les impacts du changement climatique s’aggravent. En 2016, il y a eu 772 événements météorologiques et catastrophes, soit trois fois plus qu’en 1980. 20% des espèces sont actuellement menacées d’extinction, et ce nombre pourrait atteindre 50% d’ici 2100[1]. Et même si tous les pays tiennent leurs engagements climatiques de Paris, d’ici 2100, il est probable que les températures moyennes mondiales seront 3˚C plus élevées qu’à l’époque préindustrielle. Mais nous disposons d’un nouvel outil pour mieux gérer les impacts du changement climatique et protéger la planète : l’intelligence artificielle (IA).

 C’est quoi l’intelligence artificielle ?

L’Intelligence artificielle est la science dont le but est de faire faire par une machine des tâches que l’homme accomplit en utilisant son intelligence. Elle vise à mimer le fonctionnement du cerveau humain, ou du moins sa logique lorsqu’il s’agit de prendre des décisions. Dans la pratique, cela consiste à mettre en œuvre un certain nombre de techniques visant à permettre aux machines d’imiter une forme d’intelligence réelle. L’IA se retrouve implémentée dans un nombre grandissant de domaines d’application dont celui de l’environnement avec le changement climatique.

Comment l’IA permet-elle de lutter contre le changement climatique ?

L’IA peut être appliquée dans la lutte contre le changement climatique et l’entrée dans la transition énergétique. Cela pourrait devenir un outil puissant pour mieux comprendre la mécanique du changement climatique et apporter des solutions pour y faire face. Par exemple, l’identification et la préservation de la biodiversité, la réparation des dommages causés, ou encore la modélisation de l’impact de l’Homme.

Grace aux techniques de l’IA, on peut créer une base de données comprenant la consommation électrique, les données de pollution de l’air, ou encore la pluviométrie et l’ensoleillement. L’utilisation de ces chiffres permettraient d’ajuster les besoins et donc la production en temps réel, et pourraient faire baisser les émissions polluantes.

L’IA rend possible l’analyse de grandes quantités de données pour cartographier le changement climatique, individualiser les soins de santé et l’apprentissage, prévoir les tendances en termes de consommation, rationaliser la consommation énergétique, la gestion des déchets, lutter contre le braconnage et la pêche illégale, etc. On peut s’en servir pour créer des cartographies des espèces vivantes, et de la déforestation, qui viseraient à la restauration des écosystèmes régionaux et globaux. Dans le secteur agricole, l’utilisation de données pourrait permettre d’automatiser les pratiques agricoles et l’irrigation ; réduire et mieux orienter l’utilisation des pesticides.

L’IA est donc l’un des meilleurs moyens pour répondre à la demande mondiale des différents marchés et des différentes industries d’abaisser leur empreinte carbone conformément aux objectifs mondiaux de lutte contre le réchauffement climatique[2]. En étant capable d’augmenter l’efficacité de toutes sortes de technologies, l’utilisation de l’IA va être fondamentale pour limiter le réchauffement de la planète. Elle va permettre des gains de productivité et d’efficacité énergétique. A ce propos, Jean François Gagné, PDG d’Element AI, déclarait : « L’utilisation de l’IA va être fondamentale dans notre habilité [à] augmenter l’efficacité de toutes sortes de technologies et réduire leur impact environnemental »[3].

Une solution innovante portée par les leaders mondiaux de l’industrie numérique.

Compte tenu de son besoin considérable en énergie, le secteur des TIC[4] reste une source nette d’émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Les centres de données utilisés pour alimenter les services numériques contribuent actuellement à hauteur d’environ à 2% des émissions mondiales de GES.  Les grandes entreprises numériques intensifient leurs efforts pour réduire leurs propres émissions de GES et décarboner l’économie mondiale dans son ensemble.

Plusieurs entreprises comme les GAFAM (Google, Amazon, Facebook Inc., Apple, Microsoft) joignent déjà le geste à la parole. Google[5] par exemple, dans sa volonté d’approfondir sa politique écoresponsable, a commencé à utiliser l’intelligence artificielle pour gérer ses centres de données, ce qui a réduit la consommation totale d’énergie des centres de 15% et réduit l’utilisation d’énergie pour le refroidissement des centres de données de 40%[6]. En effet, le coût écologique des centres de données est énorme. Une recherche sur Google équivaudrait à une ampoule électrique allumée pendant une heure.

Leur système d’intelligence artificielle DeepMind[7] utilise une technologie de réseau neuronal qui reproduit le système nerveux central humain grâce à des algorithmes élaborés. DeepMind dispose de nombreux paramètres qui pourraient être utilisés pour arriver à une baisse de la consommation : aux types d’énergies utilisées et à la prédiction de pics de demandes et d’offres dans le domaine de l’énergie, à la météo et aux besoins énergétiques d’une ville ou région.

S’inscrivant dans la même vision que DeepMind, de nombreuses initiatives et entreprises sont nées pour réduire la consommation d’énergie. C’est le cas par exemple d’Energiency[8] est une start-up qui développe des algorithmes permettant aux entreprises d’optimiser leur consommation d’énergie en analysant en temps réel les données issues de compteurs électriques connectés. Climate Change Challenge, a pour objectif de mobiliser l’intelligence collective et les données ouvertes pour produire des solutions contre le changement climatique.

De nombreux espoirs reposent sur l’IA[9] pour résoudre les effets dus au dérèglement climatique, mais ira t’elle assez vite ? Surtout lorsque l’on observe le boom économique des pays émergents comme la Chine, l’Inde et le Brésil, qui représentent à eux 3 environ 40% de la population mondiale.  Que se passera-t-il quand la Chine sera un pays développé à l’image des États-Unis ? Que se passera-t-il si les pays africains décident de tourner le dos aux énergies renouvelables pour accélérer leur développement technoscientifique ?

A cet effet, nous pensons fermement que la résolution des problèmes climatiques n’est pas qu’une question de politique, mais de survie de l’humanité. Le réchauffement du globe est la plus grande menace pour la sécurité mondiale. Il menace la paix, les villes et les milliards de personnes qui y résident. L’intelligence artificielle est l’une des solutions envisageables et concrètes pour nous aider à y parvenir.

 

Notes et références


[1] Joe Wiseman RENEE CHO, « Artificial Intelligence—A Game Changer for Climate Change and the Environment », State of the Planet (blog), 5 juin 2018, https://blogs.ei.columbia.edu/2018/06/05/artificial-intelligence-climate-environment/.

[2] RÉMI LONGUECHAUD, « L’IA contre le réchauffement climatique », Rémi Longuechaud (blog), 19 août 2017, https://remilonguechaud.fr/2017/08/19/lia-contre-rechauffement-climatique/.

[3] « L’intelligence artificielle, un moyen de lutte contre le réchauffement », La Presse, mai 2018, https://www.lapresse.ca/environnement/dossiers/changements-climatiques/201805/25/01-5183288-lintelligence-artificielle-un-moyen-de-lutte-contre-le-rechauffement.php.

[4] « Les TIC instruments de la lutte contre les changements climatiques | CCNUCC », consulté le 21 août 2018, https://unfccc.int/fr/news/les-tic-instruments-de-la-lutte-contre-les-changements-climatiques.

[5] « L’IA de Google lutte contre le réchauffement climatique », L’Atelier BNP Paribas, consulté le 21 août 2018, https://atelier.bnpparibas/smart-city/breve/l-ia-google-lutte-contre-rechauffement-climatique-1.

[6] « Intelligence artificielle : un bond vers le développement durable », Centre régional d’information des Nations Unies (UNRIC), consulté le 21 août 2018, https://www.unric.org/fr/actualite/4515-intelligence-artificielle-un-bond-vers-le-developpement-durable.

[7] Spécialisée dans l’intelligence artificielle et le Deep Learning, la société Deep Mind, rachetée en 2014 par Google, collabore avec les universités américaines afin de faire progresser la recherche en matière de réchauffement climatique.

[8] Arnaud Legrand, « L’intelligence artificielle bienveillante au service du climat », Libération.fr, 16 octobre 2015, https://www.liberation.fr/evenements-libe/2015/10/16/l-intelligence-artificielle-bienveillante-au-service-du-climat_1405276.

[9] Akhillé Aercke, « Comment l’intelligence artificielle peut se mettre au service de l’environnement | The Weather Channel », consulté le 21 août 2018, https://weather.com/fr-FR/france/news/news/2018-03-29-comment-intelligence-artificielle-au-service-environnement.


Les voitures-volantes : de la science-fiction devenue une réalité pour une meilleure mobilité urbaine.

Et si l’avenir du transport urbain se trouvait dans le ciel, comme dans Blade Runner ?

Apparue au début du dix-neuvième siècle, la science-fiction (SF) a accompagné les révolutions industrielles et technologiques, en repoussant les limites imaginaires de l’innovation[1]. Si Jules Verne fut un des pères fondateurs de la science-fiction, c’est un Américain d’origine luxembourgeoise, Hugo Gernsback, qui est souvent désigné comme l’inventeur du terme[2]. La SF présente souvent le futur de l’Humanité dans des récits parfois utilisés comme des éléments de prospective par les organisations, notamment dans les centres de R&D où on purge la SF de ses éventuels défauts. Le biologiste Miroslav Radman, co-auteur de Au-delà de nos limites biologiques voit la science-fiction comme « une simulation mentale du futur », qui permet « de se préparer émotivement et intellectuellement au changement[3] ». Elle annonce et accompagne les grandes tendances et révolutions économiques, politiques et technologiques. Et l’avènement des voitures-volantes, en est la confirmation.

Dans les années 50, lorsque naissait l’automobile, une vague d’excitation, d’engouement et d’enthousiasme avait secoué le monde. Malgré l’impact positif qu’a apporté l’automobile, on n’a pas tardé à se rendre compte de ses tares, notamment les bouchons ou la pollution de l’environnement. A partir des années 90, la littérature et le cinéma ont commencé à projeter des imaginaires où des voitures volantes révolutionnaient les transports, en passant de la saturation horizontale à une liberté verticale. Ce futur inspiré de la science-fiction a nourri les imaginaires et contribué à des innovation technologiques. On comprend donc pourquoi Albert Einstein déclarait jadis que : « L’imagination est plus importante que la connaissance. Car la connaissance est limitée, tandis que l’imagination englobe le monde entier, stimule le progrès, suscite l’évolution ». Cette évolution désormais contemporaine est portée par quelques entreprises majoritairement européennes et américaines comme Airbus, Uber, A3. Ces dernières ont développé des prototypes de voitures volantes qui sont déjà opérationnelles et certaines ont même entamé des services pour le privé. La suite de notre article présentera comment cela révolutionnera la mobilité urbaine et à moindre coût.

La voiture volante, une solution aux bouchons et à la congestion humaine

Imaginez-vous un instant englué, pendant 4 heures dans un embouteillage routier sous la canicule. Vous avez une réunion de haute importance à laquelle vous devez participer à l’autre bout de la ville. Ou alors, vous retournez tout simplement à votre domicile, après une longue journée épuisante au travail. La canicule, impitoyable vous mitraille et vous commencez à avoir l’impression que même la climatisation (si jamais il y’en a) de votre véhicule, ne parvient pas à étouffer la chaleur. Les concerts sonores et tintamarresques des klaxons de chauffeurs énervés et exaspérés, vous irritent et vous êtes sur le point de craquer. A cet instant, vous donneriez tout pour pouvoir sortir de cette situation, mais votre esprit vous rappelle que c’est « impossible ». Sous d’autres cieux pourtant, notamment au Nigéria où un politicien nigérian envoie un hélicoptère récupérer sa petite amie, l’actrice Régina Daniels, qui était coincée dans les bouchons pendant plusieurs heures sur l’axe routier Lagos – Benin.

Mais puisque vous n’êtes point milliardaires, vous pensez ne pouvoir vous offrir ce « luxe ». alors, détrompez-vous ! Car l’impossible est désormais possible. Ce qui était un luxe est désormais accessible grâce aux voitures volantes, lesquels vous donneront une plus grande liberté individuelle dans vos mouvements, vous permettant d’aller où vous voulez et quand vous le voulez. Comme le défend Rodin Lyasoff, directeur exécutif de A³ – satellite d’Airbus pour tout ce qui se veut innovant – dans sa présentation TEDx.  Dans cette dernière, il présente le modèle Vahana, un taxi volant électrique qui peut être commandé via une application dédiée et atterrir sur des vertiports[4] (vertical + port). Il s’agit là d’un modèle plus performant que le Lilium Jet, une autre voiture volante crée en 2017.

https://vimeo.com/221950605

Lors d’un test d’essai réalisé le 31 Janvier 2019, ce robot-taxi s’était envolé à environ 5 m de haut. Malgré cette performance réussie, il faudra tout de même attendre des perfectionnements et des changements législatifs pour la commercialisation de ce que d’aucuns considèrent comme « Le Uber du Futur ». Eric Allison, le responsable de la division Uber Elevate a d’ailleurs annoncé la commercialisation de ces taxi volants en 2023[5], à Los Angeles et à Dallas, deux grandes agglomérations américaines minées par les embouteillages.  Et le projet CityAirbus est également en cours d’affinage pour une variante manuellement pilotée.

Pourquoi utiliser des voitures volantes alors qu’il existe des hélicoptères ?

«Le coût, mais aussi le bruit. Le bruit de l’engin doit s’intégrer dans le bruit de fond de la ville», et cela nécessite une nouvelle technologie, notamment des hélices plus petites et une propulsion électrique », répond M. Thacker, responsable de l’innovation chez Bell. « Nous pensons pouvoir rendre ces appareils bien plus silencieux en redessinant les rotors ou en modifiant leur vitesse de rotation » ajoute Eric Allison, le responsable de la division Uber Elevate. En effet, rappelons qu’à São Paulo — où l’hélicoptère est utilisé depuis longtemps par les navetteurs brésiliens fortunés —, un service de taxi héliporté à bas tarif, Voom, avait déjà vu le jour, en juillet 2017.

Les avions n’auront bientôt plus le monopole du ciel. Ils devront cohabiter avec des nuées de modèles réduits : des aéronefs à décollage et atterrissage verticaux aux drones et applications commerciales dans la supervision, la livraison et même le transport de personnes, en plus de ceux des particuliers qui en ont une utilisation ludique. D’où la nécessité de réorganiser le ciel. C’est pourquoi les régulateurs planchent actuellement sur des réformes de leur sécurité aérienne dans de nombreux pays. Notre prochain article analysera plus en profondeur ces enjeux règlementaires, sécuritaires et environnementaux.

 

Notes et références


[1] Thomas Michaud, ‘La dimension imaginaire de l’innovation : l’influence de la science-fiction sur la construction du cyberespace’, Innovations n° 44, no. 2 (18 April 2014): 213–33.

[2] Gary Westfahl, Hugo Gernsback and the Century of Science Fiction, vol. 5 (McFarland, 2007).

[3] Le Point magazine, ‘La science-fiction, un divertissement qui est aussi outil de réflexion’, Le Point, 19 December 2012, https://www.lepoint.fr/culture/la-science-fiction-un-divertissement-qui-est-aussi-outil-de-reflexion-19-12-2012-1603981_3.php.

[4] Le Groupe ADP a annoncé un partenariat avec la RATP et Airbus pour le développement d’une solution agnostique capable d’accueillir différents types de taxis-volants. Il s’agit d’un vertiport à plateaux mobiles, se déplaçant et permettant donc d’embarquer ou de débarquer des voyageurs tout en accueillant d’autres véhicules en même temps. https://www.adp-i.com/fr/actualites-evenements/le-groupe-adp-va-concevoir-et-construire-des-vertiports-pour-accueillir-les

[5] Jérôme Marin, ‘« Dans dix ans, les taxis volants seront présents dans de nombreuses villes »’, Silicon 2.0, accessed 15 July 2019, https://siliconvalley.blog.lemonde.fr/2018/05/12/dans-dix-ans-les-taxis-volants-seront-presents-dans-de-nombreuses-villes/.